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mardi 11 juin 2019

Saintes : le mystérieux souterrain de la Maison Audiat

Non loin de l'amphithéâtre de Saintes, l'ancienne Maison Audiat (érudit saintais du XIXe siècle) était ouverte au public dimanche dernier à l'occasion des rendez-vous aux jardins. Elle abrite un souterrain gallo-romain dont la maçonnerie est restée intacte...

La maison Audiat
Selon les recherches effectuées au fil des siècles, ce souterrain situé sur la pente nord du vallon proche du remblai Reverseaux, a souvent été cité et exploré. Letelié le décrit : « il coupe l’arc de cercle que dessine la maison Audiat et traverse le mur de soutènement au niveau de la rue Audiat ». Des hypothèses ont placé le début de ce souterrain sur la colline de l‘ancien hôpital tandis que le géographe Claude Masse, sous Louis XIV, pense qu’il s‘agit d’un bout de l’aqueduc.

Maçonneries intactes (© Nicole Bertin)
La Sauvagère voit en cette construction un moyen d’alimenter en eau les arènes lors de batailles navales (naumachies), spectacles appréciés du public. L’historien Bourignon souligne « qu’il est possible d’accéder à ce souterrain par un effondrement au dessus du coteau des arènes et le visiter sur 40 mètres de longueur ». L’abbé Lacurie en parle également, de même que les érudits du XIXe siècle que sont Charles Dangibeaud et Louis Audiat.
Aujourd’hui, le mystère n’a pas vraiment été éclairci (sauf que la maçonnerie romaine a traversé le temps, comme le montrent les photos). De nouvelles fouilles apporteraient-elles une réponse ?

Cheminées "fermées" (© Nicole Bertin)
Un puits ?
De nombreuses interrogations et des époques successives...
• Louis Audiat (1833-1903) 

Il fut, entre autres, professeur de rhétorique et bibliothécaire-archiviste de Saintes. Valorisant la revue de l’Aunis et de la Saintonge, on lui doit de nombreuses recherches sur l’histoire de la ville.

• Personnalité saintaise : François Marie Bourignon

D’après la biographie de l’abbé Pierre-Damien Rainguet, on apprend qu’il est né à Saintes, en 1752, d’une famille d’artisans, s’appliquant dès sa jeunesse à l’étude des antiquités que favorisait si bien sa ville natale par les nombreux monuments gallo-romains qu’elle possédait alors. 

Bourignon ne tarda pas cependant à comprendre que, dépourvu de fortune, il lui importait de chercher un emploi plus lucratif que celui d’antiquaire.
Il se rendit à Paris pour y étudier la chirurgie. L’amour de la poésie l’emporta, et il s’appliqua, de concert avec quelques vaudevillistes, à la composition de petites pièces de théâtre qui lui assurèrent des triomphes faciles, mais sans beaucoup de profit.
Bientôt il rentra dans sa patrie sans avoir pris le temps de cultiver l’art de guérir, et se livra de nouveau à des recherches sur les antiquités de Saintes et des lieux environnants. Il établit, dans sa ville, un petit journal hebdomadaire intitulé : Affiches de Saintonge et d’Angoumois, qu’il sut rendre intéressant en y mêlant des articles scientifiques et littéraires. Plusieurs abonnés répondirent à son appel. La Révolution française étant survenue, Bourignon en embrassa les principes avec chaleur. Il fut nommé lieutenant-colonel de la garde nationale ; son journal devint dès lors l’écho des plus violentes déclamations républicaines.
Emporté par une ardeur peu commune, il parcourut les campagnes pour y prêcher les doctrines révolutionnaires, et il compromit, dans ces exercices forcés, sa frêle santé d’homme de lettres. On assure, de plus, que les mauvais traitements qu’il éprouva dans une localité, de la part de personnes opposantes et attachées à l’ancien ordre de choses, ne contribuèrent pas peu à son état maladif. Bourignon mourut au commencement de l’année 1793, victime de son enthousiasme démocratique.

« Qu’aurait dit Bourignon, s’il eût prévu qu’un demi-siècle après ses importants travaux sur les antiquités saintongeaises, son pays eût détruit ou laissé détruire l’arc de triomphe de Germanicus, qu’il avait étudié avec tant de soin et dont il nous a conservé la double inscription dans son ouvrage ? Quels blâmes sévères n’eût-il point infligé aux projets barbares de ses concitoyens, et dont le plus inexplicable consiste à relever, au XIXe siècle, avec d’anciennes et de nouvelles pierres, un monument du Ier siècle ? Comme si l’on pouvait improviser des antiquités ! Vrais jalons de l’histoire, les monuments ne doivent-ils pas, pour parler à l’esprit des hommes, être contemporains des faits historiques qu’ils rappellent ? »
• Source : Biographie saintongeaise - Pierre-Damien Rainguet - Paris - 1831

Quel dommage que ce pont, dont l'arc marquait l'entrée, n'ait pas été conservé...

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