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mardi 4 décembre 2018

Les annonces d'Edouard Philippe, Premier ministre : les Gilets jaunes "écopent" de six mois de sursis !

Depuis le 17 novembre, le Gouvernement est confronté au mouvement des gilets jaunes. Une contestation inattendue et pourtant prévisible venant de la base qui enfle au fil des semaines. Le Président de la République a découvert "les fameuses classes moyennes et laborieuses" soucieuses de leur pouvoir d'achat. Pas assez riches pour fréquenter les salons dorés, pas assez avisées pour appartenir à des groupes puissants, pas assez influentes pour figurer dans les annuaires des grands cercles. Un retour aux sources et une confrontation nécessaires quand on gouverne au plus haut sommet de l'Etat. De Gaulle, qui eût à subir mai 1968, l'avait bien compris quand il parlait de "crise de société". 
Mardi matin, les annonces faites par le Premier Ministre, Edouard Philippe, ont-elles été suffisantes pour éteindre le foyer ? Il est permis d'en douter.

La liberté guidant les gilets jaunes (montage JLD, Terra Incognita)
D'abord, une espérance, que Paris, la capitale romantique prisée des touristes, ne soit pas la proie des casseurs samedi prochain ! Trop de scènes violentes entre forces de l'ordre, casseurs et gilets jaunes, c'est-à dire entre Français, et d'outrages sur les monuments qui honorent notre histoire commune. « Ce ne sont pas les gilets jaunes qui ont dégradé l'Arc-de-Triomphe » clament les phalanges modérées du mouvement qui pointent du doigt des groupes extérieurs, organisés dans l'art de la guérilla urbaine, avides de faire le buzz et dévaliser les magasins.

Pour calmer la situation, après avoir entendu les forces vives du pays (parlementaires, responsables des partis politiques, partenaires sociaux, associations, etc), Edouard Philippe, Premier ministre, a fait mardi des annonces censées ramener la "Pax Francia". Solennel, il a déclaré comprendre la colère des Français : « il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas l'entendre et la voir. J'en mesure la réalité, la force et la gravité ». Les députés de la République en Marche également : depuis des semaines, face aux doléances des gilets jaunes, ils remontent les informations du terrain.

Edouard Philippe s'est adressé aux citoyens qui sont face au mur, aux femmes qui élèvent seules leurs enfants, à tous ceux qui veulent vivre dignement de leur travail. S'ils aiment leur pays, les gilets jaunes attendent des baisses d'impôts significatives. Certes, le Gouvernement a réduit la taxe d'habitation pour les foyers modestes (pour les autres, elle a augmenté !), et instauré des diminutions (cotisations salariales, prime d'activité) : « notre objectif est que le travail paye ». Répondant aux attentes, il a annoncé la suspension de trois mesures fiscales : la taxe carbone, l'alignement diesel-essence et gas-oil non routier. Pour six mois seulement « le temps d'identifier les dispositions qui pourront être mises en place ». Au 1er janvier 2019, les nouvelles taxes sur les carburants ne seront donc pas opérationnelles.
Idem pour le "nouveau" contrôle technique. Ces modalités, concernant des véhicules anciens, allaient précipiter certains propriétaires, incapables de financer des voitures neuves, dans des situations difficiles. Si les hauts fonctionnaires sortant de l'ENA ignorent la détresse des plus démunis, c'est à désespérer de la compréhension des élites envers les plus faibles...
Les prix du gaz et de l'électricité seront bloqués durant l'hiver 2018/2019. Edouard Philippe va instaurer un vrai dialogue (comprenant la transition écologique) dans les territoires, ville et campagne (celle-ci souffrant de la fermeture de services publics). Un vœu : que ces réunions soient ouvertes au plus grand nombre, y compris à ceux qui ne s'expriment pas généralement et dont les avis sont importants.
Parmi les questions qui seront abordées, figure la fiscalité publique : « nous avons un système complexe et une modification est à apporter pour une plus grande transparence ». Pour réduire les impôts et taxes, freiner la dépense publique s'avère nécessaire. Sur ce chapitre, il y a des pistes à explorer, à commencer par le train de vie de l'Etat, la France devant s'inspirer de sa voisine l'Allemagne.
Des concertations auront lieu du 12 décembre 2018 au 1er mars 2019, devant déboucher sur « des actions concrètes ». C'est maintenant le temps du dialogue...

De nombreux gilets jaunes ont regretté que ces annonces arrivent tardivement. La plupart ont déclaré qu'ils poursuivraient le mouvement : « six mois sans taxes, ce n'est rien. On les remettra en juillet au moment des vacances, c'est une tactique connue ! ». La balle est dans le camp du Gouvernement. Le fait de ne pas voir Emmanuel Macron sur le devant de la scène est également une énigme, à moins qu'il se réserve à des apparitions jupitériennes, comme les dieux de la mythologie.
La France est un peuple connu pour ses humeurs. Le mouvement des gilets jaunes a mis du temps à se mettre en marche et il aurait pu se calmer s'il avait été entendu dès le départ. Comment l'arrêter désormais, voilà bien la question ?

Edouard Philippe, Premier Ministre

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