Michelle Le Brozec, actuelle présidente de la Société d'Archéologie et d'Histoire de la Charente-Maritime |
Le 19 janvier 1839, un petit groupe de Saintais fonde la Société d’Archéologie de Saintes dans le but « d’inventorier les monuments de l’ancienne province de Saintonge, de veiller à leur conservation et de recueillir et rassembler dans un Musée central établi à Saintes, tous les objets et documents relatifs à la "science archéologique" ». Cette société allait se consacrer à la sauvegarde du patrimoine de la Saintonge et, en particulier de Saintes, à cet ensemble de chefs-d’œuvre dont la réutilisation pertinente, l’animation de qualité, sont un atout majeur aujourd’hui de l’économie touristique.
A la tête de la Société, le comte de Vaudreuil, le principal du Collège, Moufflet, l’abbé Lacurie, le bibliothécaire Moreau qui sont gens instruits et informés. Vaudreuil a été témoin des fouilles de la fin du siècle précédent ; Moreau, émule de Chaudruc de Crazannes, a recueilli, quant à lui, des fragments "d’antiquités", a écrit de nombreuses notices et dessiné quantité de sujets concernant notre province. Sensibilisés par le paysage monumental de Saintes, les uns et les autres réagissent sans doute au regain d’intérêt pour les antiquités déclenché par la campagne d’Egypte et à la curiosité des scientifiques pour une architecture religieuse magnifiée par Victor Hugo dans le roman « Notre-Dame de Paris ». En outre, le pillage de l’amphithéâtre auquel ils assistent évoquait le vandalisme révolutionnaire dénoncé par l’évêque constitutionnel ex-abbé Grégoire.
Les mesures qu’il préconisait pour la conservation des « richesses d’art » de la France et leur inventaire furent approuvées par la Convention qui prit alors des décrets garantissant leur exécution. C’était la première intervention de l’Etat dans la sauvegarde du patrimoine. Les distingués fondateurs de la société connaissaient certainement la suite donnée aux décrets de la Convention, l’ampleur de la tâche et la difficulté de son accomplissement. Notons qu’en 1821, s’ouvrait l’Ecole des Chartes avec, au programme un cours d’archéologie et des arts du Moyen-Age ; qu’en 1834, l’historien Guizot crée « le comité des travaux historiques » et qu’en 1837, la commission des Monuments Historiques va devoir assurer le classement des édifices afin d’assurer leur protection et de disposer de budgets pour leur restauration.
Ainsi, le 19 janvier 1839, la Société d’Archéologie de Saintes prend un train en marche. Elle s’aligne aux côtés des sociétés savantes installées dans le département : l’Académie de La Rochelle, héritière de l’Académie Royale des Belles-Lettres, fondée en 1732 ; la Société d’Agriculture Sciences et Belles-Lettres de Rochefort, fondé en 1805. La société saintaise se singularise par la spécialité de son but et la modernité de son titre. A l’époque, en effet, on parlait fréquemment d’antiquités alors que le mot « archéologie » était peu utilisé.
1841 : Le premier musée archéologique de Saintes et du Département
La première réunion de la Société eut lieu dans une salle du Collège de Saintes. Le Comte de Vaudreuil fut élu président, Moufflet, vice-président et Lacurie, secrétaire. Les statuts sont approuvés le mois suivant par le Ministre de l’Intérieur. Enthousiaste, la Société se met immédiatement à l’ouvrage. Les séances sont l’occasion de lire des notices sur les monuments de Saintes et de ses environs ou sur un sujet d’histoire. Elle ne dispose toujours pas de local pour y tenir ses réunions, ni de salle pour y installer le musée.
L'Echevinage, ancien hôtel de ville, accueille le premier musée archéologique de Saintes (© Nicole Bertin) |
Amphithéâtre : Le monument dégagé grâce au baron Edouard de Rothschild
Les travaux de déblaiement de l'amphithéâtre (collection Jacques Triou) |
Il faut maintenant que la Société se mette au travail sur le patrimoine saintais.
L’amphithéâtre, en voie de disparition et dont il faut acheter l’emplacement pour le sauver. En mai 1839, la Société adresse directement au ministre de l’Intérieur une demande de subvention accompagnée d’un rapport détaillé sur la nature, la qualité et l’état de détérioration du monument. Le ministre répondra, six mois plus tard, qu’il s’occupera de la demande financière de la Société « après qu’il lui aura été démontré que les restes ont un véritable degré d’importance ».
La Société se tourne alors vers le ministre de l’Instruction publique pour obtenir son appui, relance le Conseil Général et la ville, peu coopérative. Et les démarches se poursuivent. En 1865, la ville se rend propriétaire, moyennant la somme de 14 000 francs, de tout le terrain sur lequel se trouvait l’amphithéâtre, aidé par le Département et des souscriptions particulières. Restait à dégager le monument des 32.000m3 de terre qui le recouvrait. Le baron Edouard de Rothschild proposa de faire ce déblaiement à ses frais. Louis Audiat fut chargé d’obtenir les autorisations nécessaires.L'amphithéâtre de saintes (© RBR Terra Incognita) |
Juin 1839, nouvel appel au ministre de l’Intérieur pour le prier de d’intervenir auprès du Ministre de la Guerre afin de conserver l’édifice. La Société contacte les autorités locales. Après avoir envisagé le « transport de la façade de l’abbaye devant l’église Saint-Vivien », démolie en 1840 et reconstruite de 1840 à 1845. En août 1839, Lacurie écrit, dans le procès-verbal d’une réunion de la Société : « la ville de Saintes va perdre l’un des plus beaux monuments religieux du Moyen-Age parce que ce monument gêne dans l’exécution de nouveaux plans de la caserne ». Et les interventions se multiplient de nouveau.
L’arc dit de Germanicus dont l’écroulement dans la Charente est imminent
L'arc romain au Moyen-Age (collection Jacques Daniel) |
La société connut moins de difficultés pour la réfection du portail de la cathédrale et le déblaiement de la crypte Saint-Eutrope, ce qui a permis de mettre au jour, en 1843, le tombeau du premier évêque de Saintes. A cette époque, la Société est déçue : les réparations urgentes effectuées sur divers monuments du Département ont englouti ses maigres ressources. Elle n’a pas réussi à publier le bulletin périodique réclamé par l’ordonnance royale de 1845.
De plus, après une décennie d’affrontements avec la lenteur administrative, l’incompréhension, l’inertie, l’amphithéâtre et l’abbaye sont toujours en péril. Les changements de régime – Monarchie de Juillet, Deuxième République, Second Empire – et les changements conséquents de ministres ont imposé de nouvelles démarches. Sa vitalité est entamée.
Président le baron Echasseriaux
Le baron Echassériaux |
Pour former cette commission, le préfet recrute en priorité les membres titulaires de la Société d’archéologie. Ainsi la commission, mise en place en 1860, s’adjoint la Société dont elle poursuit les projets de conservation et de restauration. La commission représente la section administrative et la Société, la section d’archéologie.
La commission profite de la connaissance du terrain de la Société et celle-ci de l’autorité de la commission. Leur complémentarité sera bénéfique puisqu’elle permettra le sauvetage de plus de 300 monuments et, enfin, la publication des bulletins périodiques, regroupés par années en recueil.
En 1871, l’incendie de l’Hôtel de Ville détruit la majeure partie des archives de Saintes et de la province, la bibliothèque municipale ainsi que celle de la Société, installée à la mairie.
L’abbé Lacurie, alors président de la Société, lance une circulaire dans le but de créer une section qui se chargerait de faire imprimer les documents inédits relatifs à l’histoire. Ce projet, qui rappelle modestement le Comité des Travaux historiques crée par Guizot, n’aboutira pas.
Louis Audiat, conservateur de la bibliothèque municipale, le reprend en l’élargissant et fonde en 1874, la « Société des Archives Historiques de la Saintonge et de l’Aunis », toujours vaillante, active, présidée par Marc Seguin, et dont certains membres de la Société d’archéologie partagent les travaux. Nous partageons aussi les locaux, mis à notre disposition par la ville.
En 1873, le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts demande au préfet de réviser la liste des monuments historiques.
Chargée du travail, la Commission/Société fait cependant remarquer que les critères du classement et le non-suivi financier entraînent des retards préjudiciables à la conservation des monuments, pour ne citer que le cas de l’amphithéâtre dont il reste à achever l’évacuation du comblement et consolider les ruines, des églises de Surgères, Fenioux et Notre-Dame de Saintes.
En dépit du harcèlement de la Commission/Société, l’abbaye ne sera sauvée de la démolition qu’en 1877 et son clocher de l’écroulement qu’en 1899. La Commission Nationale des Monuments Historiques réalisera alors un moulage du portail afin de le placer à l’entrée de la salle du XIIè siècle du Musée du Trocadéro.
Au fil des années, la prise en compte du patrimoine par l’Etat s’intensifie et se structure
La Commission/Société rencontre des difficultés avec les propriétaires mécontents des classements. Elle se heurte aussi aux diverses compétences mises en place par l’Etat : Comité des Monuments, Commission des bâtiments civils, architecte diocésain, avec le préfet même qui néglige de la consulter. Elle demande au préfet, en 1873, de définir ses attributions et ses pouvoirs vis-à-vis des maires et autres autorités départementales. En 1879, l’abbé Julien-Laferrière et Georges Musset, sociétaires, réalisent « L’Art en Saintonge », reproduction par héliogravures des principaux monuments du département.
En 1880, Théophlie de Brémond d’Ars prendra la présidence de la Société et l’assumera pendant neuf ans. Georges Musset, archiviste, paléographe, bibliothécaire de la ville de La Rochelle lui succèdera.
En 1881, des fouilles sont entreprises sur les Thermes à Saint-Saloine. La Société y participe. En 1883, on découvre le site néolithique éponyme de Peu-Richard qui sera étudié par le baron Echassériaux, l’un de ses inventeurs. En 1886, des blocs romains sont recueillis au cours de fouilles du rempart de l’hôpital. Ils vont tripler les collections du Musée lapidaire.
En 1890, Jean Clouet découvre le site préhistorique du Gros-Roc : sa notoriété va s’étendre à la France entière. Afin de sensibiliser les enfants à la préhistoire, la Société réalise un tableau des divers types de silex qui sera adressé aux instituteurs du Département. La Société se préoccupe du patrimoine qu’elle considère comme témoignage d’un mode de culture à faire connaître.
A cet effet, en 1882, elle prépare une notice sur Saintes et ses monuments, à distribuer gratuitement aux « excursionnistes ». C’est dans cet esprit et afin d’attirer chez nous un plus grand nombre de touristes qu’elle fera inscrire le Département, en 1923, sur la liste des régions de France à visiter. Cette liste fut éditée et diffusée par l’Association Française d’Expansion et d’Echanges Artistiques placée sous le patronage du ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts et du ministre des Affaires étrangères.
En 1885, la Commission/Société intervient pour empêcher l’aliénation des remparts de Brouage par le ministre des Finances qui le détenait du ministère de la Guerre. Trois ans plus tôt, n’avait-elle pas demandé l’acquisition par l’Etat des terrains fouillés à Sanxay par le Père de la Croix ?
En 1888, la Société est chargée du classement des objets mobiliers. 1894, elle participe au congrès de la fédération intellectuelle du Centre-Ouest et du Sud-ouest qui consacre trois jours à Saintes.
En 1900, Charles Dangibeaud et le photographe Proust présentent « la ville de Saintes à la fin du XIXè siècle ». Il s’agit d’un ouvrage en six volumes illustré de 350 photographies. La restauration des monuments au XIXè siècle interpelle la Commission/Société qui se demande « s’il est souhaitable qu’il y ait un monopole d’Etat en matière de Beaux-Arts ».
La Commission/Société s’associe à la protestation que le directeur de la Société Française d’Archéologie adresse au ministre de l’Instruction publique à ce sujet. Il est notamment rappelé au ministre « que les études archéologiques ont droit à sa sollicitude au même titre que toutes les branches de la science et que le patrimoine artistique de la France doit être garanti contre des actes de vandalisme qui auraient un caractère légal ». Cette intervention a pour résultat la création d’une Commission départementale chargée d’établir la liste des objets mobiliers conservés dans les édifices religieux et susceptibles d’inscription.
En 1939, la société d'archéologie de Saintes a 100 ans
Réunion des membres de l'association en 2018 |
Le Musée des Beaux-Arts ne sera ouvert qu’en 1967. Dans l’immédiat, il deviendra l’Hôtel des Sociétés et notre Société en occupera le premier étage de 1923 à 1965.
En 1938, les Urbanistes de France répondent à l’invitation de la Société et tiennent leur congrès à Saintes sur le thème « Urbanisme et archéologie ».
En 1939, la Société d’archéologie de Saintes fête son centenaire. La « Société des Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis » s’associe à l’évènement. Notons que la cérémonie coïncide avec l’inauguration de la nouvelle bibliothèque municipale relogée dans l’Hôtel Martineau, membre éminent de la Société. Soulignons aussi que la bibliothèque a été enrichie par les dons de nombreux sociétaires. Ainsi, notre Société s’intéresse tour à tour à la préhistoire, la numismatique, la sigillographie, la céramique, le blason, la linguistique, l’épigraphie, les arts plastiques, l’art monumental et l’histoire locale.
En 1942, Marcel Clouet, fis de Jean Clouet, devient président des deux sociétés. Il sera en même temps conservateur du Musée archéologique. C’est au début de sa longue présidence (plus de 30 ans) que les séances de la Société seront suivies, à l’improviste, par l’officier-interprète de la Kreiskommandantur de Saintes.
1972, Louis Maurin succède à Marcel Clouet
Louis Maurin |
1975, les principales sociétés d’archéologie, d’histoire, de géographie et de sciences naturelles du département se fédèrent pour la publication de la « revue de la Saintonge et de l’Aunis », dont M. Flouret a assumé, pendant de longues années la présidence. Il faut saluer son investissement, sa disponibilité, sa compétence et son dévouement.
1976, la Société est reconnue d’utilité publique. 1978, sous la présidence d’Alain Michaud, la Société publie la thèse de louis Maurin, « Saintes Antique » qui fait encore référence aujourd’hui.
1988, Jean-Louis Hillairet est alors président, la Société s’informatise et met en place un programme de recensement des sites avec les différentes associations archéologiques du département y compris les chercheurs qui pratiquent l’archéologie aérienne, et en particulier, Jacques Dassié qui découvrira, entre autres, les sites du Fâ, le camp romain d’Aulnay de Saintonge, les voies romaines par exemple. Il a eu la gentillesse de faire don du dossier de ses recherches à la Société.
Bon nombre de nos anciens sociétaires ont laissé leur nom dans la ville. Martineau qui légua sa maison et sa « somptueuse bibliothèque » ; Chapsal en fera l’hôtel des sociétés ; Charles Dangibeaud qui en fut le vice-président ; Mestreau, créateur d’un musée régional dans l’ancien hôtel de Guinot de Monconseil, l’actuel musée Dupuy-Mestreau ; Musset qui fut président pendant 40 ans ; Audiat, dont nous avons déjà parlé, et Clouet, père, qui fouilla la grotte du Gros Roc, ce qui attira l’attention sur des objets jusqu’alors méconnus, les outils en silex taillés, « les pierres à fusil » comme les appelaient nos paysans. La Société d’archéologie de Paris lui décerna une médaille d’argent et l'une de ses découvertes, une variété de félin, porte son nom « le felis spelunca clouait » ; l’éminent Espérandieu, membre de notre Société pendant 50 ans, auteur entre autres d’un "recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine" qui vient d’être complété par un ouvrage de MM. Moitrieux et Tronche, publié par l’Académie des inscriptions et belles lettres.
Notre société s’est beaucoup « promenée » dans Saintes, du collège d’abord, puis à l’hôtel de ville, à la sous-préfecture, chez plusieurs de ses membres, et enfin en 1983, 8 rue Mauny où elle se trouve encore aujourd’hui. Qui est un peu curieux d’histoire, d’archéologie, bien sûr, peut pousser la porte, ouverte lors des permanences du mercredi et du samedi pour venir chercher un renseignement, consulter un livre ou une revue, faire part d’une découverte, d’une idée, ou tout simplement profiter d’un moment de convivialité.
Bien d’autres monuments vont faire l’objet des attentions de la Société, le château de la Roche-Courbon qui a appartenu à l'un des sociétaires et le château d’Usson, par exemple. Nos amis vont participer aux fouilles du moulin du Fâ, de l’Abbaye aux Dames, et recueillir ici et là des objets qui seront classés monuments historiques par la Direction des Beaux-Arts. Leur participation aux fouilles entreprises dans la ville a été importante, que ce soit à l’amphithéâtre, à l’Abbaye aux Dames, les Petites sœurs des Pauvres, l’école Emile Combes, et bien d’autres encore.
Les aqueducs mis en valeur
Vénérand/2018 : visite du site par la Société des Archives Historiques d'Aunis et de Saintonge que préside Marc Seguin |
Dès le XVIè siècle, Bernard Palissy s’y intéresse. Puis, Claude Masse, au XVIIIe siècle, en fera des relevés cotés et Bourignon, ou Bourguignon de Saintes, peut être considéré comme le premier véritable connaisseur de ce monument. Clouet père, puis Clouet fils puis les frères Triou vont, à leur tour, porter leur attention sur ce monument Aucun de ces auteurs n’avait compris l’existence de deux aqueducs, de trois sources, et n’avait pu donner une fourchette de datation.
En 2003, notre ami, Bernard Bourgueil, administrateur et géologue, propose d’en compléter l’étude. Paule Courtin de la Bouëre, alors présidente, décide, avec le conseil d’administration de relever le défi. Tous ont conscience que les travaux s’étaleront sur plusieurs années et des contraintes administratives et financières liées à ce projet.
Une équipe « terrain » se met en place, accompagnée par une équipe recherches qui s’active dans les archives et les bibliothèques. Depuis, grâce à la Société, au travail de ses équipes, à la ténacité de l’archéologue, à l’aide apportée par les quatre communes sur lesquelles passe l’aqueduc, Le Douhet, Vénérand, Fontcouverte et Saintes, point d’arrivée aux thermes Saint-Vivien, ce monument fait maintenant l’objet d’un programme de mise en valeur et de protection porté par la Communauté d’agglomération de Saintes.
Image de synthèse de l'aqueduc tel qu'il devait être |
La Société décide alors de publier les résultats de ses recherches, tant archivistiques qu’archéologiques. Elle publie aussi les « Cahiers de l’aqueduc » de 2008 à 2014, à raison d’un cahier tous les deux ans.. Afin de faire connaitre ce monument, la Société propose des visites de certains sites de l’aqueduc, accessibles au public. Car, notre aqueduc possède une particularité : il se présente, en grande partie, en souterrain, ce qui permet de découvrir des galeries de construction et des aménagements hydrauliques tout à fait inédits.
Cela fait maintenant plus de dix ans que nous nous y intéressons. Notre archéologue a fourni la synthèse de ces travaux et nous n’intervenons plus sur le terrain par manque d’autorisations.
Nous avons mis en place une autre activité qui intéresse le « petit » patrimoine. Ce sont les fontaines, les lavoirs, les calvaires, les puits, les moulins, les mottes, les fours à chaux, les fours de potiers qui parsèment notre territoire et qui témoignent du quotidien de nos communes. Le travail consiste à compléter les inventaires déjà réalisés, faire le point sur l’état actuel des éléments déjà recensés, afin d’établir des fiches et d’alerter, si nécessaire pour leur sauvegarde.
Un lavoir a tout particulièrement attiré notre attention, il y a quelques années, lorsque le maire de la commune de Le Douhet nous a demandé de nettoyer le lavoir de « chez Pérot ». Quelle n’a pas été notre surprise de redécouvrir un chrisme, qui a pu être daté du IVè siècle, et gravés sur les parois de calcaire, des poissons, signes de reconnaissance des premiers chrétiens. Autres particularités, un bassin d’une profondeur inhabituelle pour un lavoir et une « chaise » sculptée qui ne peut faire penser qu’à une cathèdre. Nous avons donc émis l’hypothèse de la présence d’un baptistère, mais sans pouvoir mettre en évidence la présence d’un monument religieux à proximité. Le site est très discret, au fond d’un vallon et, autre particularité, le lavoir est alimenté par l’aqueduc. Un de nos bulletins, à votre disposition à l’entrée parmi nos publications, en donne les détails.
Vénérand : l'aqueduc romain (une visite à faire !) © Nicole Bertin |
Nous organisons des sorties d’une journée afin que nos concitoyens prennent conscience de l’existence de ces richesses. Si les distances ne sont pas trop importantes, nous circulons en co-voiturage. Pour nos voyages, d’une durée de deux à trois jours, nous nous promenons en car. Notre dernière escapade, à Rennes, fut un réel succès. Nous restons attentifs aux travaux qui concernent notre ville, vigilants, critiques ce qui, parfois, « agace » un peu les autorités. Certains de nos adhérents, Saintais et non Saintais, prospectent et ne manquent pas de signaler leurs découvertes. Nous tenons le rôle de relais entre les habitants de notre région qui font eux-mêmes des découvertes et ne sachant pas vers qui se diriger pour en parler se tournent vers nous. Nous avons publié des ouvrages dont « Saintes, 2000 ans d’histoire », « Saintes et l’histoire de ses rues », « les recherches archéologiques », les « Cahiers de l’aqueduc », et notre bulletin annuel qui prend de plus en plus d’ampleur et que nous remettons à chaque adhérent, ainsi qu’à chaque auteur des articles qui nous sont confiés. Nous travaillons actuellement à une publication sur « les voies romaines de Saintonge », sous la direction d’Alain Michaud, qui fut président de 1981 à 1983, et sur « les monuments disparus de Saintes » et en particulier les couvents.
Nos publications sont mises en vente dans les librairies, grandes surfaces et sites locaux pour une meilleure diffusion. Nous échangeons nos publications avec près d’une centaine de Sociétés savantes de France et de l’étranger, depuis plus de cent ans, échanges que nous poursuivons encore aujourd’hui.
Notre bibliothèque, compte près de 2000 volumes qui peuvent être consultés par les chercheurs et les étudiants qui, depuis plus de cinq ans, n’ont plus accès au fonds ancien de la ville de Saintes, fermé pour travaux de restauration des collections et du bâtiment. Nous proposons des conférences que nous organisons ou que nous donnons, des visites guidées de l’aqueduc, des Thermes romains de Saint-Saloine, ainsi que des expositions. Nous participons à des salons du livre, ce qui permet de faire connaître notre Société, nos activités, notre rôle au sein de notre cité et de notre région. Nous ne travaillons pas tout seul, « dans notre coin », mais en partenariat avec les autres associations saintaises et régionales liées à la culture, à l’archéologie, au patrimoine. Nous participons, chaque fois que possible à leurs activités que nous transmettons à nos adhérents. Nous répondons présents que ce soit aux Journées nationales de l’archéologie et aux Journées européennes du patrimoine. Nous avons mis en place un site internet, géré de façon très professionnelle par une de nos adhérentes. Nous y proposons les informations sur la Société, les programmations des conférences et autres activités, les liens avec les autres associations partenaires et toutes nouvelles intéressant notre région, l’archéologie et l’histoire.
Les vestiges des thermes de Saint-Saloine |
Passionnant ce travail qui a été fait, ce patrimoine qui a été sauvé et mis en valeur. Je voyais la Société Archéologique comme un monument stérile sans aucune utilité. Continuez tout en préservant notre patrimoine et en préparant les lendemains. Merci
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