Bien qu'agréables, les perspectives d'aménagement, confiées au cabinet d'architecture Christophe Bidaud (Linkcity CBA Architecture, siège à Rouen), montrent des formes habituelles par les temps qui courent, c'est-à-dire très "cubes" et sans grande originalité comme le souligne à juste titre le site Médiactions. Afin de rendre hommage à ce lieu occupé par le forum de Mediolanum, pourquoi ne pas avoir imaginé des lignes faisant un clin d'œil à l'antique avec fronton et colonnes sur certains édifices (hormis le logis du gouverneur et l'église !) ? Voilà qui aurait pu réconcilier les deux camps...
Pour mémoire, nous rappelons le projet retenu par l'équipe de Jean Rouger en 2011. Une bonne occasion de faire des comparaisons. Projet qui, rappelons-le, n'avait fait l'objet d'aucune contestation...
• Le nouveau projet du cabinet d'architecture Christophe Bidaud (Rouen)
Vue générale du promontoire (capture image cabinet d'architecture Christophe Bidaud) |
L'entrée au nouveau quartier côté place (capture image cabinet d'architecture Christophe Bidaud) |
Sur l'esplanade côté entrée (capture image le cabinet d'architecture Christophe Bidaud) |
Un ascenseur est prévu pour relier ville basse et ville haute |
Le logis du Gouverneur transformé en hôtel de standing (capture image cabinet d'architecture Christophe Bidaud) |
... ainsi que la chapelle construite au XIXe siècle |
Seront également aménagés un EHPAD et des logements (à droite l'entrée des anciennes Urgences de l'hôpital) |
Le site Saint Louis réaménagé |
Les architectes parisiens retenus par la ville de Saintes pour valoriser le site Saint-Louis sont « jeunes et dynamiques », selon la formule. Matthieu Wotling et Anne-Lise Bideaud affichent une trentaine entreprenante ! Loin de se perdre dans la complexité de la ville historique, ils ont au contraire recherché les "connexités" qui la caractérisent.
Cette aventure professionnelle méritait le détour. Imaginez une agglomération qui s’étire vers le fleuve Charente et dont le promontoire était, jusqu’alors, occupé par un centre hospitalier. Qui aurait eu l’idée de bousculer cet établissement haut perché, fût-il construit sur les bases de l’oppidum romain ? Des perspectives de valorisation sont apparues quand l’hôpital a trouvé un nouvel emplacement, plus fonctionnel celui-là.
Le site s’est « ouvert » et la municipalité, en l’acquérant en 2009, a compris que ce lieu méritait une métamorphose. Son aménagement s’est inscrit dans le concours Europan 10 avec les villes d’Alès, Dunkerque, l’Isle d’Abeau, Seilh et Triel-sur-Seine.
Que cette mission ait séduit moult cabinets d’architecture est naturel : il y a là plusieurs hectares où s’élèvent une légion d’anciens bâtiments à usage médical, une chapelle, l’ancien logis du Gouverneur, sans oublier le belvédère qui suit la marche du soleil. Le site ne manque pas d’attrait !
En 2009, la mairie a invité les habitants à parcourir cet espace aux allures étranges qui subissait, malgré lui, un arrêt sur image. La balade silencieuse, au milieu d’édifices désaffectés, donnait la curieuse impression d’un lieu abandonné. Les marques du temps d’avant étaient les seuls repères : panneaux signalant les urgences, consultations, maternité, noms des médecins, plan général… jusqu’à la salle mortuaire, située non loin des vestiges du rempart édifié par les Gallo-romains. La coquille vide était en l’attente d’une renaissance.
Connex (cité) !
Samedi après-midi, réunis à l’hostellerie Saint-Julien dont l’étoile pointait vers l’assistance ses sept branches, Jean Rouger, maire, et Frédéric Mahaud, maire adjoint, ont expliqué la démarche « Saintes fabrique sa ville ». Les actions entreprises sont complémentaires et s’inscrivent dans un ensemble plus vaste. Le renouveau du site Saint-Louis résulte d‘une volonté municipale en association avec les habitants.
Réunion de la mairie à l'hostellerie Saint Julien en présence des architectes |
Le projet concerne 5 hectares en centre-ville et englobe la place du 11 novembre. « Il s’agit de donner une nouvelle dimension à un périmètre et de l’ouvrir vers les grands axes de la cité, le fleuve bien sûr, mais aussi des pièces maîtresses comme Saint-Pierre, Saint-Eutrope, les Arènes, les Boiffiers, Bellevue, la Fenêtre » explique Frédéric Mahaud.
Cette mixité urbaine, Jean Rouger y est attaché : « des emplois seront créés. Une vingtaine de commerces, d’artisans sont prévus. L’habitat sera conçu dans l’esprit du Grenelle. Les voitures pourront circuler, sans pour autant empiéter sur l’espace public. Dans le cadre du déplacement aussi, nous voulons une ville apaisée. Les nouvelles énergies seront privilégiées ».
La ville part donc à la reconquête de cette friche laissée par le CH en octobre 2007. Dire que tout se fera un jour serait irréaliste ! En effet, les sondages archéologiques obligatoires pourraient prendre du temps. « L’ambition de la ville de Saintes, riche de 2000 ans d’histoire, est d’offrir des projets dans la durée, de les aborder et les construire ensemble » souligne le maire.
Frédéric Mahaud rappelle, quant à lui, la genèse de l’histoire : « nous avons déjà trois ans de travail derrière nous, d’allées et venues, d’échanges. 120 équipes d’architectes ont répondu au concours Europan, 80 dossiers ont été retenus. En 2010, nous avons choisi trois lauréats. Loin d’être confidentielle, cette démarche s’est enrichie, au fil des mois, des réflexions que nous avons recueillies sur le terrain. Depuis vendredi dernier, le site est ouvert au public 24 heures/24. Doté d’un éclairage, il a été sécurisé. Les bâtiments ont été murés pour des raisons de sécurité, d’autres ont été démolis ». Les aménagements ne devraient pas commencer avant 2013 : « nous sommes dans un secteur sauvegardé et il y a des règles à respecter. Le schéma de principe doit d’abord être défini ».
• S’il n’est pas entré dans les détails, le couple d'architectes a défini les grands axes de ce futur quartier, exceptionnel de par sa situation dominante. On y trouvera des logements, des maisons, une crèche, des magasins, un hôtel, un restaurant (côté panorama), un centre culturel, un pôle médical et divers organismes dont un équipement public dans l’ancien logis. Ainsi, Saintes s’apprête à hériter d’une superficie supplémentaire qui lui donnera une bouffée d’oxygène.
• « Aujourd’hui, sur le site Saint Louis, nous pouvons démolir, mais nous ne pouvons plus rien construire pour l’instant » explique Jean Rouger en l’attente des grands aménagements qui nécessiteront des enquêtes d’utilité publique.
• Dix ans de travaux étant annoncés, la mairie actuelle ignore si c’est elle qui coupera le ruban tricolore. Mais elle en sera l’âme ! « Nous œuvrons autour de plusieurs thématiques : reconquête, accessibilité, liaison entre ville haute et ville basse, hospitalité, durabilité » remarque le maire. Saintes possède un riche patrimoine, qu’il soit antique, médiéval ou plus proche de nous. Que cette richesse soit mise en connexion, voire en connex (cité) pour améliorer la qualité de l’environnement et de la vie, tout simplement, est un objectif louable. « Nous ne pratiquons pas la langue de bois » ajoute Frédéric Mahaud face aux questions qui fusent. Certaines concernent la place des véhicules : ils stationneront dans un parking souterrain, réalisé sur plusieurs niveaux sous la place du 11 novembre. Une grande partie du site sera réservée aux piétons. Avant d’en arriver là, les étapes vont se succéder. Elles débuteront par les fouilles préventives qui risquent de réserver quelques bonnes surprises. Car l’oppidum était un endroit stratégique quand Mediolanum Santonum était grande capitale !
• Les objectifs des architectes
« Les axes majeurs du projet sont déterminés par les perspectives les plus importantes à mettre en valeur, dessinant en creux l’espace public comme un vide fédérateur. Sur cette trame, viendront s’imbriquer les différents éléments de projet : en retrait du belvédère, le pôle culturel est conçu comme un soulèvement de l’espace public qui ouvre des vues successives sur l’église Saint-Eutrope, la cathédrale Saint Pierre et l’amphithéâtre gallo-romain. Le bâti restauré retrouve une dimension monumentale. Les îlots de logements et les équipements de proximité aux formes denses et durables préservent l’intimité tout en favorisant l’intensité de la vie de quartier ».
Les membres du jury ont salué la subtilité du projet urbain dans son analyse du paysage (triangulation du regard, vision paysagère, construction des lignes de vue), son approche fine et intelligente sur l’ensemble du site, ainsi que l’audace d’ajouter un élément repère, fort et visible. Ils soulignent, en revanche, que l’idée d’une architecture contemporaine faisant patrimoine, en dialogue avec le site, est bonne, mais que l’implantation du bâtiment au bord de la corniche est inenvisageable pour des raisons de constructibilité.
• Un « mail » bordé par des commerces ira jusqu’à la place du 11 Novembre qui conservera son marché habituel.
• Pour aller de la ville basse à la ville haute, pourquoi pas un ascenseur comme à Rocamadour ?
• Dans la partie nord, plus d’une centaine de logements seront construits dans des immeubles ne dépassant pas trois étages. Très tendance, des toitures plantées de végétaux sont envisagées. L’orientation des appartements sera plein Sud. Sur l’emplacement de la gare routière, s’élèveront des maisons avec des espaces verts.
• Un peu d’histoire
Le site Saint-Louis abrite de nombreux vestiges. D’après les historiens, les occupations se sont succédé, du castrum romain au château des comtes de Saintonge. A l’époque de la Guerre de Cent ans, la forteresse était tenue par les ducs d’Aquitaine, vassaux du roi d’Angleterre, puis par les seigneurs fidèles au roi de France. La ville était coupée en deux et le fameux pont sur la Charente en délimitait la frontière. A cette époque, la colline abritait trois édifices religieux : la chapelle Notre-Dame, qui desservait le château, la chapelle Saint-Frion et l’église Saint-Agnant, en surplomb du faubourg Berthonnière.
• Une tradition d’hospitalité
En 1609, c’est le roi Henri IV qui confia au gouverneur Louis de Pernes le soin d’implanter une citadelle à la place du château médiéval. Le logis, dit du Gouverneur, serait l’unique vestige de cette citadelle détruite par Richelieu vingt ans après sa construction.
En 1687, l’Hôpital Général succéda à l’ancien Hôtel-Dieu ou Hôpital Saint-Pierre, implanté depuis le Moyen-Age à côté de l’Evêché. Louis de Bassompierre, évêque de Saintes, en fit un havre pour les indigents. L’hôpital pouvait accueillir jusqu’à 150 déshérités. Le marquis de Monconseil alla jusqu’à fonder une manufacture de draps dont les bénéfices servaient à financer l’hôpital. En 1789, la ville en prit la responsabilité.
En 1805, les Filles de la Sagesse assurèrent les soins jusque dans la première moitié du XXe siècle.
En 1808, Napoléon 1er aida à la construction de l’aile ouest. Le dispensaire de salubrité publique vit le jour en 1860. La chapelle fut édifiée en 1876, la maternité en 1905.
Merci pour cette comparaison des 2 projets. A méditer..
RépondreSupprimerMa préférence va pour le projet de l'ancien maire qui était davantage d'accès à tout public aéré espaces publics verts vues promontoires sur les édifices de la ville un parking sous terrain permettant avant sa construction des fouilles de son sous sol et les quelques bâtiments ne devront pas dépasser 2 étages et construits en respect des en harmonie avec les bâtiments voisins avec quelques pierres du pays apparente fontaines bassins
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