Mardi dernier salle Saintonge, les commerçants étaient invités à une réunion d’information concernant le projet du site Saint-Louis. L’occasion d’exprimer leurs avis sur cet aménagement. Il en ressort de la prudence…
Anciennement occupé par l’hôpital de Saintes, le site Saint-Louis est devenu une friche au fil des ans. Jean Rouger a été le premier à y lancer un projet d’aménagement, suivi par Jean-Philippe Machon devenu maire en 2014. Le lieu étant stratégique, le premier magistrat veut en faire un nouveau quartier avec des logements, un hôtel, un restaurant, des commerces, une maison de santé, une résidence pour seniors. Pour conduire à bien cette ambition, une filiale de Bouygues, Linkcity, a été retenue.
Certains Saintais voient d’un mauvais œil la cession de cet emplacement privilégié qui tombera en grande partie dans le domaine privé, à l’exception d’espaces rétrocédés par l’acquéreur. Le prix de vente semble également peu élevé (1,2 million d’euros). D’où des grincements de dents et deux recours, l’un déposé par l’opposition municipale, l’autre par une association de citoyens.
Et les commerçants dans tout ça ? Une réunion avait lieu dernièrement à leur intention, faisant suite à des rencontres avec la population, dont l'une organisée dans le Hall Mendès France.
« Le pari qui est fait est d’ouvrir Saintes au monde »
Dans un premier temps, a lieu la présentation du projet en présence de Liliane Arnaud, adjointe, Wolfgang Autexier, chargé par la Ville du projet, et des intervenantes du cabinet Neorama.
Le renouveau du site Saint-Louis accompagne l’action Cœur de Ville qui se déroule sur Saintes. Elle s’articule autour de plusieurs axes, l’amélioration de l'habitat, le développement économique et commercial, la valorisation du patrimoine. Le site Saint-Louis comprend des sous-projets dont l’aménagement de la friche hospitalière, du belvédère, des rues situées à proximité, la place de 11 Novembre, le cours Reverseaux et la gare routière appelée à changer d’emplacement (il y sera construit des logements et parkings), sans oublier la consolidation indispensable de la falaise. Un ascenseur sera créé qui reliera la ville basse au promontoire.
Les commerçants, réunis en deux tables, se posent des questions. La majorité estime que le lieu doit être ouvert à tous et la jeunesse présente dans le dispositif. Certains s’inquiètent de la privatisation des parcelles (un parking souterrain de 110 places payantes est dans les cartons). La création d’un nouvel hôtel (70 chambres 4 étoiles) ne risque-t-elle pas de déséquilibrer le marché existant quand le taux annuel d’occupation est de 55% sur la cité ? De même que l’implantation de nouveaux commerces. « Le secteur hôtelier est déjà en difficulté. Ajouter 70 chambres fera disparaître des établissements » souligne une participante.
La mairie pense le contraire : « notre objectif est d’attirer plus de touristes sur Saintes dans les trois ou quatre ans à venir ». Elle mise en particulier sur la clientèle chinoise qui visite Bordeaux et Cognac. Saintes ferait alors partie du circuit. Liliane Arnaud explique que les Tours-Operateurs exigent des standards de haute référence. Et rien n’empêchera les autres voyagistes de cibler une clientèle différente. « Le pari qui est fait est d’ouvrir Saintes au monde par le tourisme. Il y a de la place pour tout le monde » dit-elle.
Un certain scepticisme règne dans les rangs où l’on voudrait bien consulter l’étude de marché qui a conduit à cette annonce. Pour le président de Saintes Shopping, Claude Le Berre, « pourquoi ne pas cibler un hôtel 5 étoiles dans ces conditions ? ». Apparemment, celui qui vient d'ouvrir à Bordeaux aurait des problèmes de remplissage. Pour Marie Veillon, le site Saint-Louis pourrait devenir « une merveille » à condition de bien l’agencer. L’idée d’y implanter un musée revient dans les conversations. Une telle structure renforcerait l'attractivité du centre ville avec des animations diverses et variées, théâtre, concerts, archéologie, etc.
Lors de la synthèse, les commerçants émettent des réserves. Ils craignent, en effet, que le projet Saint-Louis ne vienne affaiblir, par la concurrence accrue, une ville confrontée à des galères. Ils sont favorables à une valorisation dédiée à la culture et l’histoire puisque le site est habité depuis l’Antiquité : « vous voulez en faire un endroit fermé où les gens vont rester entre eux. Ce projet n’est pas convaincant et que restera-t-il des vestiges, gallo-romains et médiévaux, que le sous-sol abrite ? ».
Pour la mairie, ce quartier rénové apportera un regain de vie. Pour l’instant, le compromis de vente n’est pas signé, mais le principe est acté. Il en sera sûrement question lors du prochain conseil municipal, le 6 février prochain.
Mais pourquoi donc les chinois qui adorent le Cognac et les vins de Bordeaux passeraient-ils au moins une nuit à Saintes au-dessus d'anciennes nécropoles, eux qui ont la grande muraille pour admirer un tout petit bout de rempart ? Idem pour les autres touristes étrangers ? Et les français qui n'aiment pas que les histoires, mais aussi la petite histoire, en l'occurrence hédoniste du plus beau ruisseau du royaume selon François 1er ? Pour cela, il nous faut un grand espace muséal qui retrace les 2000 ans et plus de notre Histoire avec tous les vestiges que nous pourrions exposer, à commencer par ceux laissés par les envahisseurs romains et l'épopée de nos braves gaulois, enfin ceux qui n'ont pas été trahis à cause de règlements de comptes en Suisse ? Seulement alors, nous pourrions faire appel à nos hôteliers et restaurateurs locaux pour adapter une offre ORIGINALE à une nouvelle étape sur un chemin allant de Cognac à... Rochefort avec une clientèle nouvelle. Additionnée aux chemins jacquaires, à la flow vélo, etc, cette offre attirera réellement de nouveaux pèlerins. Merci ;-)
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