Rémi Desalbres, les membres de l’agence d'architectes Arc&Sites à Saint-Palais sur Mer aux côtés de l'artiste Odile Pelier |
L'inauguration de la Maison des douaniers mardi après-midi |
Les allocutions des élus dont celle de Jean-Pierre Tallieu, président de la Cara |
Enduit à la chaux, pierre locale, béton blanc... Après quinze mois de travaux, la Maison des Douanes offre un nouveau visage, dont toutes les couleurs ont été empruntées à celles du littoral environnant.
En choisissant l’agence d’architectes du patrimoine Arc&Sites pour la transformation de la Maison des Douanes, le jury de sélection a d’abord été sensible à la manière dont le bâtiment et son environnement seraient préservés. Aucune modification n’a ainsi été apportée à la forme extérieure de l’ancien bureau douanier, dont la silhouette sobre et emblématique, visible depuis l’estuaire, a été conservée.
Les architectes du patrimoine ont mené notamment des recherches aux Archives du Ministère de la Défense pour connaître les particularités d’un site dédié à l’observation de la mer et du littoral. Au XXe siècle, les douaniers ont, en effet, ramené d’importantes quantités de terre sur la parcelle pour y créer un potager. Les grandes failles rocheuses sculptées par la mer ont été partiellement comblées.
La parcelle, où subsiste une batterie destinée à protéger la conche et défendre l’estuaire, avait perdu son lien avec l’océan. La proposition des architectes a été de "raccrocher" la Maison des Douanes au paysage côtier et à son socle rocheux.
Pour agrandir et faciliter le fonctionnement du nouveau site, Arc&Sites a alors imaginé une extension qui émerge du terrain comme un rocher. À l’intérieur, de grandes salles d’exposition et de détente offrent des vues cadrées sur l’horizon. Un salon de thé permet d’y apprécier le spectacle sans cesse renouvelé de l’estuaire, en fonction des heures de la journée ou des saisons. Ouvert à tous les promeneurs, un belvédère a été aménagé sur le toit de l’extension, d’où le regard embrasse le plus vaste estuaire d’Europe, du Verdon à la pointe de Vallières.
Dans le bâtiment principal, un espace d’interprétation (« le bureau ») permet de découvrir l’histoire du site de l’estuaire et prolonge le parcours scénographique du sentier.
Parmi les projets de l’agence, la valorisation de l’aqueduc gallo-romain de Saintes
L’agence Arc&Sites a fait de la création d’équipements culturels, en sites patrimoniaux, sa spécialité, notamment la reconversion de bâtiments anciens à un nouvel usage répondant aux besoins actuels de la société.
Fondée à Bordeaux en 2005 par Rémi Desalbres, l’agence, également présente à Poitiers depuis 2013, associe des architectes ensais/insa et dplg, tous diplômés de l’École de Chaillot.
Les architectes d’Arc&Sites conçoivent le caractère patrimonial d’un site comme autant d’opportunités d’en révéler les qualités architecturales et paysagères en privilégiant « l’intelligence » du bâti d’origine tant dans sa structure que dans son aménagement pour un nouvel usage. Leur démarche est fondée sur une analyse des qualités de l’architecture et du site, pour garantir la cohérence et la performance fonctionnelle, technique et esthétique du projet de réutilisation. Cette approche favorise l’intégration harmonieuse d’ajouts contemporains dans l’existant.
En recherche constante d’un équilibre entre respect du patrimoine et de l’environnement, performance technique et création, Rémi Desalbres, membre du Frac Aquitaine et proche d’artistes et d’artisans d’art, perçoit aussi dans la création artistique une opportunité de prolonger le patrimoine. Chaque nouveau chantier permet ainsi de transmettre, entretenir et renouveler les savoir-faire des métiers du patrimoine et des métiers d’art. C’est également l’occasion d’innover avec les bureaux d’études spécialisés en adaptant et en intégrant des solutions techniques contemporaines au bâti ancien.
L’agence a ainsi développé une compétence particulière de la gestion de la performance énergétique en bâti ancien dans le cadre de la réhabilitation énergétique de l’ambassade de France à Belgrade, monument Arts Déco de l’architecte Roger Henri Expert.
L’Ambassade de France à Belgrade |
La volonté de conjuguer patrimoine, art et modernité dans une architecture responsable est au cœur du travail de l’agence Arc&Sites depuis plus de 10 ans. Deux de leurs réalisations ont été distinguées par le Prix national « Les rubans du Patrimoine » : la création d’un conservatoire intercommunal de musique et de danse dans l’hôtel du président Tyndo à Thouars (79) en 2016 et le centre des métiers d’art et médiathèque dans un monument historique en Béarn à Morlanne (64) en 2013.
L’agence travaille actuellement sur plusieurs projets dont la reconversion du couvent des Recollets à Ciboure (où d’intéressantes fresques ont été retrouvées) pour en faire un pôle culturel. Edifié en 1611 par des moines franciscains, ce couvent avait été construit pour réconcilier Ciboure et Saint-Jean de Luz, réunies sous le nom poétique de Chauvin-Dragon au XVIIIe siècle. En 1800, fin de ce mariage un peu forcé, les deux communes ont repris leur indépendance et leur nom originel !
Le couvent des Récollets de Ciboure |
Gravure ancienne de l'aqueduc de Saintes |
L'aqueduc dans un état parfait de conservation |
Evidemment, le carnyx des Gaulois ne passe pas inaperçu ! |
(Remerciements à la rédaction du magazine de la CARA)
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