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mercredi 8 août 2018

Saintes : la métamorphose de l’hôtel Brémond d’Ars

Dernièrement, une visite de l’hôtel Brémond d’Ars était organisée par Murielle Perrin, animatrice du patrimoine de la ville de Saintes et l’architecte Driss Hafidi. Saluons cette initiative qui permet aux "passionnés" de suivre les aménagements d’un édifice emblématique de la cité santone. Tout comme la Villa Musso sur le Cours National, il fait l’objet d’une vaste opération. L’objectif des investisseurs (la SIR, Compagnie Immobilière de Restauration) est d’y proposer 18 logements dès l’an prochain.

En bordure des rues Martineau et des Jacobins, l'hôtel Brémond d'Ars comprend plusieurs bâtiments datant de différentes époques (construits initialement 
par les familles du Bourg et Gautriaud)
L'entrée rue Martineau gardée par deux lions
En cette matinée ensoleillée qui annonce la prochaine canicule, le groupe est accueilli rue Martineau par Murielle Perrin. Sous le regard des énigmatiques lions (chinois ?) gardant l’entrée de l’hôtel Brémond d’Ars, cette professionnelle du patrimoine présente Driss Hafidi, architecte qui conduira et commentera la visite. Chacun est impatient de découvrir l’avancement du chantier, la façon dont l’espace a été agencé. Les conversations vont bon train, l’endroit étant cher aux habitants.…


Driss Hafidi, architecte indépendant sous-traitant de la SIR, guide la visite
La restauration de cet hôtel particulier intéresse de nombreux Saintais !
Avant d’entrer dans les détails, rappelons que les bâtiments, datant des XVIe et XVIIIe siècles, sont situés en bordure des rues Martineau et des Jacobins. Au XXe siècle, l'hôtel appartenait à la comtesse Jeanne de Brémond d’Ars et son fils Josias, homme politique décédé en 2012.
Avec la disparition du dernier de la lignée, la demeure s’est tue, habitée par les silences qui ont envahi les grandes salles et balayé les riches heures d’autrefois. Tristes, les façades se sont enfoncées dans le temps, figées sous un chape d’oubli tandis que les eaux de ruissellement endommageaient les toitures et s’infiltraient dans les bâtiments.
Les Saintais, qui avaient connu l’édifice débordant de vie, s’interrogeaient sur son avenir. Le laisserait-on dépérir sans rien faire, lui le flambeau d’un quartier et d’une femme au fort caractère dont certains se souviennent encore ?
C’est alors que la Compagnie Immobilière de Restauration (Bordeaux) en est devenue propriétaire avec l’objectif d’y réaliser des appartements de standing. Une restauration passionnante puisque styles et époques se côtoient entre ces murs historiques. Panneaux en bois peint, escalier classé, planchers, cheminées…

Le premier bâtiment (fin XVIe, début XVIIe) avec son bel escalier en pierre
Cette partie a été remaniée au cours des siècles. Sur cette photo, un appartement en cours d'aménagement avec des boiseries du XVIIIe et une cheminée XIXe

La réhabilitation d’un patrimoine dit « fragile »

Depuis plusieurs mois, les corps de métiers s’y succèdent et la « bête noire », le désamiantage (peintures, etc) s’imposait. Ressemblant à des "cosmonautes", les ouvriers en tenue spéciale ne sont pas passés inaperçus. Compte-tenu de l’âge des canalisations d’eau, le réseau a également du être « déplombé ». Une fois ces opérations terminées, est arrivé le traitement des façades et bien sûr des périmètres intérieurs constituant les appartements. « Il s’agit de préserver le patrimoine tout en offrant aux futurs occupants le confort du XXIe siècle. Ce sont des travaux lourds car l’ensemble immobilier est important » souligne l’architecte dont la mission est de réaménager en tenant compte des contraintes légitimes imposées.
Un projet comme l’hôtel Brémond d’Ars mobilise de nombreux partenaires,  économistes, architectes, thermiciens, ingénieurs, comptables, artisans, juristes : « c’est tout une machine qui se met en route de l’étude à la réalisation soumise à un cahier des charges précis. On protège, on assainit, on aménage ». Etant déjà intervenue sur la ville de Saintes, la SIR est bien connue dans le monde de l’immobilier.

Partie construite au XVIIIe siècle par Guillaume Gautriaud, maire de Saintes.
C'est dans cette partie qu'existent des décors peints ainsi que l'escalier et sa rampe classés (la rampe est protégée actuellement par des cartons)
Cheminée en bois
18 logements (du studio au T3) seront donc proposés à la location dans les deux parties « avec leurs distinctions architecturales ». La visite a en effet permis d’apprécier la façon dont les éléments anciens sont conservés dans des espaces où la commodité est privilégiée. L’idée d’un cube central qui regroupe cuisine, salle de bains et toilettes a été retenue (l'originalité est réversible. Si elle lasse, on pourra toujours la supprimer). Pour isoler les appartements du bruit, un verre de 8 mm a été posé sur les fenêtres (pas de double vitrage). 
A l’extérieur, la cour pavée, la fontaine et le puits seront conservés, des jardins créés ainsi que deux places de parking (ce qui semble peu vu le nombre d’occupants). 
Le chantier se poursuit activement. La partie comprenant les boiseries peintes, le bel escalier classé et différentes cheminées (pierre, bois) reste à faire. Un autre bâtiment, dont il ne subsiste que les murs, est aussi concerné. 
Ouverture en mai/juin 2019 avec, entre temps, une autre visite guidée qui sait ?

18 logements au total seront proposés à la location en 2019
L’immeuble, laissé à l’abandon durant des décennies, a souffert du manque d’entretien, d’où des fragilités que les aménagements vont pallier.
Eléments architecturaux préservés

• L’hôtel Brémond d’Ars : Ensemble architectural composé de deux bâtiments. Le premier, érigé en 1572 par la famille du Bourg, doté de trois façades donnant sur la rue des Jacobins, la rue Maurice Martineau et une belle cour intérieure. Le second, daté de 1774, ouvert sur la rue des Jacobins. Pièces intérieures bénéficiant de grandes hauteurs sous plafonds et agrémentées de modénatures variées : rosaces, corniches, panneaux en bois sculpté, moulures et motifs en relief. Planchers massifs d'origine, cheminées d'époque.

• Cette rénovation entre dans la loi Monuments Historiques qui concerne tous les immeubles classés. Elle impose une réhabilitation dans le respect du bâtiment en accord avec les recommandations de l’architecte des B.F. et des autorités. La revente de ces appartements procure un avantage fiscal bien supérieur à la loi Malraux.  

• Aurait-on du réduire le nombre d'appartements où chaque m2 compte ? Un bel espace, sans cube, permettrait de valoriser les éléments architecturaux en offrant une meilleure visibilité. Mais on peut comprendre les investisseurs, l’objectif étant de rentabiliser l’opération.

• Le chauffage sera électrique, l’installation du gaz étant complexe dans un tel bâtiment.

Vue sur le quartier historique de Saintes
Photos Nicole Bertin

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