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mercredi 7 février 2018

Saiintes : Lettre ouverte de Cécile Trébuchet, présidente de Médiactions, à la municipalité

• Concernant le projet municipal autour de l’amphithéâtre


La présidente de Médiactions, association qui s'inquiète de l'installation de gradins aux arènes, édifice vieux de 2000 ans, monte au créneau dans cette libre expression. « Non, Monsieur le Maire, nous n’attaquons pas votre projet. Nous alertons » dit-elle à Jean-Philippe Machon.
L'assemblée générale de Médiactions se déroulera samedi 10 février prochain à 14 h 30 salle Saintonge à Saintes.
« Le projet municipal autour de l’amphithéâtre prend de nouvelles formes. Il n’est « pour l’instant » plus question de grandes scènes d’opéra ou de Blues Passion, installées sur les vestiges fragilisés, les intempéries et les décibels des spectacles : créateurs de tremblements des pierres en sous-sol. On nous présente un projet faramineux et idyllique de Saintes dans 10 ans. Un projet avec de bonnes idées, dans son ensemble ; un projet dangereux dans ses « détails ». 

En apparence, donc, nous ne pourrions qu’être satisfaits des changements de discours, même si, toute analyse est pour l’instant dépourvue de ligne budgétaire (ce qui reste un point essentiel dans un cahier des charges, quand il s’agit de l’argent des contribuables). Faisons comme si le souci financier n’existait pas et tenons compte simplement des projets annoncés dans l’article.

Toujours non pour le projet des gradins


Alors, je réitère. Selon Monsieur le Maire, son « projet a été attaqué avant d’en connaître les objectifs ». Pour l’instant, dit-il, « nous attendons le rapport des études effectuées aux arènes ».
Non, MédiaCtions n’a pas « attaqué » plus tôt que nécessaire, preuve en est d’ailleurs de l’amélioration des projets « globalement »... Et non, Monsieur le Maire, nous n’attaquons pas. Nous alertons. La différence, c’est qu’une alerte ne fait pas de notre maire, une victime. Une alerte protège et dans le cadre de nos actions actuelles, seuls l’amphithéâtre en sa fragilité et le devenir de notre cité nous intéressent.
Nous n’avons pas trop de temps non plus pour pinailler et rédiger une dissertation sur les confusions entre « intention et décision ». Il y a belle lurette que les gradins sont décidés dans l’amphithéâtre sans écouter personne, et soyons clairs une nouvelle fois : Nous disons non et nous sommes 7400 personnes à dire non. Notre pétition sur le net a été en effet redoublée par une signature papier auprès des Saintais. Le désaccord vient surtout du fait que ce ne sont pas les « objectifs » des gradins qui nous interpellent, mais leurs conséquences sur le monument. Est-ce là, aussi, une incompréhension majeure entre nous et la municipalité ?

Je cite : « L’intention conduit à des études et des analyses qui déterminent le projet futur. Ensuite, une décision est prise. Dans le cas des gradins, on nous soupçonne d’avoir mis la charrue avant les bœufs ! ». Mais bien sûr que la charrue a été mise avant les bœufs et tous les visiteurs et amoureux de l’amphithéâtre dans la même charrette ! Même les projets festifs rédigés par la municipalité pour 2018/2019 attestent de la présence des gradins. Or, aujourd’hui, il est urgent d’analyser les comportements touristiques et de se rendre compte qu’au-delà de l’importance des nouvelles technologies et de la dimension numérique à donner à toute structure d’accueil, le tourisme de demain s’appelle un tourisme durable, ayant un sens pédagogique, un respect des environnements naturels et le respect des authenticités des lieux visités. En tant que conférencière en patrimoines et formatrice en tourisme, je persiste et je signe.

Quant aux fouilles préventives, elles ne sont pas le fait d’une prudence municipale, mais d’une obligation émanant des lois nationales concernant les monuments classés. Et quand bien même cela reste légal, n’est-ce pas inquiétant d’avoir les mêmes personnes mandatées à la rédaction des procès- verbaux de la faisabilité des gradins et par la même occasion à leur construction ? Il n’est donc pas question pour les membres de MédiaCtions de s’interroger uniquement face aux observations prochainement données par les archéologues, sauf d’attendre de leur part un projet de consolidation des pierres que l’on sait en souffrance depuis des années.
La décision ensuite d’installer des gradins dans ce superbe monument ne relève en aucun cas d’un choix d’archéologues, mais du propre chef de Monsieur le Maire, entouré d’un comité déjà convaincu du bien-fondé des gradins.

Pourquoi la Société d’Archéologie ne fait-elle pas partie du comité ainsi que les éminents auteurs et archéologues connus dans notre cité ? Que disent les représentants de la Drac installés à la table ronde des décisions, de la destruction de l’amphithéâtre de Fréjus ? Ce sont bien les mêmes spécialistes agissant au nom de la Drac, qui, en ce lieu ravagé par la modernité, parlaient de gradins réversibles et donnaient leur « grâce » à ce qui est devenue une catastrophe archéologique et esthétique.

Le monde entier sait que les basses fréquences, lors de spectacles, dégradent les pierres des monuments par les sous-sols. Manque-t-il la preuve à Saintes ? Comme c’est dommage ! Il est donc à penser que les spécialistes des années 90, qui ont décidé l’interruption des scènes ouvertes au sein de l’amphithéâtre, suite à la dégradation du site, ne sont que des spéculateurs et des charlatans, privant Saintes de spectacles ? Où donc était la Drac lors de ces décisions, entre 1996 et 1999 ?


Structure d’accueil et musée ? 

Au-delà de toutes ces questions, permettez-moi aussi, à titre personnel, de m’interroger quant au contenu des nouvelles structures d’accueil envisagées. Imaginons qu’elles soient inversées pour une entrée par le vallon. Cela peut être une excellente idée, pour protéger le quotidien des résidents et les trafics des bus et du stationnement des particuliers, au risque de sacrifier quelques arbres dont ceux « malades » extraordinairement bien placés pour l’anticipation du projet.
Je n’en serai satisfaite que le jour où l’on m’expliquera où sera installée la salle de projections pour les visiteurs, la salle d’accueil pour les visites scolaires, la salle d’étude pour les conférenciers que nous sommes. Il m’importe peu, en effet, de recevoir quelques doctorants et un restaurant, si je ne sais pas accueillir les visiteurs, tous les enfants des villes avoisinantes pour des stages en patrimoine, des projections de conférences. Nous voulons une salle d’étude – c’est un détail là encore, certes, mais pensons-y ! Car après, il sera trop tard. J’en ai assez d’accueillir nos visiteurs, petits ou grands, en bonne santé ou porteurs de handicaps, enfermés dans un bus depuis 25 ans... dès qu’il pleut sur Saintes !

Faut-il que le prochain musée soit, par ailleurs, sur le site de l’amphithéâtre ? N’est-il pas le risque de cloisonner les quartiers au lieu de les relier ? C’est une question d’urbaniste et j’imagine que cela aussi est étudié avec des personnes ayant les compétences pour y répondre ? Je rêvais pour ma part d’un site Saint Louis avec ce grand musée historique saintais, reliant la ville basse et la ville haute, véritable transition vers l’amphithéâtre. Je rêvais...
Faut-il un musée exclusivement lapidaire sur la thématique de la romanité ou la friche Saint-Louis n’était-elle pas l’opportunité pour parler d’un musée historique, alliant la ville romaine et la ville romane, la ville classique et la ville cheminote ? Quitte à rêver de la présence de l’extraordinaire architecte américano-canadien Frank Gehry dans notre cité, j’aurais préféré qu’il nous invente un Musée racontant la ville depuis 2000 ans et non exclusivement la ville il y a 2000 ans ! Le Centre d’interprétation de l’architecture saintais joue-t-il vraiment son rôle de « transmission des connaissances » actuellement dans notre ville labellisée Ville d’art et d’histoire ? J’en doute !
Je réalise aussi, avec déception, que Saintes dans 10 ans n’aura toujours pas de salle de spectacles digne de ce nom. Dommage pour nos jeunes, qui ne sont pas forcément enthousiasmés par l’unique programmation musicale de l’Abbaye-aux-Dames.

Il aurait été bien de discuter de tout cela ...mais là encore tout est question d’intention et de décision ! « Une intention est cependant toujours la première pierre que l'on pose à l'édifice d'un projet » disent les réalisateurs de métier.

Au nom de MédiaCtions, Cécile Trébuchet 
Groupe Citoyen pour la Préservation des Patrimoines Culturels et Naturels
86 bis rue du Général Sarrail 17100 SAINTES

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