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jeudi 5 octobre 2017

Pour redonner vie à l’église de la Gripperie Saint-Symphorien, l’artiste Jean-Michel Bénier a eu une idée géniale !

Il a imaginé, en effet, de peindre plusieurs grandes scènes sur l’un des murs intérieurs de l’église (œuvres qu’il a a offertes à la municipalité) dont les personnages sont des habitants de la commune et de la région. Un ensemble exceptionnel et inattendu dans cet édifice qui nécessite d’importants travaux de restauration.

Détail de l'un des tableaux
Que faire quand on a une fort belle église dont certaines parties menacent de s’effondrer ? Depuis la séparation de l’Eglise et de l’Etat, les municipalités ont la charge des édifices religieux. Et trouver des financements n’est pas évident, surtout quand ils dépassent le million d’euros de travaux. Il faut alors faire preuve d’imagination et associer les bonnes volontés qui peuvent apporter leurs pierres respectives à l’édifice.

L'artiste Jean-Michel Bénier (© Nicole Bertin)
 « Athée tout en gardant le sens du sacré », l’artiste Jean-Michel Bénier souhaitait à l’église de la Gripperie Saint-Symphorien, construite au XIIe siècle dans le marais de Brouage, meilleure perspective qu’un abandon. Il a alors proposé au premier magistrat, Denis Rouyer, de réaliser une fresque comme on en voyait autrefois dans les églises romanes. Elles mettaient alors en scène la vie des saints autour du Christ. Pour les fidèles du Moyen-Age ne sachant ni lire, ni écrire dans la majorité des cas, ces représentations permettaient de comprendre le message délivré par les écritures.

Les trois panneaux peints par l'artiste
Le premier panneau situe la Gripperie Saint-Symphorien (à gauche, le maire)
Hildegarde von Bingen, mystique du XIIe siècle
Le peintre a fait évoluer ce concept en introduisant dans les tableaux qu’il a conçus des gens du cru. Sa façon à lui de réaliser un travail correspondant pleinement au XXIème siècle.
Dans un premier temps, il envisageait une fresque a fresco, à la manière des Italiens, mais les Bâtiments de France n’ont pas donné leur feu vert. Par contre, la DRAC et l’Evêché ont accepté l’installation de trois grands panneaux (de 4,50 m x 2,20 m) sur lesquels l’artiste a exprimé son talent. Pendant 4 mois (avec, signe de l’Eternel, un petit lézard qui venait tous les jours lui tenir compagnie), il s’est attelé à la tâche et bientôt, les personnages se sont animés. « Au départ, les gens du village étaient un peu réticents à servir de modèle, puis ils ont compris que la démarche était de valoriser l’édifice et le sortir de sa léthargie. Ils sont alors venus nombreux » se souvient-il. S’y ajoutent des comédiens, des habitants « hors commune » et même les deux petits-fils du peintre !
L’église de la Gripperie Saint-Symphorien est le plus souvent fermée à part quelques cérémonies, baptêmes, mariages ou enterrements. Une messe y est dite une fois par an. En sauvant l’édifice, non seulement des offices supplémentaires pourront y être organisés, mais aussi des concerts, des expositions. Le curé fait d’ailleurs partie des sujets immortalisés par Jean-Michel Bénier. On le voit au milieu d’un cantique...


Une souscription est ouverte

Les trois panneaux attirent tout de suite le regard. Le premier situe La Gripperie Saint-Symphorien avec latitude et longitude s’il vous plaît. Les couleurs sont vives, le décor champêtre veillé par une Vierge à l’enfant, dite de la Miséricorde, inspirée d‘un tableau du XVème siècle exposé à Bruges. Symphorien y apparaît. «  Symphorien  » signifie «  Celui qu’on porte avec soi  » ou «  Celui qui nous porte avec lui  », c’est-à-dire quelqu’un dont la présence est bienfaisante. Il aurait subi le martyre sous Marc-Aurèle autour de l’an 180.
Sur le second, les teintes chaudes ravivent la Terre et le Cosmos tandis qu’un hommage est rendu à la Vierge de Bellini - qui se trouve à Venise - et à Hildegarde von Bingen, religieuse bénédictine mystique, l’une des femmes les plus lumineuses du XIIe, « siècle de la construction de l’édifice ».
Le troisième tableau rappelle la condition humaine face à l’Eternité. Tandis qu’un ange rayonnant apparaît dans le ciel, annonciateur de la bonne nouvelle (« today was a good day » peut-on lire sur le tee-shirt d’un adolescent), les hommes et les femmes contemplent cette incarnation céleste, incités à ne pas commettre l’erreur de la Tour de Babel où leurs différences de langages les rendirent inaudibles. Cette fameuse Tour, qu’immortalisa Pieter Brueghel l'Ancien, a inspiré un bel ouvrage à Jean-Michel Bénier !
« En réunissant des êtres du passé à des personnes contemporaines, nous préparons l’avenir » explique l’artiste. Un jour, en effet, ces tableaux, qui représentent une physionomie de la commune et l’église de la Gripperie Saint-Symphorien en 2017, apparaîtront comme des témoignages. D’autant que des textes figurent dans chacune des toiles ainsi que des visages à décrypter comme celui de George Orwell qui avait pressenti, dans son ouvrage 1984, la manière dont l’humanité serait fichée. Le travail de Jean-Miche Bénier serait-il un clin d’œil à la liberté individuelle de penser ? Il n’est pas interdit… de le penser précisément : « quand on travaille ici, chaque bruit est répercuté. On entre en résonance avec ce qui inscrit dans les murs depuis huit siècles » souligne l’artiste dont l’esprit, contemplatif, avance sur le chemin de la connaissance. Hors des toiles numériques et autres manipulations, minutieusement tissées, qui finissent par nous emprisonner !
Des petits cailloux blancs sont semés au cœur de ses œuvres. Ses peintures saisissent par la grandeur des visages, la beauté des ciels et des paysages et l’envie d’absolu qui s’en dégagent.

Visage rayonnant
Souvenirs...

Un second travail est programmé sur le mur d’en face. Il comprendra deux tableaux, l’un dédié à la nature, toujours avec des personnages, et l’autre avec des hommes politiques qui se réunissent pour parler de la République. Une page ouverte sur l‘actualité. « J’aime poser ma palette ici. C’est un endroit merveilleux, symbole de partage et de fraternité » dit-il. Le jour du vernissage, il y avait beaucoup de monde, chacun étant heureux de découvrir l’expression artistique et, disons-le, les habitants mis en scène. Ceux-là pourraient dire « j’y étais » ! Parmi les invités, l’ancien ministre Jean-Pierre Raffarin a porté une attention particulière à cette démarche sortant des sentiers battus.

Une souscription est ouverte. Si vous souhaitez encourager ce nouveau projet et aider la mairie à achever ses travaux de restauration, vous pouvez consulter le site www.fondation-patrimoine.org ou téléphoner au 05 46 83 41 49. Pour la découverte des œuvres, contacter Jean-Michel Bénier au 07 86 37 80 77. La visite vaut le détour !

Hommage aux habitants ayant servi de modèle et au petit lézard, compagnon du peintre !
Saint Symphorien
• L’Église de la Gripperie Saint-Symphorien

Les parties les plus anciennes de cet édifice mêlant les styles romans et gothiques remontent au XIIe siècle. Construite initialement sur un plan en forme de croix latine, cette église devient rapidement le siège d'un pèlerinage dédié à Saint-Symphorien : des reliques de ce martyr des premiers temps de l'ère chrétienne auraient en effet été ensevelies dans le sanctuaire. La tradition rapporte que ces reliques auraient tout d'abord été offertes à l'église de Sainte-Marie-d'Arvert. Au moment des invasions normandes, les reliques auraient été cachées dans la nef du sanctuaire. Retrouvées par la suite, elles auraient été mises à l'abri dans cette église. De même, sur le flanc droit du sanctuaire, une « fontaine miraculeuse » était une étape importante du pèlerinage. Celle-ci est toujours visible, dépassant légèrement du sol, entourée d'une petite chapelle recouverte de chaux.
La façade de l'église est caractéristique du style roman saintongeais.
L'église est classée monument historique depuis 1995.


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