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jeudi 13 septembre 2018

Montils : élu en 1995, le maire Jean-Paul Geay démissionne : « alors que des compétences ont été supprimées aux communes, les maires n'ont jamais eu autant de travail »

Le 3 septembre dernier, le maire de Montils, Jean-Paul Geay a envoyé sa lettre de démission au préfet de Charente-Maritime. Lequel a deux mois pour valider cette décision. Un autre courrier a été adressée aux élus de la CDA. Le premier magistrat, en poste depuis 1995, avoue que la charge de travail et son lot de préoccupations sont devenus trop lourds. Au passage, il souligne le manque de « compréhension » de la Communauté d’Agglomération et de son président Jean-Claude Classique envers sa commune…

Photo d'archives : à gauche de la photo Jean-Paul Geay, maire de Montils, a rejoint la CDA de Saintes alors présidée par Jean Rouger (il est aux côtés de Philippe Guillot, ancien maire de Brives sur Charente et Maurice Desbourdes, ancien maire de Salignac sur Charente)
• Jean-Paul Geay, vous êtes maire depuis 23 ans. Vous connaissez donc les "rouages" de la fonction. Quels sont les événements qui vous poussent aujourd’hui à vous retirer alors que votre mandat ne s’arrête qu’en 2020 ?

Plusieurs éléments sont en prendre en compte. Lorsque nous avons quitté la CDC de Pons pour rejoindre la future CDA de Saintes, la démarche de Montils était volontaire. A l’époque, l’affaire avait fait un certain bruit dans la presse. Estimant que leur bassin de vie se trouvait à Saintes, les communes de Salignac, Brives et Montils avaient dit non à une intégration forcée dans la CDC de Haute-Saintonge . La Jard et Colombiers, qui ne voulaient pas être absorbées par la CDC de Gémozac, avaient eu la même attitude. Pour nous, ce choix géographique était cohérent au niveau du territoire. Notre venue permettait à l’ancien Pays Santon de se transformer en Communauté d’Agglomération. Or, comme Montils avait rejoint volontairement l’intercommunalité saintaise, elle s’est trouvée dans l’obligation de payer une contribution au Fonds national de garantie individuelle des ressources. Cette situation résulte d’un vide juridique de la loi de finances de 2010.
Depuis 2013, Montils verse donc 42000 euros annuellement au FNGIR sur un budget de 450.000 euros, soit 10%, ce qui est important. Après avoir évoqué le problème avec le Préfet, nous avons saisi le Tribunal Administratif pensant que nous pourrions obtenir de cause, la CDA percevant des ressources auxquelles n’ont plus droit les communes. Toutefois, pour que le dossier puisse avancer, il fallait une délibération à la fois de la commune et de la CDA. Le président Classique a opposé à Montils un non catégorique et pire, il n’en a même pas parlé aux délégués. 

Autre source de déception, la création d’une maison de santé à Montils. Tout était prêt. Je suis allé à l’ARS,  j’avais trouvé un médecin, une infirmière et un kinésithérapeute. Or, contrairement à la CDC de Haute-Saintonge, le territoire de la CDA n’est pas classé en zone médicale déficitaire. Le médecin est donc parti à Pons, ville incluse dans la CDCHS où les conditions sont plus avantageuses pour l'installation d'un professionnel de santé. En particulier, il y a une exonération des impôts pendant 5 ans. Bref, nous sommes propriétaires d’un bâtiment vide…

Nouveau motif de mécontentement, le grêle a occasionné de graves dégâts en mai dernier. Nous avons même fait la une de Sud-Ouest et la télévision nous a consacré des reportages. Or, Montils n’est pas classée en catastrophe naturelle alors que Saint-Seurin de Palenne l’est ! Il est vrai qu’à l’époque, la nouvelle sous-préfète de Saintes n’était pas encore nommée et celle de Saint-Jean d’Angély avait une masse importante de travail. En de telles circonstances, qu’ont fait Jean-Claude Classique, président de la CDA, et le député Gérard : où étaient-ils pour aider Montils ? On ne les a pas vus pour soutenir le dossier !

Venons en maintenant aux transports scolaires que la Région a délégués à la CDA. Depuis 23 ans que je suis maire, le ramassage des enfants est effectué à partir de 3 km. Depuis cette année, la donne a changé ! Une famille dont les 4 enfants sont scolarisés à l’école primaire et dont la maman ne conduit pas, s’est trouvée dans une fâcheuse situation. Il a fallu que je me batte pour qu’elle dispose d’un taxi. Mon constat est qu’on cherche à faire mourir les petites communes alors qu’elles ont des établissements scolaires qui fonctionnent bien, d’autant qu’à Montils, nous sommes dans un "triangle" dynamique que composent Saintes, Cognac et Pons. On a tout ce qu’il faut et on nous met des bâtons dans les roues.
En période de vacances, les centres de loisirs sont à Préguillac, Chermignac, Thénac et Les Gonds. Nous, rien ! Avec les maires de La Jard, Colombiers, Brives, Rouffiac, Courcoury et Saint-Sever, nous avons attiré l’attention des responsables sur cette situation qui pénalise les familles. La réponse a été que les structures de loisirs coûtent de l’argent… comme si les enfants avaient un prix ! J’espère qu’à l’avenir, le dossier pourra avancer favorablement.

• Finalement, face à une CDA qui ne vous donne guère satisfaction, regrettez-vous ne pas avoir rejoint la Communauté de Communes de Haute-Saintonge ?


Non, je ne regrette pas parce que notre bassin de vie se trouve à Saintes. Mais je vais vous faire une confidence : je pense qu’un président comme Jean-Philippe Machon aurait été plus efficace à la tête de la CDA car il est issu du monde de l’entreprise. Certaines CDA n’hésitent pas à se transformer en VRP pour inciter des industriels à s’installer. Pour y parvenir, il faut avoir de l’ambition et ne pas ménager ses efforts ! Aujourd’hui, la CDA de Saintes a-t-elle favorisé et développé l’économie qui est l’une de ses compétences ? Ces jours derniers, le débat a surtout gravité autour des divergences de vue entre mairie et CDA sur l’installation d’un centre commercial à Saintronic…

Que retenez-vous de ces 23 ans de vie municipale ?

La commune de Montils a évolué ! La population a progressé de 650 à 850 habitants. De nombreux aménagements ont été réalisés, bâtiments publics, assainissement, enfouissement des réseaux, etc. Au fil des années, j’ai vu les charges de travail s’accentuer. En 95, j’avais une entreprise et je parvenais à concilier ma vie professionnelle et mon mandat. Maintenant, alors que je suis retraité, je suis à la mairie tous les matins. Des compétences aux communes ont été supprimées et finalement, elles ont plus de travail qu’auparavant. Quand quelque chose ne va pas, les habitants s’adressent d’abord au maire même si, par exemple, les transports scolaires ou le ramassage des déchets dépendent de la CDA.

• De nouvelles élections vont-elles avoir lieu à Montils ? 

Je pense qu’elles devraient avoir lieu rapidement. Durant le début de ce mandat, notre première adjointe, Noëlle Fortet, est décédée et une autre adjointe a changé de cap professionnel en devenant secrétaire. Depuis que ma décision de démissionner est connue, j’ai reçu de nombreux témoignages de sympathie.

L'info en plus

• Un Foyer-Logement qui se fait attendre :  Jean-Paul Geay a posé la première pierre de ce futur établissement et depuis dix ans, il ne passe pas grand chose en raison de problèmes divers et variés dont des malfaçons. Les 42 studios sont toujours inoccupés. L’ensemble appartient à la Société européenne Korian, également propriétaire du Foyer Logement Marie d’Albert à Pons. Intéressée, la Semis devrait relancer le projet qui aura mis du temps à aboutir.

• La lettre de démission de Jean-Paul Geay a été envoyée au Préfet le 3 septembre. Ce dernier a deux mois pour se prononcer. S’il ne l’accepte pas, Jean-Paul Geay enverra alors une lettre recommandée pour confirmer son choix. Dans ce cas, sa démission sera validée. De nouvelles élections seront alors organisées.

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