Pages

lundi 7 mai 2018

Saintes : Invité par La Plume des Fadets, Jean-Louis Berthet a présenté un Saintongeais célèbre, Jules Dufaure, l'homme de la République

Récemment, La Plume des Fadets avait le plaisir d'accueillir Jean-Louis Berthet qui a écrit une biographie de Jules Dufaure, publiée aux éditions Le Croît vif/Les Indes savantes. Un avocat et un homme politique à la carrière bien remplie, mais pas seulement... 
Compte-rendu de Michelle Peyssonneaux, présidente de l'association

Jean-Louis Berthet
En préambule, Jean-Louis Berthet explique que, bien que n’étant pas d’origine charentaise, sa vocation lui semble être d’écrire des livres consacrés aux Charentais oubliés. Après les biographies du député bonapartiste Gustave Cunéo d’Ornano, le dernier député bonapartiste, celle de Géricault, le peintre du radeau de la Méduse et celle d’Emile Gaboriau, le père du roman policier, il nous livre, maintenant, le récit de la vie et de la carrière de Jules Dufaure, l‘homme de la République, importante figure politique du XIXème siècle, né près de Saujon.
Ce Saintongeais n’était d’ailleurs pas vraiment oublié dans sa province natale puisque une grande avenue de Saintes porte son nom. Malgré cela, il faut bien avouer que la plupart des habitants de notre ville avaient, jusqu’à ce jour, bien du mal à le situer. Justice est faite, au moins pour ceux qui assistaient à la conférence ou qui liront le livre.


Grâce à Jean-Louis Berthet, nous savons maintenant quel personnage de premier plan fut le Charentais Jules Dufaure qui, de la Restauration à la présidence de Mac Mahon sous la Troisième République, occupa le devant de la scène politique dans notre pays avec, malgré tout, une « traversée du désert » de vingt ans sous le Second Empire, période durant laquelle il sut se contenter d’exercer au mieux son métier d’avocat, pour lequel il jouissait d’une réputation incontestée. Rien de tel que le récit de son parcours pour démontrer que, dans notre pays, le passage de l’Ancien Régime à la République, ne fut pas chose facile. En son temps, Jules Dufaure a peut-être été un des rares à comprendre les vrais enjeux et à s’appliquer à sauver l’essentiel, comme le démontre brillamment son biographe qui, visiblement, n’ignore rien des arcanes du pouvoir.
Ce Sage fut, hélas, mal compris de ses contemporains qui l’accusèrent d’être un abominable réactionnaire, lui qui s’est toujours défini comme libéral et républicain. Il n’est pas sûr, si l’on en croit certaines critiques actuelles, que le malentendu ne dure pas encore aujourd’hui...

Après avoir accompli son temps de collège à Vendôme, dans le même établissement que Balzac, le jeune homme continua ses études à Paris, avant de s’inscrire au barreau de Bordeaux. C’est sous la monarchie de Juillet, en 1834, (il avait trente-six ans) qu’il fut pour la première fois élu député de la circonscription de Saintes, alors que régnait encore le suffrage censitaire. A quarante ans, ministre des Travaux publics dans le gouvernement Soult, il œuvre pour l’avènement du chemin de fer dans notre pays. Opposant à l’Empereur Napoléon III, après l’invasion prussienne et les évènements de la Commune, on le retrouve ministre de la Justice dans le gouvernement de Thiers, une tâche ingrate, puisqu’il est chargé de faire appliquer les peines attribuées aux fauteurs de troubles.
Profondément républicain, mais adversaire des révolutions, il travaille à la fondation des lois établissant la constitution de la IIIème République. En 1876, il devient, sous le président Mac Mahon, le premier président du Conseil des ministres de la IIIème République. Il a alors soixante-dix-huit ans. En raison de son éloquence d’avocat, saluée par ses contemporains, l’Académie française l’avait reçu parmi ses membres en 1863.

En contrepoint de sa vie politique et professionnelle bien remplie, il ne cessa jamais de maintenir son lien avec les Charentes, gérant avec compétence son domaine de Vizelle à Grézac, endroit où il séjournait longuement tous les ans, généralement en famille, car, après avoir été un fils affectueux (ses lettres à son père en témoignent), il fut un époux et un père sans reproches, se plaisant au milieu des siens. C’est encore une de ses descendantes qui est, aujourd’hui, propriétaire du domaine.
Alors, pourquoi cet oubli ? Son biographe estime qu’il fut desservi en particulier par une étiquette de « bourgeois » et par son adhésion à l’Eglise catholique en un temps où l’anticléricalisme était de plus en plus prégnant.

Après nous avoir gratifiés de ce brillant exposé, le conférencier, qui, rappelons-le, est un haut fonctionnaire à la retraite, ancien collaborateur de différents ministres, consentit à parler de ses autres écrits. Outre les biographies citées au premier paragraphe, on trouve parmi ceux-ci un charmant roman intimiste Elle, Balzac et moi, une autre biographie intitulée Un curé de campagne au pays du cognac et, reflet de son expérience d’élu dans une commune de la Charente, Une éducation politique en pays charentais, tous ouvrages publiés par Le Croît vif comme ceux cités précédemment. Environ vingt-cinq personnes assistaient à cette conférence à la salle Saintonge. Il est regrettable qu’au vu de l’importance du personnage étudié, la presse locale ne se soit pas impliquée de manière plus significative...

Une conférence passionnante
 Prochains rendez-vous :
 
• Salle Saintonge numéro 5 à 16 heures mercredi 16 mai : D'une guerre à l'autre, le destin tourmenté d'une Saintaise avec Harry Duverger, auteur de "La femme bannie"
Mercredi 13 juin : Hommage à Jean-Claude Lucazeau par ses amis (Pierre Péronneau, Pierre Dumousseau, Edmond Mâchefert)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire