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mardi 26 septembre 2017

Alain Rousset à Saintes : « Je suis favorable à une expérimentation de l’éco-taxe poids lourds en Nouvelle Aquitaine »

C’est à l’occasion de la réunion entre les deux conseils départementaux de la Charente et de Charente-Maritime, organisée lundi à Saintes, que la question ferroviaire a été abordée. Trop de camions sur les routes, générant pollution et dangerosité, une SCNF qui roule à deux vitesses, des transports ferroviaires de marchandises annoncés depuis des lustres et se font attendre (sauf, dans le département, au port de la Rochelle) : l’état des lieux n’est pas brillant. Alain Rousset, président de la Nouvelle Aquitaine, n’a pas mâché ses mots. En patron de la Région, il souhaite que les choses avancent et il fera tout pour y parvenir. Mais il lui faut trouver des moyens et c’est pourquoi il recherche des financements innovants dont le produit de l’éco-taxe camions, idée abandonnée par le gouvernement Hollande (coût du fiasco 969 millions d’euros). Le principe pourrait être relancé par le biais d’une expérimentation. Sinon, comme à l’habitude, chaque dossier attendra patiemment son tour.

La photo de famille faite au terme de la réunion. Au premier rang, Alain Rousset, Pierre Dartout, François Bonneau et Dominique Bussereau
Réunis à Saintes, à l’annexe de la rue de l’Alma, les conseils départementaux de la Charente-Maritime et de la Charente (sans oublier députés, sénateurs et conseillers régionaux), sous la présence de Dominique Bussereau et François Bonneau, sont un bel exemple de collaboration territoriale, cette approche visant à mettre en réseau un certain nombre de dossiers. Fini l’époque où les frontières administratives étaient aussi hermétiques que l’ancien mur de Berlin ; aujourd’hui, face aux nouvelles donnes (baisse des dotations allouées par l’Etat en particulier), les élus sont prêts à travailler ensemble.


Le dossier concernant les voies ferrées a monopolisé le débat et pour cause, Royan, par exemple, n’est pas desservie par le TGV alors qu’elle est une station balnéaire. Dans un premier temps, l’assemblée s’est accordée sur un point : que la ligne Angoulême, Cognac, Saintes, Saujon et Royan soit électrifiée afin de donner une impulsion. Royan a tout à y gagner et le bassin de vie de Cognac doit également profiter d‘une desserte ferroviaire améliorée. Restent les voies "ordinaires" : celle entre Beillant et Angoulême a été modernisée ainsi que les gares de Châteauneuf sur Charente, Jarnac et Cognac pour un montant de 32 millions d’euros.
Bien qu’inscrits dans le Contrat de Plan 2015-2020 (après avoir figuré dans le CPER 2007-2013), certains travaux ont pris du retard (d’où une résolution des deux assemblées prise le 25 septembre publiée ci-dessous).
Le projet global atteint désormais 167 millions d’euros (120 initialement). Dominique Bussereau est réaliste :  « nous allons nous battre pour que le chantier d’électrification soit terminé en 2023 ». L’axe Saint-d’Angély/Niort ne doit pas être oublié, comme l’a rappelé le maire de Saint-Jean, Françoise Mesnard. « Signalisation et régénération » confirme le Préfet de Région, Pierre Dartout.

Alain Autruffe, directeur régional Aquitaine Poitou-Charentes de Réseau Ferré de France
La question du ferroviaire a suscité moult réactions. Selon Alain Autruffe, directeur régional Aquitaine Poitou-Charentes de Réseau Ferré de France, les travaux sont ralentis par le manque de personnel spécialisé. « 30.000 heures de production sont à trouver. Entre Angoulême et  Beillant, il y a 18 kilomètres de voies à renouveler. L’électrification demande des enquêtes préalables, puis une enquête publique ».

Nouvelle Aquitaine : 3 milliards d’euros à réaliser en dehors de la LGV. Bientôt un plan rail ?

La situation fait réagir Alain Rousset dont le dynamisme n’est plus à démontrer. « En Nouvelle Aquitaine, il y a 3,2 milliards d’euros de travaux à réaliser en dehors de la LGV ; 1,2 sur le réseau régional dont 600.000 à concrétiser d’ici 2022. Il nous faut trouver des financements, nouveaux et innovants ».
Si la LGV Tours/Bordeaux a "éclos" en trois ans (Paris/Bordeaux en 2 h 04 !), d’autres lignes sont moins bien loties. Le président fait part de ses inquiétudes quant au manque de personnel de Réseau Ferré de France, entraînant des retards de chantiers significatifs. D’où cette question : « Quel est le poids de l’ingénierie et est-il indispensable de voir des personnels de RFF intervenir sur les voies ferrées ? ». En effet, l’ingénierie interne majorerait grandement le coût des interventions : « la France peut-elle continuer à avoir ce type de fonctionnement ? Je ne le crois pas. La ligne Angoulême/Royan est légitime, nous devons y parvenir ». D’où la volonté du Président de la Nouvelle Aquitaine de proposer un plan rail : « s’il y a un investissement d’avenir, c’est celui-là ». 

Les élus réunis à Saintes
De nombreuses lignes datent du XIXème siècle, rappel historique du maire de Jonzac, Claude Belot. Elles ont donc besoin d’être rénovées. Le seul hic, ce sont les financements.
Sur ce chapitre, Alain Rousset a des idées. La RN 10, de par son trafic, est le secteur le plus pollué de la Région et la RN 134 (en direction de l’Espagne) compte un camion toutes les 30 secondes : « c’est indécent de ne pas avoir les moyens de poursuivre les travaux ferrés ». Et de s’adresser au Gouvernement « lequel peut comprendre que les Régions doivent saisir des opportunités ». Si l’éco-taxe poids lourds avait été appliquée par François Hollande (elle était destinée à externaliser et réduire les impacts environnementaux du transport routier tout en favorisant le développement du fret ferroviaire), les collectivités ne seraient pas dans l’expectative. Manque à gagner "virtuel" pour la Région plusieurs milliards d’euros et 15 millions d’euros pour le Département de la Charente-Maritime en 2017.

Certes, il y a des opérations qui marchent : ainsi le port de La Rochelle. « Le fret ferroviaire y fonctionne dans de bonnes conditions » précise Pierre Malbosc, conseiller départemental rochelais. Alain Rousset souhaite développer ce système de transport qui reste assez marginal (2,5% des marchandises entre Nantes et l’Espagne, 15% entre la France et l’Allemagne, la France et l’Italie) : « les entreprises recherchent la régularité ». Il arrive , en effet, que certains wagons s’égarent : faudrait-il y mettre des codes barres ou installer de la vidéo-surveillance ? Thalys serait favorable à l’installation de « puces ».
« Nous sommes dans un état d‘esprit où il ne faut rien bouger. Les opposants à la LGV, par exemple, me prennent la tête ! Ici, la partie la plus encombrée est le Sud de Bordeaux » regrette Alain Rousset dont les déclarations, franches, ne sont pas pas éloignées de celles d’Emmanuel Macron.


Claude Belot : « La SCNF est incapable de gérer la situation dans les structures qui sont les siennes actuellement »

Daniel Laurent, sénateur maire de Pons, partage le sentiment général : dans quelques jours, le Nantes/Bordeaux, qui passe par Pons et Jonzac, subira un ralentissement à 60 km/h en raison de l’affaissement de la plateforme et du mauvais état des rails. « Nous sommes dans la périphérie de Bordeaux et de nombreuses familles se sont installées dans la région. Elles prennent alors le train pour se rendre à Bordeaux. Si le trajet dure plus longtemps, elles seront forcément mécontentes. Cette réalité n’est pas bonne pour l’essor des zones rurales ».
Françoise Mesnard, maire de Saint-Jean d’Angély, n’est guère plus satisfaite : « l’électrification de Saint-Jean a été reportée et certains travaux sur les voies ont été mal faits. Bilan, on fait appel à des bus pour les voyageurs ».
Pour Jean-Claude Classique, président de la CDA, l’étoile de Saintes a perdu de son éclat ! « Saintes devrait être à une heure de Bordeaux pour les étudiants, les salariés, les chefs d’entreprise. On en est loin ». Et que dire des licenciements au Technicentre de Saintes (Dominique Bussereau n’a pas abordé ce sujet en public, devant rencontrer le préfet vendredi prochain).

Jean-Claude Classique, inquiet pour le Technicentre : « L'Etoile de Saintes a perdu de son éclat »
Jean-Philippe Machon, maire de Saintes, abonde dans le même sens : « l’électrification est essentielle pour le secteur de Saintes, 2023 est une date objective. Les entreprise de Saintonge ne doivent pas être pénalisées ». 

Jean-Philippe Machon : « ne pas pénaliser la région de Saintes »
Ex-sénateur, maire de Jonzac, Claude Belot dresse un constat sans appel : « les lignes ferrées actuelles ont été construites entre 1867 et 1870, voici 150 ans. Depuis, les investissements n’ont pas été réalisés ». S’il salue la prouesse technique que représente la LGV, le fret ne suit pas. « Pourquoi ? RFF est incapable de gérer la situation dans les structures qui sont les siennes actuellement. J’ai pu m’en apercevoir lors des missions qui m’ont été confiées où j’ai constaté la rigidité de cette entreprise. J’en suis parti, ayant passé l’âge de perdre mon temps. Le choix est politique. Je compte sur les nouveaux députés de la  République en Marche pour "révolutionner" le ferroviaire en France ». 

Claude Belot compte sur les nouveaux députés de la République en Marche !
 Alain Rousset : « « la chasse d’eau des Présidentielles et des Législatives nous incite à plus de rupture »

Alain Rousset estime que les gouvernements successifs ont une responsabilité. Le désengagement sur le fer est flagrant. Alors que faire ? « La chasse d’eau des Présidentielles et des Législatives nous incite à plus de rupture. L’exemple du fret ferroviaire à La Rochelle est intéressant. A nous de construire l’avenir par des financements nouveaux ». Lesquels devront recevoir l’aval du Gouvernement. « Le Contrat de Plan n’est pas suffisant pour répondre à l’ensemble des travaux dont fait partie le ferroviaire. La Nouvelle Aquitaine pourrait faire l’expérimentation de l’éco-taxe poids lourds. C’est une action volontaire » ! Applaudissements de la salle. Pour que les trains gardent leur cadence, il demande aux élus de ne pas exiger des arrêts tous les 5 ou 10 km (un clin d’œil à la gare de Neuvicq, projet cher à Claude Belot ?). La Nouvelle Aquitaine, quant à elle, « a fait le job » en renouvelant le matériel.

Au terme d’échanges fournis, Pierre Dartout s’est félicité de cette réunion. De nombreux points ont été abordés sans langue de bois. La nécessité est d’établir des priorités : « en tant que préfet de Région, je suis comptable de l’équilibre ». Un constant s’impose : les camions sont trop nombreux sur les Nationales (gratuites) et il existe des opportunités moins polluantes comme le transport ferroviaire ou la voie maritime.
Un droit à l’expérimentation existe. Si la Nouvelle Aquitaine peut le mettre en marche, elle lui faudra établir les critères de la taxation. Un important travail qu’Alain Rousset et ses services entendent mener tant la nécessité de valoriser les territoires, tout en jouant la carte de l’environnement, constitue un objectif prioritaire. Situé sur l’Arc Europe Atlantique, le Grand Sud-Ouest doit tirer son épingle du jeu, d’autant que la proche Catalogne le « titille » : elle est la première région économique d'Espagne, légèrement devant la capitale Madrid. Et ça, c’est un argument de taille…

Elus charentais et charentais-maritimes ensemble à Saintes
• RESOLUTION COMMUNE DES DEPARTEMENTS DE LA CHARENTE 
ET DE LA CHARENTE-MARITIME APPROUVEE A L'UNANIMITE

Considérant que les deux assemblées délibérantes de Charente et de Charente-Maritime se sont déjà réunies le 26 novembre 2012 à Cognac pour rappeler la nécessité de désenclaver le bassin de vie du Cognaçais, de la Saintonge et du Pays Royannais, en améliorant leur desserte ferroviaire,
Considérant que figure au Contrat de Plan Etat-Région de Poitou-Charentes 2015-2020, signé le 4 mai 2015, en présence du Premier Ministre et de la Ministre de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, l’électrification de l’axe ferroviaire Angoulème– Cognac-Saintes-Saujon-Royan, avec en deuxième phase l’axe Niort-Saint-Jean-d’Angély- Saintes,
Considérant que Royan est la seule ville parmi les principales stations balnéaires de la côte atlantique à ne pas être desservie par le TGV et que le développement du bassin de Cognac et Saintes bénéficiera fortement de cette desserte,
Considérant que les Conseillers départementaux de la Charente et de la Charente-Maritime réunis le 25 septembre 2017 à Saintes, regrettent les retards pris dans la modernisation de la signalisation entre Saintes et Angoulême et dans le lancement des études d’électrification de cette même ligne,

Valident l’organisation des travaux d’électrification suivante :
• entre Royan et Saintes : travaux d’électrification en fermeture de ligne ;
• entre Saintes et Beillant : travaux en fermeture de nuit ;
• entre Beillant et Angoulême : travaux en fermeture de jour. 


Demandent
- que le retard pris dans la modernisation de la signalisation entre Saintes et Royan soit sans incidence sur les travaux d’électrification et que par conséquent SNCF réseau mette tout en œuvre pour que ces travaux de modernisation soient terminés au plus tard en décembre 2020, 

- que SNCF réseau démarre au plus vite les études d’anticipation des travaux d’électrification afin que ceux-ci se déroulent en 2021 et 2022 avec une mise en service en 2023,
- que dans la revoyure du Contrat de Plan Etat-Région, ces engagements de délais soient réaffirmés et inscrits les crédits complémentaires nécessaires, soit 47 M€, conformément aux estimations de SNCF réseau,
- que la Région Nouvelle-Aquitaine apporte son soutien pour que l’ensemble des travaux d’électrification de l’étoile de Saintes, prévus au Contrat de Plan Etat-Région de l’ancienne Région Poitou-Charentes, soient réalisés avec, en phase prioritaire, l’axe Angoulême- Cognac-Saintes-Saujon-Royan.

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