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jeudi 18 janvier 2018

L'adieu à Philippe Marchand au cimetière de Clam : « Merci pour le merveilleux chemin partagé avec nous »

C’est samedi dernier qu’avaient lieu les obsèques de Philippe Marchand, homme politique bien connu, à l’Abbaye aux Dames de Saintes puis à Clam où s’est déroulée l’inhumation

Jean-Jacques Pichon, maire de Clam, a rendu hommage à Philippe Marchand
Philippe Marchand était un homme simple. Loin des ors de la République qu’il avait côtoyés quand il était ministre ou des lustres du Palais Bourbon, il a choisi pour dernière demeure le petit cimetière de Clam. Un lieu de paix où repose son ami de toujours, Henri Vion, qui fut premier magistrat de cette commune proche de Jonzac. Et quel premier magistrat doté d’un sacré caractère et d’un souci farouche de l’égalité ! Il faisait partie de ces Socialistes de la première heure qui croyaient en un monde équilibré et surtout plus juste. Il n’est pas étonnant qu’il ait soutenu Philippe Marchand quand il brigua pour la première fois la députation sur l’arrondissement de Jonzac. Il voyait en cet avocat brillant la relève nécessaire. Que Philippe Marchand ait gardé, des heures passées avec Henri Vion à refaire le monde et échafauder des stratégies de campagne, d’agréables souvenirs n’a rien d’étonnant. Et qu’il ait choisi de reposer à Clam s’inscrit dans la même logique.

Autour d’Odile, son épouse, ses enfants et la famille réunie, plusieurs allocations ont été prononcées. L’actuel maire de Clam, Jean-Jacques Pichon, raviva le temps d’avant en « écartant les fougères », expression du langage fleuri de son prédécesseur :  « A la fin des années 70, les capacités de persuasion et d’éloquence de Philippe Marchand ont rapidement convaincu le parti socialiste de Mirambeau/Jonzac de l’intérêt de son investiture. J’ai souvenance de diverses campagnes électorales et des réunions qui s’enchaînaient dans le Sud Saintonge. Je revois aussi des scènes assez surréalistes pour les habitants de Clam où, équipé d’une canne à pêche, le ministre de l’Intérieur, accompagné de son garde du corps, titillait le poisson dans le Clône en plein centre du village ».
A ces anecdotes personnelles, s’ajoute la carrière professionnelle. L’élu insista sur les lois de décentralisation à l’origine de la création de la Communauté de Communes de Haute Saintonge : « Philippe Marchand y a largement contribué. Par ailleurs, il a permis aux Rochelais une reconnaissance de ce territoire, eux qui voyaient les limites du département à Saintes et non pas à Saint-Aigulin. Son ambition pour la Haute Saintonge s’est inscrite dans la continuité avec l’arrivée à la présidence du Conseil général de Claude Belot, opposant politique certes, mais néanmoins ami de terrain car attaché comme lui à cette belle région ».
A ses côtés, Claude Belot acquiesça. Philippe Marchand faisait partie des élus qui se sont mobilisés pour dynamiser le secteur. Il rendit hommage à « ce grand gaillard qui parlait fort » rencontré à l’université de Poitiers. « Comme Michel Crépeau, Josy Moinet ou encore Jean-Louis Frot, il a soutenu une Charente-Maritime qui voulait réussir ».

Archives : Quand deux anciens présidents du Conseil Général se rencontrent, 
Philippe Marchand et Josy Moinet
Succédèrent des témoignages fraternels sur les relations qui se tissent entre les êtres par sympathie et affinités, comme les décrivait si bien Montaigne : « Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne peut s'exprimer qu'en répondant : parce que c'était lui, parce que c'était moi ».

« Je te vois partir au volant de ta Spitfire rejoindre l’assemblée de tes ancêtres »

Après salué le courage, la dignité et la générosité dont ont fait preuve les membres de la famille de Philippe Marchand, Brahim Benaoum évoqua des moments chaleureux, des instants de partage tels que les célèbres rencontres du samedi matin à Saintes où le groupe baptisé « petit cercle du marché » refait le monde, chacun avec ses convictions : « Je porte avec honneur la lourde responsabilité de te témoigner notre amour inconditionnel et indéfectible. L’amour de ce cercle. Un amour tel que pour te parvenir, il traversera les frontières matérielles grâce à la force de l’esprit ». 

Incomparables vertus de la complicité : « Dès les premiers échanges, nous étions enveloppés par ta paisible et intense force de vie, animés par ton incroyable vivacité d’esprit et instruits par ton imposante mémoire. Au fil des rencontres, nous avons découvert un mari amoureux, un père affectueux, un grand-père tendre, un ami fidèle, un grand homme politique humble, un humaniste convaincu, un pêcheur de truites et saumons modeste, un talentueux danseur. Une certitude en nous s’est fait jour : nous étions liés à un homme responsable. Responsable de la mission de vivre qui lui avait été confiée et responsable d’aider les autres à en prendre conscience ».

Et ce moment douloureux de la séparation, Brahim Benaoum a trouvé les mots sincères, à la fois touchants et drôles, sur des épisodes de la vie, sources de sourires dans la tristesse : « rencontre avec un berger dans un village en ruine d’Aragon ; musiciens espagnols invités jouant devant une dizaine de spectateurs et pour l’ensemble, un couscous destiné à une centaine de personnes ». Un bref aperçu du quotidien « où il était difficile de distinguer qui de vous deux, Odile et toi, a suivi le rythme de l’autre et qui de vous deux s’est adapté au tempérament de l’autre. Assurément, la mécanique de l’ensemble a fonctionné sans encombre, aussi longtemps, grâce à un bain d’amour à niveau constant ».

Il conclut ce vibrant hommage par des paroles émouvantes : « Merci pour le merveilleux chemin partagé avec nous. Merci de nous avoir ménagés tout au long de ta maladie. Cet acte d’amour et de courage confirme la grandeur de ton âme face à la souffrance et l’adversité. C’est ainsi que tu as toujours géré tes confrontations aux obstacles de la vie ; stoïque mais sans la dureté qui s’associe parfois à ce type de posture, gratifiant généreusement les autres du sentiment que tu as néanmoins besoin d’eux. Pour se dire adieu et afin de garder de toi un souvenir de vie, je t’imagine, mon ami Philippe, en train de te mettre debout, la tête haute, souriant et élégant comme toujours. Je t’imagine nous faire un clin d’œil rassurant puis un bisou, lancé affectueusement à tous. Je te vois nous tourner le dos et aller chausser ta Spitfire qui t’attend sagement dehors sur le trottoir. Je te vois prendre fièrement la route qui te conduira vers l’assemblée de tes ancêtres ! Shalom, Salem, Adios ».

Philippe Marchand repose non loin de son cher ami Henri Vion. Nul doute que "là-haut", ils ont des choses à se raconter sur les moments qu’ils ont partagés et l’actualité qu’ils suivaient avec attention et suscitait de leur part des commentaires réalistes et avisés.

Archives : inauguration de l'Abbaye aux Dames avec François Mitterrand et Michel Baron

• Philippe Marchand s’en est allé en janvier, comme François Mitterrand dont on a fêté la date anniversaire de la disparition le 8 janvier dernier.

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