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jeudi 28 juin 2018

Conseil municipal de Saintes : « un demi-million d’euros pour célébrer l’arc de Germanicus », incompréhension entre la majorité et l’opposition au sujet des fêtes romaines

• Un hôtel Mercure sur le site Saint-Louis via Linkcity ?

A l’approche des fêtes romaines qui auront lieu dans quelques semaines, le conseil municipal, réuni mercredi, a présenté des avis partagés. L’opposition est montée au créneau, soulignant la nécessité de faire appel aux associations saintaises à l’occasion de ces manifestations alors que la mairie a sollicité une société d’Arles, Arelate. L’occasion, pour la majorité, d’apporter des explications. Parmi les autres sujets, la rénovation et la dynamisation du cœur de ville ainsi que l’aménagement du site Saint-Louis…

Jean-Philippe Machon, maire, aux côtés des adjoints
• Lancement du programme Action cœur de ville

Avec Rochefort, Angoulême et Cognac, Saintes fait partie d’un programme national lancé par le Gouvernement « Action cœur de ville ». A une époque où les grandes surfaces, situées extra muros, drainent une large clientèle, l’objectif est de dynamiser les centres ville. « Nous faisons partie des 222 communes sélectionnées » se réjouit le maire qui souhaite conforter l’attractivité de la cité. La convention établie est basée sur cinq axes : offre d‘habitat attractive, développement économique et commercial équilibré, mobilité et accessibilité, valorisation de l’espace public et du patrimoine, équipements et services publics. « Notre objectif est la rénovation et l’innovation, l’un n’allant pas sans l’autre » estime le premier magistrat qui entend lancer le projet dès fin 2018. Parmi les perspectives, la valorisation des deux rives, de la gare au vallon des arènes en passant par l’Abbaye-aux-Dames et le site Saint-Louis.
Membre de l’opposition, Serge Maupouet émet des remarques, se basant sur un article de presse. D’après le journal La Dépêche, ce programme pourrait-il être un simple effet d’annonce ? « Avez-vous des certitudes ? » demande-t-il au maire. « Le comité de pilotage s’est réuni avec les représentants de la Caisse des Dépôts et Consignations. Le préfet a confirmé la réservation des fonds que nous partagerons par moitié avec Rochefort. Les projets se transformeront en actions concrètes » répond le maire.

Allant de pair avec cette opération, la mise en œuvre d’une opération programmée visera à l’amélioration de l’habitat en centre ville. Sont concernés les façades, les logements conventionnés avec travaux et surtout la reconquête des logements vacants au dessus des commerces en centre ville. Soit une enveloppe de 1,8 million d’euros (participation ANAH, Etat, CDA, Ville). « Nous en avons bien besoin pour lutter contre l’habitat indigne en particulier » précise le maire. Sur Saintes, le nombre de ces logements était estimé à 800 à l’époque de Bernadette Schmitt. Et d’ajouter : « nous avons également une architecture remarquable à mettre en valeur. L’important est de convaincre les propriétaires d’investir. Et de trouver des solutions pour que les locaux situés au dessus des commerces puissent accueillir de nouveaux habitants ». 

Le public, attentif !
Les fêtes romaines : « un demi-million d'euros » pour fêter l’arc de Germanicus

De juillet 2018 à août 2019, Saintes organise des fêtes romaines autour des 2000 ans de l’arc de Germanicus. Afin de développer le volet animations, ateliers et reconstitution historique (manifestations qui se dérouleront les 27, 28 et 29 juillet), la mairie a sollicité le concours de l’association Arelate, organisatrice du festival d’Arles depuis plus de dix ans. Elle sera chargée des aspects artistiques et artisanaux ainsi que des ateliers participatifs. Le montant de la prestation est de 42000 euros (5000 euros prestation de l’association, 37.000 différentes interventions).

Cette participation a soulevé les questions de l’opposition, à commencer par François Elhinger : « nous ne sommes pas contre ces animations, intéressantes pour le développement touristique et patrimonial, mais nous sommes étonnés par l’ampleur de la somme engagée. L’ensemble se chiffre à 500.000 euros sur deux ans, soit un demi-million d’euros. Par ailleurs, vous faites appel à des associations extérieures à Saintes alors que vous avez laminé et étranglé les associations locales dont certaines sont en faillite ou ont été privées de subventions. C’est choquant. L’argent des Saintais s’en va à l’extérieur. Dans ces conditions, comment voulez-vous faire vivre la ville ? C’est dommage et regrettable. Ce demi-million ne profitera pas à la commune ». 

La réaction de Jean-Philippe Machon ne se fait pas attendre : « il est de bon ton de polémiquer politiquement. N’allez pas faire croire à la population que les associations sont maltraitées par nous ! Et si certaines sont en faillite, je vous demande de m’indiquer lesquelles… Je n’en connais pas. La municipalité soutient les associations. Quarante d’entre elles participent aux fêtes romaines et sont impliquées dans les activités. Nous n’organisons pas des fêtes pour rien. Nous espérons un public nombreux, d’où des retombées pour les commerçants et l’économie en général, soit un million d’euros de retour pour la ville. Nous ne jetons pas l’argent par les fenêtres, c’est un investissement ». Il conseille à François Elhinger de contacter « Dominique Deren qui vous apportera les explications nécessaires sur les objectifs que nous poursuivons ». L’intéressé reste sur ses positions : « je prends note et nous ferons les comptes ». Très engagée dans la préparation des festivités, Dominique Deren invite son collègue à se rapprocher du groupe qui travaille sur le sujet.

Josette Groleau revient sur les associations : « je viens de feuilleter l’agenda. Leurs manifestations, c’est peau de chagrin ». « Vous savez bien qu’en juillet et août, elles sont moins nombreuses » remarque M. Roudier. Jean-Philippe Machon acquiesce : « Jusqu’à présent, en août, il y avait peu d'animations à Saintes. Cette année, nous avons les fêtes de l’arc, les rendez-vous au jardin, etc. Quant au choix d’Arelate, il sera porteur. Les fêtes d’Arles remportent un grand succès grâce à leur implication ».
Laurence Henry hoche la tête : « cet échange démontre que le public n’est pas assez informé sur ces fêtes et que tous les rapprochements n’ont pas été faits. Vous avez choisi la facilité en payant une prestation. Ils doivent se frotter les mains ! Est-ce que vous avez contacté le creuset local, les lycées agricoles qui savent ce qu’on mangeait il y a 2000 ans ; un recensement des artisans, forgerons, travail du cuir, a-t-il été fait ?  Pour toutes ces raisons, nous voterons contre la somme demandée par Arelate ». Dont acte.

François Elhinger (au centre de la photo) s'est interrogé quant au coût des fêtes romaines
  
Un futur hôtel Mercure sur le site Saint-Louis ?

A l’époque où Jean Rouger était maire, un premier projet avait été mis en place. Le site libéré par l'ancien hôpital Saint-Louis, sur la colline du Capitole, devait permettre la création d'un nouveau quartier en plein centre-ville, sur une superficie de 4 hectares. Le projet, baptisé Saint-Louis-Saintes 2030, avait été présenté au concours d'architecture Europan permettant à de jeunes architectes européens d'imaginer des immeubles, des commerces ainsi que des services publics.
En avril 2011, le projet Conexcité, présenté par l’équipe MWAB, avait été retenu. Il proposait la création d'un éco-quartier constitué de logements et de commerces, regroupés autour de grandes esplanades-belvédères piétonnes donnant sur le centre historique, et offrant des vues panoramiques sur les principaux monuments saintais : cathédrale Saint-Pierre, abbaye aux Dames et basilique Saint-Eutrope.
Le logis du gouverneur (XVIIe siècle) et l'église Saint-Louis (XIXe siècle) auraient été intégrés au nouveau quartier, un grand mail piétonnier permettant de faire la jonction entre le nouveau quartier et le cours Reverseaux.

Election de Philippe Machon en 2014 et changement de décor. Désormais, l’aménagement sera confié à des investisseurs privés. La ville, qui a lancé un appel à projets concernant l’ensemble du quartier, a défini son objectif. Le programme doit comporter des logements de haute qualité résidentielle, un hôtel de standing, une résidence pour personnes âgées (Ehpad) et quelques commerces de proximité et de restauration. Le dossier a été confié à Christian Schmitt.
La première étape, dite de candidatures, consistait à recueillir les offres et sélectionner trois équipes. Il s’agit de Linkcity, Foncière Duval et Nexity. Leurs propositions ont été acceptées en novembre 2017. L’audition des parties s’est déroulée les 18 et 19 avril derniers pour une remise des offres le 15 mai. Le lauréat sera officiellement désigné lors du conseil municipal, en septembre prochain, décision qui débouchera sur une signature entre la ville et l’investisseur retenu. Pour l’instant, Linkcity est arrivé premier après l’analyse des dossiers par les comités technique et de pilotage, devant Foncière Duval et Nexity. « Nous sommes tenus à la confidentialité » explique Christian Schmitt.
Cette réflexion a l’heur d’irriter Josette Groleau : « ce n’est pas un projet, c‘est une vente à la découpe. Les Saintais vont être dépossédés du quartier Saint-Louis. Les habitants en seront-ils réduits à admirer les seules pelouses et à prendre l’ascenseur qui offrira un accès plus aisé au belvédère ? ». Christian Schmitt rétorque que 61 logements sociaux seront réalisés. « Parce que vous y êtes obligés. Cela fait partie des accords signés avec l’ancienne Région que présidait Ségolène Royal. Si vous ne les faites pas, vous serez obligés de rembourser la somme qui a été versée » répond Josette Groleau. Promesse de Christian Schmitt :  « nous tiendrons les engagements pris par une précédente municipalité ». 

Laurence Henry déplore la situation des futurs logements sociaux qui donneront sur l’extérieur. « Comment pouvez-vous dire cela puisque les plans n’ont pas été présentés ? » s’étonne Christian Schmitt.  « Je les ai vus » assure sa collègue. Un blanc suit… car les personnes chargées du dossier sont tenues à la discrétion. Bref, y aurait-eu des fuites ?

Dans les rangs, il se murmure que Linkcity, proche du groupe Accor, pourrait remporter le marché. Dans ces conditions, un hôtel Mercure verrait-il le jour à Saintes ? Pour l'instant, on l'ignore. D’où les interrogations d’un hôtelier du secteur : « on devrait tenir la population au courant ». Affaire à suivre.


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