Madeleine Chapsal, écrivain et ancienne présidente de l'Académie de Saintonge (© Nicole Bertin) |
Regroupant plus de 1100 lots, ces ventes, qui se dérouleront sur trois jours à l’Abbaye aux Dames, sont un évènement exceptionnel, d'où une infrastructure et une organisation importantes.
• Vente jeudi 14 novembre à partir de 14 h 15
à l'Abbaye aux Dames
La famille Chapsal, au cœur de la rue Saint-Maur
Portraits de Fernand et Madeleine Chapsal |
La mère de Madeleine Chapsal, Marcelle Chaumont, était une figure de la haute couture parisienne qui avait ouvert sa propre maison Avenue George V. Son parcours est révélateur de son talent : principale collaboratrice de Madeleine Vionnet, elle valorise les fameux drapés. A la tête de sa propre affaire, elle recrute Pierre Cardin à ses tout débuts. Dans les années 50, elle crée la marque Juliette Berneuil.
Marcelle Chaumont était l’épouse de Robert Chapsal, fils de Fernand Chapsal qui fut maire de Saintes, sénateur et ministre. Robert, quant à lui, était conseiller d’ambassade. Dans son livre " 100 ans de ma vie" préfacé par sa fille Madeleine, il écrit : « Plus rien ne m’étonne car j’ai tout vu et son contraire. A mon âge, il ne reste que l’émerveillement ». Et Madeleine d’ajouter : « A la veille de son centième anniversaire, mon père se souvient de son siècle, un siècle au long cours, traversé en commis de l’Etat de haute volée. Il a dansé dans les boîtes de nuit de Buenos Aires, porté le fez à Istanbul, représenté la France à l’enterrement de l’impératrice Eugénie, emprunté le premier métro à Paris et failli rendre le dernier soupir dans la boue de Verdun. Avec, pour règles de vie, l’ignorance du regret et l’amour de ses filles. Enfin l’amour des femmes, sans lesquelles un homme n’est rien du tout »…
La maison de la rue Saint-Maur, achetée au XIXe siècle par Cyprien, principal de collège, abrite les souvenirs de quatre générations. Objets inanimés dont l’âme se déploie en ce lieu « habité ». Madeleine Chapsal pourrait faire sienne cette réflexion de Madeleine Vionnet : « L'important, c'est d'arriver à vivre et à travailler tel qu'on est, en pleine vérité, en somme à s'imposer, mais il faut qu'il y ait en soi de quoi le faire. Que de gens s'ignorent toute leur vie et courent après eux-mêmes. Il faut toujours se dépasser pour s'atteindre. Toujours lutter au fond, c'est passionnant. C''est la force de résistance qui soutient le mieux. Elle seule dépend de vous »...
Philippe Ravon, expert : « La maison de la rue Saint-Maur fait partie du patrimoine de notre ville et, avec Me Geoffroy, nous avons conscience de toucher à une page d’histoire des Saintais »
« Tout le monde connaît l’écrivain qui, au lieu de se confiner dans un cénacle parisien où elle a toute sa place, est restée fidèle à ses racines. Sa maison de Saintes abrite de nombreux souvenirs familiaux. Achetée en 1871 par son arrière-grand-père, elle fut le domicile de son grand-père Fernand Chapsal (1862-1939), sénateur puis ministre, maire de Saintes pendant vingt ans, puis de son père Robert Chapsal (1895-1983), conseiller d’ambassade, conseiller-maître à la Cour des Comptes et auteur d’une œuvre céramique très personnelle que nous présentons dans le catalogue.
Madeleine Chapsal a su modeler cet univers riche d’histoire et donner à chaque objet une place et une résonnance poétique pour enchanter son quotidien. Un autre aspect de l’artiste est son œuvre graphique représentée par de nombreuses compositions qui feront l’objet d’une prochaine vente. Cette maison contient aussi tout un fonds lié à la mode car Madeleine Chapsal est la fille de Marcelle Chaumont (1891-1990), personnalité de la haute couture française : Première d’atelier chez Jeanne Lanvin, principale collaboratrice de Madeleine Vionnet (marraine de M. Chapsal), elle crée sa propre maison de couture avenue Georges V en 1939. C’est elle qui engage le jeune Pierre Cardin pour son atelier. Des créations de Marcelle Chaumont sont visibles au musée Galliera et au Metropolitan de New-York.
La maison de la rue Saint-Maur fait partie du patrimoine de notre ville et, avec Maître Geoffroy, nous avons conscience de toucher à une page d’histoire des Saintais. Sa propriétaire a toujours ouvert sa porte aux personnes avec lesquelles elle pouvait partager ses diverses passions. C’est la protection du patrimoine qui nous a liés. Madeleine m’a apporté un soutien sans faille lorsqu’il s’agissait de résister à la fermeture d’un musée ou à la destruction d’un bâtiment historique. Ces quelques lignes ne permettent pas d’évoquer tous les liens tissés avec la ville de Saintes au fil du temps, des Marchés Romanesques à l’Académie de Saintonge ; chaque Saintais a sa propre histoire personnelle avec l’écrivain. La vie de Madeleine Chapsal a été jalonnée de maisons, comme autant d’étapes qu’elle a marquées de son empreinte. Ce qui caractérise le mieux cette femme hors du commun, c’est la modernité qu’elle exprime une nouvelle fois en réalisant de nouveaux projets de vie et de décoration dans une maison qu’elle aime au Pouliguen ».
La maison de la rue Saint-Maur a accueilli quatre générations de la famille Chapsal |
• Vente vendredi 15 novembre à 11 h et 14 h 15
à l'Abbaye aux Dames
André Maudet (1903-1996) : « Humaniste cultivé et tolérant, il s’est attaché à la culture charentaise »
Me André Maudet |
Brillant et précoce, bachelier à 15 ans, avocat à 20 ans, docteur en droit à 23 ans, il n’a de cesse de s’engager pour défendre le respect des libertés individuelles, étant à la fois témoin et acteur des plus grands événements sociaux et politiques du XXe siècle. Plus jeune avocat de France, il adhère, deux ans après son inscription au barreau de Saintes, à la Ligue des droits de l’homme dont il devient président départemental en 1932.
Parallèlement, il s’engage dans une longue carrière politique en tant que conseiller d’arrondissement (de 1937 à 1976), il succède à ce poste à Fernand Chapsal et devient conseiller municipal en 1938. La guerre l’envoie en Alsace avec le grade d’officier de réserve ou il fait la connaissance du colonel de Gaulle. À la débâcle, il revient à Saintes en août 40, refuse de prêter serment au régime de Vichy, démissionne de son poste de juge de paix suppléant et quitte le Conseil municipal. Entré dans la résistance et la clandestinité, il est arrêté le 10 juin 1944 et envoyé en déportation en Allemagne et en Tchécoslovaquie. Il retrouve Saintes le 19 mai 1945 et en devient maire le 7 juillet, puis député à l’Assemblée Nationale Constituante le 21 octobre. C’est là qu’il se lie d’amitié avec François Mitterrand.
Il est réélu maire de Saintes en 1947, 1953, 1959, 1965. Dès l’après-guerre, il transforme la ville en créant de nouvelles infrastructures : école, collège, lycée, immeubles collectifs, équipements sportifs, rénovation de l’hôpital, Pont de Saintonge.
Attentif à sa cité et à ses concitoyens, Me André Maudet n’a jamais négligé son métier d’avocat. Plaidant de nombreuses causes considérées comme sensibles au regard des événements politiques du moment, il a été élu à deux reprises bâtonnier de l’ordre des avocats de Saintes.
Fidèle à sa ville et à son quartier de la rive droite, il a préféré rester en Saintonge plutôt que de poursuivre une carrière nationale. Humaniste cultivé et tolérant, il s’est attaché à la culture charentaise et a constitué un important fond d’archives qui ont été données en grande partie aux Archives départementales de la Rochelle.
Les collections de gravures anciennes régionales, de faïences, de toiles imprimées et autres meubles régionaux sont proposés à cette vente aux enchères publiques pour faire le bonheur de nouveaux collectionneurs ».
Laurence et Alain Roudet
La maison du bâtonnier Maudet avenue Gambetta à Saintes |
Samedi 16 novembre à 14 heures 15
Dessins et gravures - Peintures anciennes et XIXe siècle - Peintres régionaux - Bijoux - Collection de hochets - Extrême-Orient - Objets d’art - Art africain
• Vente de l’atelier de Jean-Gabriel Chauvin (1889-1976)
Lots 812 à 820
Né à Rochefort sur Mer en 1889, il part à Paris en 1908, s’inscrit à l’école des Beaux-Arts puis dans l’atelier de Joseph Bernard. Sculpteur abstrait, il manie le fusain dans ses nombreux dessins préparatoires avec une très rare virtuosité. Il reçoit une commande d’état pour l’exposition de 1937. Il travaille l’hiver dans son atelier de Malakoff et termine ses œuvres aux beaux jours dans sa maison de Port-des-Barques. Cette maison se composait de deux pièces, l’une pour dormir, l’autre pour travailler, les repas étant préparés à la cave. Il disait que ce lieu était uniquement utilisé pour réaliser son œuvre et que l’on ne l’avait jamais vu à la pêche ou sur la plage.
J.G. Chauvin connaît le succès avec une rétrospective à la galerie Maeght en 1949, puis expose à la Biennale de Venise en 1954 ; en 1962, il y représente la France avec une cinquantaine d’oeuvres. La même année, lors d’une exposition à la Galerie de l’Élysée, le collectionneur Alex Maguy lui achète une soixantaine d’œuvres. En 1976, une exposition monographique lui est consacrée à la Galerie du Cerceau.
(Bibliographie : Paul Mas, Chauvin sculpteur, éd. Gourcuff-Gradenigo, 2007 ; J.-B. Papi in Bulletin de la Saintonge Littéraire, 2009 ; Christian Zervos : Chauvin. Ed. Cahiers d’art, 1960).
Catalogue complet sur internet : interencheres17003 / Drouot Digital
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