Pages

jeudi 13 septembre 2018

Connaissez-vous la motte castrale de La Clotte dans le Sud Saintonge ?

Présentation en a été faite par Bernard Laval, ancien président de l'Association de sauvegarde et de mise en valeur de ce site féodal jeudi dernier à l'Université d'Eté de Jonzac. Universitaire, cet homme passionné ainsi que les membres de l'ASMSL se mobilisent depuis de années pour valoriser le site et une fête médiévale y est organisée chaque été. Des visites sont également programmées, souterrains à découvrir et sommet de la motte dont la particularité est d'appartenir à de nombreux propriétaires (16 parcelles !). 
Une bonne idée de visite pour les Journées du Patrimoine !

A l'époque médiévale, il faut imaginer cette motte avec des constructions. 
Depuis la végétation a envahi son sommet
Historique extrait du site de l'ASMSL : 

HISTOIRE DE LA MOTTE FÉODALE DE LA CLOTTE DITE « DU  CHÂTEAU »

Il n’existe aucune date précise pour l’édification du tertre. Pour la construction du château, la mémoire collective renvoie à Charlemagne (roi des Francs de 768 à 814 et empereur d’occident de 800 à 814). Mais cette paternité reste difficile à prouver. Les travaux d’érudits comme ceux d’André Debord sur les Charentes au XIIe siècle ne signalent pas de forteresse à La Clotte avant l’an mil. La première trace écrite du château de Montguyon apparaît entre 1078 et 1083. Comme La Clotte appartenait aux seigneurs de ce lieu (défense avancée à la frontière de la Guyenne et de la Saintonge), la construction du château dans cette paroisse correspondrait probablement à ces dates.

Les plans du souterrain refuge

Un puits de jour
Taillé dans le calcaire, le souterrain refuge a été détérioré par le creusement d'une carrière
 Le site :

La motte féodale de La Clotte présente une triple originalité. Elle comprend un tertre naturel (calcaire du crétacé-environ cent millions d’années-), jadis surmonté d’un donjon de bois (peut-être plus tard en pierre), entouré d’une palissade. De forme ovoïde, orienté nord-sud selon son grand axe (62m), est-ouest selon son petit axe (42m), il mesure 12m de hauteur depuis sa base. Son volume total (très imposant), peut être estimé à 20 000m3 pour une superficie de 2 050 m2. Ce tertre fut d’abord entouré d’un premier fossé sec, protégé par une palissade. Ne subsistent actuellement que les parties nord et sud ; les autres furent arasées, à l’époque moderne, à des fins agricoles. Ces fossés étaient très larges (8 à 10m) et très profonds (environ 3m). Un diagnostic de fouilles commandé par la DRAC, en février 2006, mit en évidence un deuxième fossé, dans le petit vallon naturel, entre l’église et le tertre, en eau celui-là.
A l’intérieur de ce bloc monolithe calcaire fut aménagé à une époque indéterminée (mais incontestablement très ancienne), un souterrain refuge réutilisé au Moyen Âge : habitat temporaire de protection et de défense passive en cas de danger. Détérioré par le creusement d’une carrière, il subsiste cependant une partie bien conservée avec trois salles, les galeries les faisant communiquer ainsi que les aménagements défensifs et domestiques pour organiser la survie des réfugiés.
 La motte féodale possédait une basse-cour (de 5 000m2 environ) communiquant avec une barbacane (sorte de petite motte) qui servait à défendre le pied de la passerelle de bois communiquant avec le sommet du tertre (haute-cour). Elle protégeait également une série de silos (quatre ou cinq) contenant sans doute de grosses réserves de grains et disposée sur le talus du fossé sud, juste au pied de la passerelle. La barbacane se trouvait ceinturée d’un fossé encore parfaitement visible.

Un lieu chargé d'histoire
Que reste-t-il aujourd’hui de l’histoire de la motte féodale ?
Deux textes dont le premier date de 1242. Sicard de Montguyon, seigneur des lieux fait hommage du château à Henri III, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine « sous le devoir d’une lance ». C'est-à-dire qu’il s’engage à fournir au roi duc, un groupe de combat de cinq à six personnes (chevalier, écuyer, coutilier). En contrepartie de sa fidélité, ce dernier le fait bénéficier d’une sorte d’assurance contre le risque en obtenant sa protection. Le deuxième texte figure dans « Le Livre Velu » déposé aux archives municipales de Libourne daté de 1392 et recopié en 1476 (ainsi nommé car recouvert d’une peau de veau) tout comme dans le « Livre des Coutumes » de la ville de Bordeaux (daté de 1388). Ils décrivent la bataille commencée à Guîtres entre Anglo-Gascons et partisans du Roi de France, le 28 août 1341 (et non 1346 comme affirmé par les historiens locaux).  
Après la bataille, la motte perdit probablement sa fonction défensive pour ne conserver que sa fonction économique de contrôle des défrichements et de la terre dans cette zone boisée (Double Saintongeaise) et cela jusqu’à la Révolution de 1789. Les derniers possesseurs du domaine de La Clotte (émigrés) virent leurs biens saisis et sans doute redistribués entre les paysans tenanciers (décret de La Convention du 17 juillet 1793).  
Il reste un vestige historique visible dans l’église de La Clotte. Au-dessus de la porte d’entrée, entre les armes de Saint-Léger auquel l’église est dédiée, figure une litre funèbre. Il s’agit d’une sorte de blason, inscrit normalement sur une bande noire que les seigneurs faisaient peindre sur les murs des édifices religieux. Ici, il s’agit de la litre funèbre de Louis II de Melun, comte d’Espinoy, seigneur de Montguyon, mort en 1724.

L'église, tout près de la motte castrale
Bernard Laval présente des tessons de poterie retrouvés lors de fouilles. Marc Seguin fait état de nombreux potiers installés dans le Sud Saintonge au XVIe siècle 
et d'une poterie appelée "Guirande"
L'info en plus 

Qui étaient les seigneurs de Saintonge Méridionale ?

La Clotte se situe dans la châtellenie de Montguyon. Montendre, Montguyon et Barbezieux appartiennent au XVIe siècle à la famille des La Rochefoucault. « Aux XVe et XVIe siècles, les seigneurs sont gens importants parce qu'ils résident sur place et jouent leur rôle de chefs respectés. Or, en Saintonge, la noblesse est une catégorie sociale condamnée à mort par la coutume locale qui règle les successions et ignore presque le droit d'aînesse. A chaque succession, il y a partage et, par conséquent, diminution considérable des patrimoines. Aucune famille  n'a pu subsister et encore moins s'imposer. On se débarrassait bien des filles en les mettant au couvent, mais cela ne suffisait pas. Dès le début du XVIe siècle, Montendre-Montguyon se séparent ainsi de Barbezieux » explique l'historien Marc Seguin.

Vers 1550, Barbezieux dépend Charles de La Rochefoucault. Il a succédé à son père Antoine, marié à Antoinette d'Amboise qui avait joué un rôle national en raison de ses relations avec François Ier. Montendre appartient à Louis de La Rochefoucault, marié à Jacquette de Mortemer, fille du seigneur d'Ozillac. Ils ont trois fils (et des filles). François, Claude et Gaston qui sont les "casseurs" locaux du début des Guerres de Religion. Ils ont ravagé bon nombre d’églises dont celle de La Gorce qui n'était pas sur leur territoire et n'ont pas dû épargner La Clotte. François devient ensuite seigneur de Montendre. 

Montguyon : Même famille. Après 1574, François a épousé Hélène de Goulard.
Montlieu : la situation est différente. En 1554, il s’agit de Guy Chabot, bien connu, seigneur de Jarnac et de Saint-Aulaye (en Périgord).

Au XVIIe siècle, cette noblesse est déracinée, perd le contact avec sa province, vend ses terres et ses droits qui sont achetés par des Bordelais, entre autres, comme n'importe quelle marchandise. Le seigneur est remplacé par son receveur, sorte de percepteur qui n’attire pas forcément la sympathie. D’où les troubles qui suivront… 


Des graffiti sur les parois et une date 1947 ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire