Dans son discours, il a présenté les actions conduites par l'intercommunalité, dressé la liste des grands projets, évoqué ses joies et ses regrets. A noter que cette rencontre a été moins "mouvementée" que celle de l'an dernier avec l'arrivée des Gilets jaunes...
Jean Claude Classique, accompagné de ses vice-présidents, présente ses vœux à l'assemblée |
« L’année qui s’ouvre est forcément une année particulière pour une bonne partie d’entre nous. Il n’aura échappé à personne qu’il s’agit d’une année d’élections ! A l’heure où le blues des maires fait la une de l’actualité, je salue la détermination de celles et ceux qui briguent un nouveau mandat.
Pour d’autres, l’année est tout aussi singulière car elle marquera la fin de leur engagement municipal et communautaire. Je parle bien sûr ici d’une fin volontaire ! Après un ou plusieurs mandats, certains d’entre nous ont fait le choix de mettre un terme à leur vie d’élu. Quels qu’ils soient, quels que soient le niveau et la durée de leur engagement, je veux ici les remercier pour le temps passé à servir notre territoire, nos communes et nos habitants. J’en parle d’autant plus facilement que je fais partie de ceux-là ! Cela fait désormais 42 ans que j’ai l’honneur et le plaisir d’occuper une fonction élective Vous me permettrez donc de vous faire partager mon regard sur l’évolution de notre statut au cours de ces années.
Etre élu local est une fonction exigeante. Outre la multiplicité de ses compétences et de ses responsabilités, le maire ou le président d’intercommunalité est contraint de s’adapter à un environnement législatif qui n’a cessé d’évoluer. La technicité juridique est croissante, le poids des normes enfle, les difficultés budgétaires sont nombreuses. Il y a parfois du découragement, ce qui explique peut-être que certains maires ne se représentent pas.
Mais être élu local, c’est aussi une fonction passionnante ! « La commune est l’école primaire de la démocratie » écrivait Tocqueville. C’est en effet à l’échelle de la commune que les citoyens s’associent pour répondre aux problématiques d’un territoire qu’ils partagent. Ensemble ils font des choix pour faciliter, accompagner et organiser la vie quotidienne des habitants.
Mais cet espace démocratique change d’échelle et se rapproche aujourd’hui des bassins de vie.
J’ai acquis au cours de ces années la conviction que le développement des communes ne se fait pas sans leur intercommunalité. L’une ne va pas sans l’autre. D’abord parce que certaines politiques ont du sens à être pensées à une échelle qui dépasse les frontières de la commune. Ensuite parce que la façon dont les habitants eux-mêmes vivent leur territoire s’affranchit des découpages administratifs. Enfin, parce que l’intercommunalité n’est pas une structure « à part » mais bien l’émanation de la solidarité entre communes, dans laquelle les maires et les élus locaux siègent, décident et agissent ensemble.
• Ensemble : « s’il est un mot qui symbolise ce que doit être l’esprit communautaire, c’est bien celui-ci »
En 2019, cet esprit a progressé avec la validation du transfert de la compétence « Plan Local d’Urbanisme ». Cette décision marque une étape importante dans la construction de la maturité de notre agglomération : elle donnera à nos successeurs une assise juridique solide pour bâtir ce document de référence de l’urbanisme intercommunal ; offrira un espace de dialogue entre l’agglomération, les communes et les habitants sur les politiques d’aménagement ; contribuera à requestionner le projet de territoire, pour l’actualiser ou le modifier si nécessaire et permettra de traduire nos documents cadres dans un outil prescription.
Elle fait de notre agglomération un territoire qui affirme sa volonté de construire collectivement son développement en le traduisant dans un document opérationnel, comme le font déjà les agglomérations de Cognac, Angoulême, La Rochelle, Poitiers ou Niort.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire : aucun autre document ne symbolise mieux que le PLUI l’esprit communautaire.
Faire progresser l’esprit communautaire, mettre de la cohérence dans nos politiques, rétablir la confiance, consolider la colonne vertébrale d’une agglomération encore jeune : voilà ce à quoi je me suis attaché au cours de ces quatre années passées à la présidence de l’agglomération.
Notre agglomération s’est construite sur la base des recompositions géographiques de 2012. Elle a donné naissance à un territoire pluriel, riche de ses diversités certes, mais qui ne se connaissait pas et qui a dû apprendre à travailler ensemble. Ensemble, nous avons oeuvré pour harmoniser nos politiques. Notre histoire est particulière, notre profil aussi : nous sommes une communauté de services. Nous n’avons ni à en rougir, ni à considérer que c’est immuable, ni à penser que services et développement sont forcément antagonistes. J’en veux pour preuve le fait que nous avons réussi à déplacer le curseur de notre action vers l’économie, sans pour autant renier nos compétences de proximité.
Pour cela, il a fallu travailler, arbitrer, faire des choix : revalorisation des bases minimum de CFE pour dégager des marges de manœuvre financières exclusivement dédiées à l’économie ; détermination à maintenir le cap d’une stratégie d’acquisitions foncières, en dépit des freins et des obstacles ; être parfois audacieux en confiant par exemple la gestion du Pôle Innovation à un chef d’entreprise ; explorer d’autres voies comme celle de l’Economie Sociale et Solidaire.
Ces quelques exemples marquent le renforcement de notre action en faveur d’une « agglomération Cette dynamique reste en partie conditionnée à la qualité de notre accessibilité ferroviaire en particulier avec Bordeaux. En 2020, des travaux auront lieu sur cette ligne. Il s’agira seulement de travaux de régénération. Or c’est bien l’amélioration globale de la performance de la ligne qui est nécessaire à notre développement.
Jean-Claude Classique (à droite) aux côtés de Pierre-Henri Jallais, vice-président de la CDA |
C’est ce que nous avons fait dans le domaine de l’habitat avec, par exemple, un PLH qui propose d’autres solutions d’accompagnement des propriétaires. C’est aussi le cas dans les transports avec un réseau revu ou dans le tourisme avec la refonte du statut de l’office.
Parfois, ce sont les contraintes ou les difficultés qui obligent à donner un autre cap aux politiques publiques. Face à la baisse de la démographie scolaire, notre agglomération s’est engagée dans un travail de mise en place d’un schéma éducatif intercommunal. Dans un autre domaine, elle a également harmonisé son schéma de collecte des déchets.
En 2020, des projets sur lesquels nous avons travaillé lors de ces dernières années vont se matérialiser.
Je pense à la crèche inter-entreprises dont les travaux ont débuté cet automne. Ce projet a été relancé en 2017 par notre communauté d’agglomération, avec le soutien de l’hôpital. Sa réalisation et sa gestion seront assurées par l’Union Départementale des Associations Familiales.
Je pense aussi au projet de mise en tourisme des aqueducs gallo-romains. Les premiers coups de pioche sont annoncés au printemps. Ce projet doit être considéré comme la première étape de notre volonté commune d’agir en faveur de la valorisation notre patrimoine gallo-romain.
Je pense ensuite au transfert du siège de la Communauté d’Agglomération dans les anciens locaux du Crédit Agricole, acquis pour l’euro symbolique. Au-delà de la nécessité d’améliorer les conditions d’accueil du public et de travail des agents, ce déménagement est aussi porteur de sens en raison de dimension emblématique pour la revitalisation du centre-ville. Les travaux démarrent ce trimestre.
La quasi-totalité des actions de l’agglomération inscrites au programme cœur de ville sont ainsi réalisées ou en cours de réalisation.
Il n’est pas facile de faire tenir dans un mandat de quatre ans ce qui est traditionnellement effectué en six. Alors, même si je suis heureux que les projets que je viens de citer sortent de terre, j’aurais aimé qu’ils puissent trouver leur concrétisation plus tôt.
Une nombreuse assistance réunie à l'Abbaye aux Dames |
Il y a d’abord les questions liées au transfert à l’agglomération de la compétence eau potable, assainissement et gestion des eaux pluviales urbaines. Les enjeux sont considérables. Pour le premier volet de la compétence, le principe de continuité sera assuré grâce à l’adhésion de la ville de Saintes à Eau 17. Mais pour la compétence « eaux pluviales urbaines », la gestion doit être effectuée directement par l’agglomération, comme le prévoit la loi. Ce qui implique un transfert de charges à la hauteur des chantiers à engager.
Nous préparons ce transfert depuis plus d’un an. Un bureau d’études nous accompagne. Avec une station d’épuration à refaire et l’importance des réseaux unitaires sur la ville, les travaux se chiffrent en dizaines de millions d’euros et doivent être pris en charge par le budget principal.
Mais ne nous mentons pas : ces investissements auront un coût pour les contribuables et les usagers de l’eau.
De chiffres, il en sera aussi question pour les nouvelles équipes avec la réforme de la fiscalité locale. Elle est source d’incertitudes et l’incertitude n’est jamais une bonne compagne pour qui veut planifier ses dépenses, ses recettes et ses politiques d’investissement.
A cette première incertitude s’en ajoute une autre : celle qui pèse sur la politique des déchets, soumise à la fois à l’augmentation de la TGAP, à la baisse programmée des capacités d’enfouissement et aux tensions des marchés mondiaux sur le prix des matériaux recyclés. Dans ce domaine aussi, l’équation entre prix et qualité du service ne sera pas facile à résoudre.
Plus que jamais, dans un contexte aussi incertain, les intercommunalités qui prendront pleinement leurs sens demain, celles qui exprimeront le mieux la solidarité territoriale sont celles qui auront su mettre en place un pacte de gouvernance et un pacte fiscal et financier.
En terme de gouvernance, des jalons ont été posés. Mais nous ne sommes pas parvenus à mettre sur pied un pacte financier et fiscal. C’est l’un de mes regrets. Aucun accord n’a été trouvé par le groupe de travail sur le sujet et lorsque nous avons relancé la démarche début 2019, trop peu de communes ont assisté aux réunions pour qu’elle aille au bout.
Mais ce pacte ne se construit pas seul. Sans la volonté des maires et des élus, sans la capacité à dépasser les logiques financières communales, il n’aboutira pas.
Le temps de réglage des intercommunalités issues des premières recompositions territoriales arrivent à son terme. Elles doivent désormais entrer dans une phase de maturité.
Je ne sais pas si j’ai aidé notre agglomération à grandir et il serait immodeste de l’affirmer. Ce que je sais par contre, c’est que ma démarche s’est toujours voulue la plus collégiale possible. Le président, quel qu’il soit, est un éphémère animateur, qui n’est rien sans le soutien et la solidarité de tous les membres. Je voudrais pour conclure exprimer ainsi ma gratitude à tous ceux et celles qui, à mes côtés, ont partagé ces responsabilités. Merci à mon équipe de vice-présidents, aux élus de notre agglomération, à nos partenaires et à tout le personnel de notre communauté ».
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