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jeudi 7 mars 2019

"Saintes, ville romaine de la Nouvelle-Aquitaine", proposition de l’Observatoire du Patrimoine Saintongeais


C’est l’un des axes de communication présentés par l’Observatoire du Patrimoine Saintongeais (qui réunit la Société archéologique, Médiactions et les Amis des Musées) pour que Saintes se forge une véritable identité touristique et patrimoniale. Le "capital" romain dont elle dispose serait à valoriser par un musée construit sur le promontoire historique, le fameux site Saint-Louis.

Guy Puyastier, Michelle Le Brozec, présidente de la Société archéologique, Cécile Trébuchet présidente de Médiactions (en l'absence de Philippe Ravon, les Amis des Musées étaient représentés par Philippe Bellivier)
Depuis que Michel Baron a marqué la ville d’un sceau musical par la renaissance de l’Abbaye-aux-Dames (inaugurée par le président Mitterrand en personne), les maires successifs n’ont pas réussi à donner à Saintes l’envol qu’elle mérite. Bernadette Schmitt s’est attachée à la place Bassompierre ; Jean Rouger a planché sur le devenir du site Saint-Louis avant de privilégier la création de la Communauté d'Agglomération et Jean-Philippe Machon s’apprête à vendre une partie du site Saint-Louis précisément à un groupe privé, Linkcity.
Et si on revenait aux fondamentaux de Mediolanum, la cité antique ? C’est la piste que privilégie l’Observatoire du Patrimoine Saintongeais réuni l’autre vendredi salle Saintonge, en présence d’une nombreuse assistance.

La vente du site Saint-Louis par la mairie à Linkcity inquiète les trois associations de l’OPS. La première « fusée de détresse » a été lancée par Médiactions quand le maire, Jean-Philippe Machon, a annoncé l’installation de gradins en bois dans l’amphithéâtre afin d‘y accueillir un large public. La mairie a revu ses ambitions puisque l’édifice, bâti au premier siècle de notre ère, doit être conforté avant tout autre initiative. L’OPS s’intéresse depuis au site Saint-Louis, tout comme le Club citoyen cher à Jean-François Saunoi ou encore l’association ACMS que préside Jean-Michel Méchain, le premier à avoir tiré la sonnette d’alarme sur le sujet.

Une nombreuse assistance

Pour mémoire, rappelons que le site Saint-Louis, qui accueillait dans un passé récent les structures de l’hôpital, a été racheté par la mairie (Bernadette Schmitt) au prix de 4,2 millions d’euros. Que faire de ces hectares idéalement situés ? Jean-Philipe Machon, actuel maire de Saintes, a trouvé une idée : céder une partie du site, pour 1,2 million d’euros, à une filiale de Bouygues chargée des aménagements. Le compromis de vente, signé le 12 mars prochain, entérinera cette décision. Les principaux opposants à cette opération ont déposé des recours qui pourraient entraîner l’annulation de la vente. « Notre but est de modifier un projet qui amputera les Saintais d’une partie de leur patrimoine »  souligne Guy Puyastier qui déplore le manque de transparence de la municipalité. Le ton est donné.

« Aucune ville romaine de l’actuelle Nouvelle-Aquitaine ne possède autant de vestiges »

Pourquoi l’OPS se mobilise-t-il pour le site Saint-Louis ? Tout simplement parce que ce point culminant de la ville est habité depuis la haute antiquité, l’époque la plus importante étant romaine quand Mediolanum était capitale. Des monuments attestent de sa grandeur aux premiers siècles, amphithéâtre, arc de Germanicus, thermes, rempart, aqueduc, sans compter les vestiges qui ont été mis au jour lors de fouilles. « Les Saintais sont fiers de leur histoire. Aucune ville romaine de l’actuelle Nouvelle-Aquitaine ne possède autant de témoignages » souligne Cécile Trébuchet. Ce que nous appelons aujourd’hui « site Saint-Louis » était le lieu de pouvoir de Mediolanum comprenant forum et temples. Que les générations suivantes l’aient choisi pour y installer leurs centres décisionnaires (château, logis du Gouverneur) n’a rien d’étonnant. Est venue s’y ajouter la fonction hospitalière. Elle a cessé dans les années 2000 quand le nouvel hôpital s’est installé hors les murs.

Aujourd’hui, Saintes, riche de nombreux atouts, veut retrouver son statut de capitale de la Saintonge. En 2014, lors de la campagne électorale, Jean-Philippe Machon avait annoncé la création d’un romanoscope. Actuellement, il est bien question d’un musée, mais à proximité des arènes, dans la cuvette.

Situation qui fait réagir l’OPS, de même que la vente du site Saint-Louis. Que Linkcity ait carte blanche dérange certains Saintais : « dans ces conditions, la ville ne sera plus apte à faire valoir son point de vue dans le périmètre devenu privé. Elle ne sera concernée que par la consolation de la falaise et l’aménagement du belvédère » remarque Guy Puyastier. Autrement dit, les Saintais s’y sentiront-ils encore chez eux ? Sont annoncés des logements haut de gamme, une résidence pour seniors, la création d’un hôtel, d’un restaurant dans l’église du XIXe siècle, des logements à prix modérés, une maison de santé, une supérette, un parking souterrain, un point « tourisme », etc.

Que fait la Ville, que fait Linkcity ?
 Construire un musée sur le site Saint-Louis

L’OPS craint que le projet de Linkcity ne prive Saintes de vraies fouilles archéologiques. Celles devant être effectuées ne seront que superficielles : « Le sous-sol est un réservoir archéologique d’intérêt majeur, pouvant aussi faire le lien entre la présentation aux visiteurs de la collection lapidaire entreposée actuellement sur des palettes à la Trocante et tout ce qu’il reste encore à découvrir ». Autrement dit, on risque de faire fi du passé sans concertation réelle avec la population, ni d’analyses solides, culturelles et touristiques.
Pour l’Observatoire, la construction d’un musée sur le site Saint-Louis n’a rien de passéiste. Au contraire, cette structure entrerait de plain pied dans l’image romaine de la ville et favoriserait son économie. « Il s’agit d’une véritable stratégie de communication » estime Cécile Trébuchet. Guide conférencière, elle regrette que Saintes n’ait pas davantage valorisé ses monuments romains pour en faire une entité principale : « les églises romanes et gothiques ne constituent pas une exception dans la région. Par contre, les vestiges de Mediolanum le sont. C’est un atout majeur. Qu’on se dise, en choisissant la destination de Saintes, je visite une ancienne capitale de la Gaule romaine, j’en découvre non seulement l’histoire mais j’approfondis mes connaissances sur cette période. Il faut faire de Saintes, cité romaine, le grand rendez-vous de la Nouvelle-Aquitaine et pour cela, un musée qui présentera les collections est nécessaire » insiste-t-elle. Un musée dont le projet scientifique sera à définir ainsi que la muséographie.

Lieux à fouiller sur le site Saint-Louis
Echange avec Simone Terville, ancienne adjointe de B. Schmitt
La synthèse présentée par l’OPS est argumentée, « fruit d’un long travail de réflexion » déclare Michelle le Brozec. Une conversation s’engage sur l’avenir des musées, Dupuy Mestreau, Echevinage, Archéologique et le fonds ancien, toujours fermé. Pour Simone Terville, adjointe à la culture durant le mandat Schmitt, cette démarche de valorisation ne date pas d’aujourd’hui : « moi-même me suis battue dans cette perspective. Tout projet doit faire rêver » dit-elle. Sur le prix d’achat du site Saint-Louis par la mairie, elle rappelle que le montant a volontairement été majoré « en soutien au nouvel hôpital ». Par ailleurs, le projet de l’OPS relèverait plus, de par son envergure, de la CDA (compétence tourisme) que de la seule municipalité.

Les propositions de l'Observatoire
L'intervention du professeur Maurin
La construction d’un nouveau musée archéologique avait été envisagée par Michel Baron sur la place Bassompierre (une maquette est encore visible dans le grenier de la mairie). Elle avait été abandonnée et heureusement car lors des grandes crues, le bâtiment aurait sûrement eu les pieds dans l’eau, comme le rappelle l’historien Louis Maurin.
Pour Jean-François Saunoi, la mairie va se séparer d’un bien public pour le confier à un groupe extérieur. Un acte qu’il ne peut cautionner comme l’OPS.
Affaire à suivre…

Le devenir du site Saint-Louis et de Saintes selon l'OPS
• Certains se sont inquiétés de l’état du camping de Saintes. Un sujet qui mérite d’être abordé…

• La friche du site Saint-Louis de Saintes est devenue, au fil des années, une véritable plaie dans la ville. Belvédère aux impressionnantes capacités d’usages touristiques et résidentiels, Saint-Louis, idéalement situé en traverse et jonction des deux rives, est attendu par les habitants comme la solution au vieillissement des offres culturelles de la ville.

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