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mardi 19 juin 2018

Connaissez-vous l’histoire des retables de Soubran et Champagnolles, le sauvetage de l’église de Petit Niort à Mirambeau ou les étranges chapiteaux de Consac ?

Ces visites étaient organisées samedi dernier par la Société des Archives Historiques de la Saintonge et de l’Aunis que préside Marc Seguin. Comme à l’habitude, un programme détaillé, véritable découverte du patrimoine, était proposé...

La matinée était consacrée à l’assemblée générale et au renouvellement du bureau qui comporte des changements. En effet, Pascal Even a été élu président, Marc Seguin devient secrétaire et Jacques Boucard succède à Philippe Gautret au poste de trésorier. A noter le dynamisme de cette association qui fonctionne toute seule, c’est-à-dire sans subventions de la part des collectivités, et parvient à publier des ouvrages dont le dernier volume (écrit par Marc Seguin, Jacques Boucard, Pascal Even, Didier Poton, Alain Michaud, Jean-Paul Gaillard et Frédéric Chassebœuf) a été officiellement présenté. Le volume XLIX devrait sortir en 2019.

L'historien Alain Michaud lors d'une présentation. Derrière lui, Marc Seguin, 
Alain Braastad et Pascal Even
• Petit Niort (Mirambeau) : célèbre pour son claustra

La renaissance de l'église de Petit Niort

Après le déjeuner servi au restaurant Le Vitrezay, le groupe d’une quarantaine de personnes était invité à découvrir l’église de Petit Niort dont la renaissance sera saluée lors des journées du patrimoine, en septembre. Un sauvetage qu’on doit à l’opiniâtreté du maire, Sylvie Rodeau, bien inspirée puisque cette magnifique église était initialement celle de la paroisse de Petit Niort dont dépendait Mirambeau (l’édifice religieux du centre bourg date, quant à lui, du XIXe siècle).
Le monument a failli mal finir, victime des intempéries et du désintérêt de certaines municipalités qui n’étaient guère inspirées par la sauvegarde du patrimoine. Il est vrai que cette église avait déjà souffert lors des guerres de religion, d’où sa façade en arc de triomphe, « fausse interprétation comme pour Echillais » souligne Marc Seguin. Il lui manque tout simplement le fronton cassé par les assauts des protestants au XVIe siècle.
Petit Niort était une une halte pour les voyageurs entre Saintes et Bordeaux, ville où se trouvait le Parlement. L’historien fait état d’un messager de la ville de Saintes, armé d’une arquebuse, qui transportait les sacs à procès.


Outre sa crypte, la particularité de Petit Niort est sa fenêtre appelée claustra ou fenestrelle, comme on peut en voir dans l’Egypte ancienne. Selon Alain Michaud, il s’agit de l'élément d’une église antérieure, l’ensemble ayant été "refaçadé" au XIIe siècle. Fenioux en possède également. A découvrir une croix hosannière dans les environs.

• Soubran/Champagnolles : un retable peut en cacher un autre

Marc Seguin conte l’histoire de cette commune où eurent lieu des fouilles (fours gallo-romains) conduites par la société archéologique de Jonzac. Parmi les personnages célèbres, un seigneur de Soubran fut le premier capitaine d’Agrippa d’Aubigné.

Le retable de l'église de Soubran
Pascal Even poursuit par l’aventure du retable de Soubran qui met en scène celui de Champagnolles. Alors qu’il était responsable des Archives départementales de Charente-Maritime, il réalisa un inventaire du mobilier religieux. Ses pas le conduisirent en Haute-Saintonge, à Champagnolles en particulier. Voilà qu’en l’église de cette commune, il aperçoit, tel un gisant, un retable en bois sculpté pourrissant sur le bas-côté. Une habitante, Henriette Rat, lui détaille la situation dans laquelle est plongé le malheureux témoin d’une époque révolue. La DRAC (direction des Affaires Culturelles) est alors saisie, mais elle se heurte à l’incompréhension de la mairie : pas question de mettre un sou dans cette relique ! L’épouse du directeur, Mme Brochard, est envoyée en ambassadrice. Rien n’y fait ! Lors d’une réunion de la Communauté de Communes de Haute Saintonge, le maire de Champagnolles propose son retable à qui le voudra. Le maire de Soubran se porte acquéreur. «  Je suis preneur » dit-il. Pacte conclu.

Face à ce rebondissement, Pascal Even revient à la charge. Il est invité à participer au conseil municipal de Champagnolles où il s’exprime en fin de séance. Ses arguments sont tels que les élus finissent par adopter le principe d’une restauration… à condition que la dépense ne soit pas colossale. Ce sera le cas grâce à un montage financier orchestré par la DRAC. Le retable retrouve sa beauté d’origine.
C’est alors qu’entre en scène le curé de Champagnolles. Il le trouve trop conséquent, trop voyant, ce retable. Bref, il n’en veut pas ! Pascal Even ne voit qu’une solution qu’il soumet au maire : attendre que l’intéressé soit en vacances pour l’installer. Ainsi soit-il. Lorsque l’homme d’église revient, il est bigrement contrarié. L’Eternel l’incitant à la tolérance, il finit par l’aimer, ce retable, qu’on peut toujours admirer dans l’église de Champagnolles !

Et Soubran, direz-vous ? La commune a été chanceuse. Un retable, propriété d’une ancienne communauté religieuse de Charente, gît dans les herbes folles. Il est offert (gratuitement) à Soubran qui le récupère, le restaure et l’installe dans l’église où il est du meilleur effet.
Tout est bien qui finit bien.

Les fonts baptismaux (Soubran)
 • L'église de Consac :

Mystérieux chapiteaux pré-romans

Cette église a été doublée d’une chapelle latérale au XVIe siècle, construite par les seigneurs des lieux. A noter la présence de litres funéraires (bande noire en hommage à un défunt). Autre particularité, la partie la plus ancienne présente des chapiteaux primitifs de type byzantin avec des décors géométriques, des entrelacs qui pourraient appartenir à une construction antérieure. Ont-ils été réutilisés ? Enigme à résoudre.

Visite commentée par Marc Seguin et Alain Michaud


Les seigneurs des lieux, des représentations peu flatteuses…
A l’extérieur, une borne gallo-romaine est à découvrir.


Que de sites à découvrir en Haute-Saintonge !
La visite s’est terminée par un élégant château de la région de Saint-Genis dont la propriété produit du pineau et du cognac. Le parc, créé par les frères Bühler au XIXe siècle, possède des arbres remarquables.

• Contact avec la société des Archives : 8 rue Mauny 17100 Saintes

Active, la Société des Archives historiques publie de nombreux ouvrages
Photos © Nicole Bertin

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