Saintes/Gérard Desrente : « le commerce périphérique souffre du mouvement des gilets jaunes »

Chargé de l’économie et du commerce à la ville de Saintes, Gérard Desrente, adjoint au maire, répond à nos questions

• Aviez-vous pressenti l’ampleur que prendrait le mouvement des gilets jaunes ?

Pour être franc, non. Ce mouvement contre le prix des carburants et maintenant pour une hausse du pouvoir d’achat des Français s’explique par une paupérisation grandissante. Pourquoi a-t-il pris de l’ampleur ? Parce qu’il n’y a plus de corps intermédiaires. La Gauche et la Droite ont du mal à refaire surface et les syndicats ne sont pas assez représentatifs. Aujourd’hui, le président de la République se retrouve seul face à la population. C’est ce qu’il souhaitait. Toutefois, il semble avoir oublié que la France est un pays compliqué. Au fil des décennies, le paysage politique s’est délité et les citoyens ne croient plus en leurs représentants. Ils l’expriment actuellement. Le seul problème, c’est que je ne vois pas de perspectives alternatives au gouvernement Macron…

• Les commerces saintais souffrent-ils de l’occupation des ronds-points ?

Oui, le commerce périphérique en particulier, dont la zone des coteaux prise en otage. Les pertes financières sont déjà importantes et il y aura forcément des répercussions économiques. Il en est de même pour les autres secteurs. J’imagine mal la suite de ce mouvement car les gilets jaunes ne représentent qu’eux-mêmes et ne sont pas organisés. Si le mouvement se durcit, comment en sortir sinon par un geste convaincant du Gouvernement ? Sinon, imaginez la suite…
Ce qui m’intrigue aujourd’hui, c’est qu’aux gilets jaunes se mêlent des anciens de Notre-Dame des Landes, venus en renfort, et des agitateurs. Saintes étant située au milieu du département, elle est un lieu de convergence. Les ronds-points y sont occupés jour et nuit.
Pour l’instant, Macron s’est contenté de brasser de l’air et de botter en touche. Les augmentations des taxes sur les carburants en janvier ainsi que celle du prix de l’électricité qu’on vient d’annoncer pour 2019 vont mettre le feu aux poudres. Faisons tout pour éviter que samedi prochain, à Paris, ne ressemble à celui de la semaine précédente. Il n’y a qu’une solution dans ce cas-là, interdire l’accès aux Champs-Elysées.

• Pensez-vous que l’attitude d’Emmanuel Macron face à la détresse des classes laborieuses - ainsi les nomme-t-il - puisse favoriser la montée du Front National à la veille des Européennes (mai 2019) ? 

Je n’en suis même pas sûr ! Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont anti-européens. Leur position est connue. Aujourd’hui, les citoyens sont dans l’expectative : que représente l’Europe à leurs yeux ? Cette campagne sera importante et il y a fort à parier que l’abstention y sera grande…