Le projet des arènes de Saintes fait couler beaucoup d'encre |
Ancien Colonel de gendarmerie à la retraite, Jean-Michel Méchain est passionné par l'histoire et la patrimoine |
La ville de Saintes est riche d'un passé antique et historique exceptionnel. Ce patrimoine unique, archéologique, monumental et architectural s'impose de façon éblouissante au regard de tous les visiteurs, suscitant souvent un véritable questionnement. Mais, bien au-delà, il est, de façon essentielle, constitutif de l'âme de la cité. Il est le symbole et l'un des fondements profonds de notre communauté. La préservation des sites et monuments et les interventions qui y sont effectuées sont encadrées par un dispositif législatif et réglementaire rigoureux. Il se fonde pour partie sur des conventions internationales, ce qui souligne à quel point l'importance de ce sujet participe d'un bien commun de l’humanité. L’État et les collectivités locales sont, en France, au premier rang responsables de la rigoureuse application de ce dispositif.
Le temps face à ce constat reste une donnée essentielle. Il s'impose tant par le caractère d'écrin qu'il revêt, pour nous offrir encore le spectacle du passé, que par le processus destructif qui, chaque jour est à l’œuvre du fait même de la nature quand ce ne sont pas des hommes.
Les dimensions physique, culturelle et affective qui caractérisent cet ensemble patrimonial portent des potentialités qui, bien au-delà de sa préservation et mise en valeur, participent du développement indispensable de la cité.
Agir sur ce trésor est donc une double nécessité. Il convient de veiller à préserver ce que le passé nous a transmis en luttant et tentant de limiter le processus destructif. Les moyens pour y parvenir sont porteurs de riches potentialités de valorisation pour la ville et l'agglomération.
Une réalité incontournable doit être rappelée : le financement de telles opérations est un levier sans lequel rien de pérenne ne peut être fait. Les collectivités publiques ne peuvent à l'évidence envisager avec leurs moyens propres d'assumer cette tâche. Le partenariat le plus large et le plus efficient s'impose donc en toute hypothèse. Depuis de nombreuses années cette problématique d'ensemble anime la vie de la cité. Les différents programmes proposés par les municipalités qui se sont succédé ont toujours abordé cette question. Des actions ont été conduites certes. Mais aujourd'hui, pour la première fois un programme global pluriannuel intégrant les différentes composantes est en cours d'élaboration. Il veut s'appuyer sur un collège scientifique de référence.
Dans ce contexte, de façon constructive, il nous apparaît que doit s'exercer une vigilance citoyenne en écartant toute querelle partisane ou appropriation instrumentalisée de notre bien commun. Elle doit être l'expression de la volonté des Saintais et plus largement des habitants de l'agglomération de militer simultanément pour le dynamisme et la préservation de l'âme de notre cité.
Les élus portent légitimement l'action. Nous serons les garants attentifs et positifs de la rigueur et du respect de notre bien commun qui doit être au cœur de l’action.
• Vous faites référence à Icomos, Conseil International des Monuments et des Sites ?
En effet, le Conseil international des monuments et des sites ou ICOMOS - International Council on Monuments and Sites - est une association mondiale de professionnels qui se consacre à la conservation et à la protection des monuments, des ensembles et des sites du patrimoine culturel.
Dans cette optique, notre association a pour objet de porter une attention citoyenne à tout projet de mise en valeur du patrimoine archéologique et monumental de l'agglomération de Saintes (Mediolanum ) dans la double perspective du dynamisme et du rayonnement de la cité, et de la protection des sites et des biens culturels qui s'y attachent.
• Vous avez donné un nom latin à votre association Activae Civis Mediolanum Santonum, ACMS ? N’est-ce pas un peu compliqué pour les non latinistes ?
Nous avons souhaité, de façon délibérée, montrer notre attachement aux origines de la cité. Et c’est surtout le sigle qui sera utilisé…
• Comment vous situez-vous par rapport à l’association Médiactions que préside Cécile Trébuchet ? ACMS peut-elle lui faire de l’ombre ?
Ce n’est pas son but. Nous n’avons rien à voir avec cette association opposée au gradinage dans les arènes. ACMS s’intéresse à l’ensemble du projet et nous ne sommes ni dans la critique, ni dans les polémiques ponctuelles. Comme je le disais plus haut, nous sommes une association de citoyens vigilants et notre objectif est de mieux connaître le projet afin de l’étudier en toute objectivité et d’en débattre.
Parmi ses projets de campagne, la municipalité actuelle avait l’ambition de valoriser le patrimoine de la ville. Elle entre maintenant dans la phase concrète en s’appuyant sur un comité scientifique. Nous souhaitons accompagner son action de manière totalement apolitique. Notre implication dépasse les clivages. L’association offrira une représentation aux citoyens qui leur permettra d’être mieux informés. Ce n’est pas de la défiance envers la municipalité, c’est de la vigilance !
A ce sujet, toutes les personnes qui veulent rejoindre l’association seront les bienvenues. Un impératif toutefois, qu’elles soient animées par la volonté d’agir en dehors des arrières-pensées. Nous ne sommes pas là pour flinguer un projet qui n’a pas encore été détaillé.
• Pensez-vous que la communication de la municipalité soit insuffisante vis-à-vis de la population ?
La mairie ne communique pas mal. Elle en est encore à la constitution de son projet et nous arrivons à point nommé pour accompagner cette initiative. On n’a pas le droit de se tromper sur ce type de projet. Cette vigilance citoyenne permettra, si besoin est, de formuler des propositions.
• ACMS, observateurs et acteurs ?
Nous voulons être des observateurs vigilants quant aux projets envisagés, sans être négatifs ! Que l’actuelle mairie veuille proposer un outil culturel et touristique est un point positif. Avant elle, aucun grand projet de valorisation, hormis l’Abbaye aux Dames, n’a été mené à bien.
ACMS connaît la richesse du patrimoine saintais, mais aussi sa fragilité. Une évidence s’impose : les ans détruisent ce passé. Trois exemples : le transept sud de la cathédrale Saint-Pierre, où des fouilles riches en découvertes ont été menées, nécessite des travaux ; les arènes présentent des endroits qui sont dans une dégradation absolue ; les thermes romains sont en train de sombrer dans l’oubli. Le temps est dans un processus destructif. Ce n’est pas en étant tétanisés devant lui qu’on arrêtera son œuvre sur les monuments. Des interventions sont nécessaires. Que le patrimoine historique rencontre des décideurs contemporains, avec des opportunités de mise en valeur et de développement, est un atout qui permettra à la cité d’avancer tant dans la protection et la connaissance de ses monuments que l’aspect économique.
• Qui compose le noyau dur d’ACMS ?
Le noyau dur de l’association vient d’horizons différents, des commerçants, des entrepreneurs, des professions libérales, des retraités de la SCNF, d’anciens fonctionnaires du Conseil général. Il n’y a aucune connotation politique, seul un souci des citoyens de protéger et valoriser le patrimoine saintais.
• Quelles actions allez-vous conduire ?
Dans un avenir proche, nous aurons un site internet, une page Facebook, un blog et une communication mise en place par Yvan Rotrou. L’association favorisera les échanges et organisera des réunions, d’autant que la mairie a accepté de nous présenter son projet. Nous allons pouvoir en discuter avant la réunion publique de présentation officielle qui devrait avoir lieu en novembre. ACMS a l’intention de revendiquer un droit de regard sur le comité de pilotage. C’est la possibilité pour les Saintais d’avoir un suivi en participant à l’avenir de leur ville.
• Contact : Le siège social d’ACMS est 3 rue du général Sarrail à Saintes.
Passion patrimoine !
• Ancien colonel de gendarmerie à la retraite, Jean Michel Méchain aime le patrimoine et il l’a prouvé en construisant, sur la commune de Saint-Savinien, un monument en mémoire de l'ancienne chapelle d’Agonnay, aujourd’hui disparue. L’édifice qu’il a lui-même édifié à ses frais est aujourd’hui terminé et fait l’admiration des visiteurs. ll a publié un ouvrage très documenté sur « le serment d’Agonnay et la chapelle de Pied Gautru ».
Bâtie par Jean-Michel Méchain, la chapelle d'Agonnay, en construction sur ces photos, est aujourd'hui terminée |
Passion patrimoine ! (© Nicole Bertin) |
Détail de la nouvelle chapelle (© Nicole Bertin) |
Excellent article qui met en lumière l'intérêt qu'il nous faut porter à notre patrimoine, santais ou d'ailleurs! Bravo pour cet article et à Jean-Michel Méchain qui en est la cause...
RépondreSupprimerHervé Bourbon
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai visité cette chapelle en mai 2023
Je suis émerveillé par le travail qui a été réalisé
J'avais l'impression d'être projeter dans le temps
Magnifique.
Cordialement
LB