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lundi 26 novembre 2018

Feuillets d'automne/Jonzac : Une sacrée soirée en compagnie de M. Jourdain !

 Le « Bourgeois Gentilhomme », comédie-ballet, n'a pas pris une ride et fait rire les salles à gorges déployées ! Vendredi dernier, invitée par les Feuillets d'Automne au centre des congrès, la Compagnie de la Reine a donné à cette pièce une vivacité que n'aurait pas reniée Molière ! 

Quel que soit le chemin emprunté, l'amour triomphe ! (© Nicole Bertin)
En écrivant la comédie du Bourgeois Gentilhomme, Molière a mis en scène des vanités qui jamais ne s’altèrent, celles de vouloir hisser son postérieur dans les hautes sphères de la société, fussent-elles décadentes. « Ascenseur social, changer de classe » dirait-on aujourd'hui. A vouloir paraître, peut-on perdre son âme et surtout son authenticité, voilà bien la question ?

S'étant enrichi dans le commerce des draps, M. Jourdain veut quitter sa situation de simple bourgeois. S’il était gentilhomme, il atteindrait l’objet de son cœur, une belle marquise ! Pour y parvenir, il doit apprendre les manières en usage à la Cour. Certes, il ne manque pas d’argent, mais cette aisance ne suffit guère à satisfaire ses ambitions. Atteint d’un vague à l’âme, il voudrait parader au milieu de la noblesse et en prendre les manières. Il n’a pas mauvais cœur ; il cherche simplement à s'élever.
Son éducation a été défaillante ? Qu’à cela ne tienne : il aura, pour améliorer son aspect et parfaire son esprit, maîtres de danse, musique, escrime et philosophie. Ces coquins, sentant le pigeon qui sommeille en lui, se disputent ses faveurs comme des chiffonniers. La concurrence a le terrible désavantage de diviser par trois ou quatre le formidable "pactole" de M. Jourdain. Ce fleuve qui, d’après les légendes grecques, charriait des paillettes d’or…
 
M. Jourdain, étudiant en "gentilhommerie"
« Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela. ».
Se parer des plumes du paon !
La femme de M. Jourdain et sa servante Nicole stupéfaites par tant de "plumage" !
Monsieur Jourdain se décide à prendre les plumes du paon. Il apparaît, vêtu d’une tenue si voyante qu’elle déclenche les rires de sa femme et de sa servante. « Heureusement que le ridicule ne tue pas » semble penser la pétillante Nicole, convaincue que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.

Pour accéder au sommet qu'il convoite, son maître s’entoure de "nobles" personnes qui le trompent et le plument, Dorante et Dorimène, la fameuse marquise qui porte au doigt le plus scintillant des diamants. Un festin, découvert par sa femme qu’il avait envoyée chez sa sœur, met le feu aux poudres. Piquée par l’aiguillon de la jalousie, elle interrompt la douce griserie qui enveloppe son époux en présence de ses invités. Fines mouches, les femmes sentent quand un démon de midi investit le cœur de leurs maris !

M. Jourdain croise le fer avec sa servante
Cléonte veut épouser Lucile. Pas de chance, il n'a pas de particule !
Qu'à cela ne tienne, voici le Grand Turc !

Toujours très drôle, la scène de Mamamouchi
En ce rôle de bon bourgeois nourri aux macarons de la prétention, Jean-Daniel Laval excelle. Naïf, voire crédule, M. Jourdain est convaincu du bien-fondé de sa démarche et, pour la main de sa fille, il ne veut qu'un parti correspondant à ses aspirations.
Les scènes qui suivent sont incroyablement drôles et les spectateurs rient aux facéties et autres rebondissements. La fin est heureuse : Lucile finit par épouser son soupirant, Cléonte, devenu Mamamouchi par la magie du grand Turc, et Nicole retrouve Covielle, le valet futé. Une supercherie nécessaire puisque Cléonte a été préalablement éconduit, n’ayant pas la grandeur d’un Monseigneur. L’idée d’un déguisement fait alors son chemin. Malgré son regard “persan”, M. Jourdain est bel et bien berné. Qu’importe, l’amour et la raison l’emportent !

Un nombreux public
La Compagnie de la Reine
 © Nicole Bertin

• Le Bourgeois gentilhomme a été joué pour la première fois au château de Chambord en octobre 1670, devant la Cour de Louis XIV. Molière était habillé de couleurs vives, paré de dentelles d’argent et de plumes multicolores, face à Hubert, travesti dans le rôle de Madame Jourdain ; Mlle de Brie était Dorimène ; Armande Béjart jouait Lucile, tandis que le musicien Lully était le muphti au cours de la cérémonie turque. La pièce n‘a pas vieilli tant les vanités humaines et autres « glorioles » traversent les époques.

• Les comédiens : Jean-Daniel Laval, metteur en scène (M. Jourdain), Thiphaine Vaur (Mme Jourdain), Olivier Lecoq (Covielle), Richard Delestre (maître de philosophie, Dorante), Anne Ruault (maître tailleur, valet), Alexandre Tourneur (Cléonte), Mathilde Puget (Lucile), Amélie Gonin (Nicole), Charlotte Fabre (Dorimène).

• Souvenir : Cette pièce a été jouée dans la région par Jean Danet, puis Marcel Maréchal des Tréteaux de France.

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