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mercredi 10 mai 2017

Une habitante de Vallet escroquée de plus de 300.000 euros par un élu du Sud Saintonge ?

« J’ai été bien naïve, je ne me suis pas méfiée » admet Raymonde Ferron, demeurant à Vallet, près de Montendre. Dans les années 2000, elle a confié plus de 300.000 euros à un élu du Sud Saintonge « spécialisé dans des placements financiers » disait-il. Aujourd’hui, elle sait qu’elle ne reverra jamais cet argent, de même que d’autres « victimes » dont des Montendrais et un couple demeurant en Gironde.


Raymonde Ferron a du mal à réaliser la triste histoire dont elle a été l’objet. Et pour cause, la somme est importante (308.000 euros) et celui qui a abusé de sa crédulité était un ami de longue date qui occupait les fonctions de maire et de conseiller départemental dans le Sud Saintonge, Francis Savin. Il avait souscrit pour elle une assurance vie, disait-il ! « Mon père l’appréciait. Quand il est devenu premier magistrat, nous sommes allés poser sa girouette » se souvient-elle avec une certaine émotion. L’évocation de cette affaire lui fait mal parce qu’elle a cru en ce beau parleur, charmant, attentionné qui cachait sans doute d’autres motivations, mais comment savoir ?
A ses côtés, son fils Bruno réagit vivement : « avec mon frère, on s’est souvent posé des questions à son sujet. Nous n’avions pas confiance en lui, mais il était difficile d’intervenir. Cet homme était bien connu dans la région et maman entretenait avec lui d’excellentes relations ».

Que s’est-il donc passé ?
Si Raymonde Ferron ne s’est pas méfiée, c’est que celui qui allait "l’endormir" avait travaillé au Crédit Agricole de Montendre et d’Archiac. Qu’il se lance dans des placements financiers ne lui semblait donc pas « suspect ».
Quand le père de Raymonde meurt, elle et sa mère, propriétaires terriennes, doivent subvenir à leurs besoins et se séparent d'un certain nombre d'avoirs. « Je n’aime pas les paperasses. Comme je lui faisais confiance, je lui ai demandé de me conseiller. Il m’a proposé une assurance vie à Norwich Union en soulignant qu’à ma retraite, je récupérerais les sommes versées avec des intérêts. Je pourrais alors mener à bien des projets dont l’achèvement d’une maison dont nous avions entrepris la construction et qui n’était toujours pas achevée ».
C’est ainsi qu’entre 2001 et 2007, l’homme, qui par ailleurs est maire de sa commune depuis 1995  (il deviendra conseiller général en 2008 et sera renouvelé en 2015 sous la bannière des Républicains), perçoit régulièrement des chèques de Raymonde Ferron : « C’est vrai, je n’ai jamais demandé de récapitulatif annuel. Ce fut mon grand tort. Il me donnait de temps à autre des sortes de récépissés. C’était du bluff, mais je n’ai rien vu. Nos liens étaient tellement cordiaux qu’à aucun instant, je ne pouvais imaginer être bernée ».

Les choses se compliquent quand l’homme en question décède en 2016. « J’ai voulu reprendre les sommes que j’avais versées et c’est alors que j’ai compris que quelque chose clochait. J’ai appris que les contrats Norwich Union avaient été transférés à Aviva lors du rachat du groupe où personne n’avait entendu parler de moi ».
Soucieuse de mettre les choses au clair, elle réunit toutes les pièces qui prouveront qu’elle a bien versé plus de 300.000 euros à son soit-disant courtier. Sans peine, elle retrouve les talons des chèques (70 au total) et demande au Crédit Agricole de Montendre de lui fournir des copies. Ainsi, elle saura sur quel(s) compte(s) sont allés les versements. Pour l’instant, l’établissement lui a donné la copie de 40 chèques (soit 166.650 euros), tous au nom de l’homme en question. Manquent les trente autres (soit plus de 141.000 euros). Documents que son fils Bruno entend bien avoir sous la main : « s’ils ont été encaissés par d’autres, on finira peut-être par comprendre quelque chose ! ». Et d’ajouter : « ma mère s’est privée durant des années pour alimenter une assurance-vie. Il l’a fait vivre dans la précarité. Nous sommes outrés ! ».
Raymonde Ferron baisse les yeux. Elle comprend qu’elle a été considérée comme un pigeon, certes par un homme avenant, mais qui poursuivait des intentions qu’elle ne pouvait pas soupçonner : « A quoi a servi tout argent que je croyais placé ? Je n’en sais rien. Est-il encore en France, en Espagne ? On l’ignore. Ou dilapider tout simplement ? ». En tout cas, sans illusion, elle a déjà fait (non sans regret et avec des pincements au cœur) une croix dessus. Et de conclure : « j’ai été bien trop naïve avec lui »…

Idem pour une habitante de la région de Montendre : « Il m’avait proposé un placement de 5 à 6%, voire 11% à un moment donné. Toujours à Norwich Union. Je le connaissais bien. J’avais un compte au Crédit Agricole de Montendre, mais j’ignorais qu’il en avait été remercié. Il m’avait dit qu’il avait créé sa propre société de placements. Pourquoi pas, il avait l’air tellement persuasif ! L’argent manifestement avait été placé dans une banque à Saintes. Un jour, elle m’a téléphonée en me demandant ce que je comptais faire de ce compte orphelin. C’est ainsi que j’ai pu récupérer une première somme. Le reste s’est envolé et tout cela m’a terriblement choquée. Je n’ai jamais osé en parler publiquement. Outre Raymonde Ferron, d’autres personnes, dont un couple de retraités en Gironde, semblent avoir vécu des aventures identiques. Avons-nous eu affaire à un Bernard Madoff saintongeais  ? Il était difficile de dénoncer une telle situation compte-tenu des fonctions électives occupées par l’intéressé. Nombreux n’auraient pas entendu nos doléances parce qu’à leurs yeux, il était terriblement sympathique ».

Sur la commune dont il était l'élu, une ancienne conseillère municipale n’est pas surprise par ces révélations. « On savait qu’il avait rencontré des difficultés financières en quittant le Crédit Agricole. Il avait alors créé un centre aéré sur la commune, structure qui a fermé par la suite. Il vivait vraisemblablement de ses mandats, mais était-ce suffisant ? Malgré des opinions divergentes, je garde le souvenir d’un être convivial et chaleureux. Mais il est vrai que je ne lui ai jamais confié d’argent ».

A suivre…

1 commentaire:

  1. l'escroc n est autre que francis Savin , conseiller départemental élu dans le canton des Trois-Monts . Mort le 2 Aout . Au Département, il était Rapporteur général du budget , également chargé de la politique de la forêt et des villages fleuris , et le 1er Vice-président du SDIS
    Il était également Maire de Saint-Pierre-du-Palais depuis 1995 et Vice-président de la communauté des communes de la Haute-Saintonge , chargé de la culture .
    Il était aussi suppléant du président du conseil général de la Charente-Maritime , Mr Dominique Bussereau .

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