Le musée relate cette histoire particulière et dévoile les secrets de fabrication. Cette exposition emblématique a été inaugurée par le maire, Jean-Philippe Machon, samedi dernier dans le cadre de la Nuit de Musées. Outre les visites guidées qui ont remporté un franc succès, un concert du groupe Matchboxbluesband a été donné à la Musardière tandis que dans les jardins de l’hostellerie, la potière Corinne Baigl a détaillé les étapes de réalisation d’une céramique en raku. De nombreuses animations sont prévues dans les mois à venir. Le parcours peut se poursuivre au musée archéologique et au musée Dupuy-Mestreau, dont les collections permanentes sont intéressantes à découvrir.
Séverine Bompays, directrice des Musées, pôle des Beaux-Arts, présente l’exposition :
• Saintes accueille cette très belle exposition pour une année entière. C’est un évènement ! Quelques mots de présentation pour inciter le public à la découvrir…
Cette exposition met en scène la céramique produite en Saintonge du Néolithique jusqu’aux collections du début du XXème siècle. Les pièces sont issues des collections municipales, hormis quelques éléments qui viennent de la Chapelle des Pots. Tout l’enjeu est de montrer la richesse des productions sur le territoire à toutes les époques et de les valoriser auprès du public. Elles seront visibles une année entière. Ce sont nos propres collections, nous pouvons donc nous le permettre !
• Possédez-vous des vraies pièces « Bernard Palissy » ?
On ne peut pas dire que nous possédions de vraies pièces de Bernard Palissy. Nous avons des pièces produites à la Chapelle des Pots entre 1539 et 1566, années où cet homme illustre vivait dans la région. On devrait en savoir davantage à l’avenir. En effet, des études sur la terre employée, menées par les laboratoires du Musée du Louvre, sont en cours. Des micro-prélèvements, opérés sur certains plats, devraient apporter des informations précieuses et des comparaisons seront faites avec des œuvres authentiques de Bernard Palissy. Lesquelles sont présentes au Musée de la Renaissance d’Ecouen, au Louvre et au nouveau Louvre-Lens. Nos collections ne sont pas concernées pour l’instant par ces "examens", mais elles le seront prochainement… et peut-être aurons-nous de belles surprises !
• Quel est le nombre de céramiques présentées ?
120 pièces sont présentées. Il y a deux ans que nous travaillons à ce projet avec Bertrand Maratier. Un comité scientifique nous a accompagnés dans nos démarches. Il était composé de spécialistes, Ludovic Soler, chargé du néolithique ; Guilhem Landreau, David Guitton, Jean-Philippe Baigl de l’INRAP ; Lucile et Jacques Guérit qui ont publié un ouvrage sur les faïences de Saintes en 2012. Ils nous ont aidés à sélectionner les objets.
Une magnifique exposition à découvrir |
• Vu l’importance de la ville antique de Médiolanum Santonum, les poteries gallo-romaines sont sans doute plus importantes dans les collections que celles des autres époques ?
En effet, nous en avons un grand nombre dans les réserves. Cependant, la production de céramiques en Saintonge a été importante à travers les siècles, sans discontinuer. Ce sont des objets de grande qualité, de belle facture. Dans l’Antiquité, nous avions une production de masse tout simplement parce que les objets usuels étaient fabriqués en céramique. A Saintes, les ateliers de poterie, nombreux, se trouvaient en périphérie de la ville et répondaient à la demande. S’y ajoutaient des ateliers, dans le Sud, qui produisaient de la vaisselle raffinée recherchée par les familles aisées. Ils étaient situés près de Mirambeau, à Petit Niort et Soubran. Cette vaisselle plus fine faisait appel, entre autres, à l’argile kaolonique. Dans l’exposition, nous présentons une cruche en kaolin. Rappelons que l’argile n’est pas forcément rouge ; elle peut être de différentes teintes, blanche, bleue, etc.
Comment s’est déroulée l’inauguration samedi dernier ?
Le public a été nombreux et nous avons même refusé du monde lors de la seconde visite. Des visites sont prévues toute l’année, soit généralistes, soit thématiques par des archéologues. N’oublions pas qu’on trouve de la poterie saintongeaise à l’époque médiévale en Angleterre et en Scandinavie, puis au XVIIIème à Québec !
De nouveaux rendez-vous seront organisés dans les mois à venir ainsi que différentes conférences sur les pratiques alimentaires, comment on se met à table, quels sont les couverts, des indications sur la vie quotidienne, le commerce du vin, les échanges commerciaux, etc.
• Animation particulière en soirée, vous avez invité une artiste…
Potière de la Chapelle des Pots, Corinne Baigl a proposé une activité que le public a beaucoup appréciée, après les discours des édiles dans les jardins de l’hostellerie. Il a été invité à décorer, avec des pigments, des coupelles pré-cuites avant de les mettre au four durant une heure et demie. Vers 22 h 30, a eu lieu le défournement. Nous avons pu constater les transformations opérées et chacun est reparti avec sa « création ». C’était un moment très sympathique.
D’autres animations sont prévues dans le cadre des Journées de l’Archéologie avec des démonstrations. S’y ajoutent des ateliers pour les enfants. Deux matinées « découverte de la pratique de la céramique » seront proposées aux adultes à la chapelle à l’hostellerie Saint-Julien.
• Un inventaire général des collections « céramique » a-t-il été réalisé sur Saintes ?
Oui, les collections sont inventoriées et sur la partie antique, cela a permis à des chercheurs, dans le cadre d’un programme collectif, d’affiner leurs connaissances et de proposer un intéressant colloque l’an dernier à l’Abbaye aux Dames. Nous effectuons un travail de fond dans les réserves avec Bertrand Maratier, directeur de la partie archéologique. Les collections sont classées, rangées et conservées dans de bonnes conditions. Grâce à notre équipe et des bénévoles de la Société archéologique, l’ensemble des objets est conditionné correctement. Voilà qui simplifie la tâche des scientifiques dans leurs recherches.
• Bonne nouvelle, le musée Dupuy Mestreau vient de rouvrir ses portes ?
En effet, le musée Dupuy Mestreau, bel édifice du XVIIIe siècle, a rouvert ses portes le week-end dernier et il le sera jusqu’à la fin des vacances de la Toussaint. Il avait été fermé au public pour des raisons de sécurité. Les conditions d’accueil n’étaient pas optimales, notamment l’hiver puisqu’il n’y a pas de chauffage. La municipalité en a profité pour apporter des améliorations et faire le traitement des boiseries en particulier.
Par ailleurs, des spécialistes ont réalisé un important travail de « mise à jour » des faïences qui sont exposées. Grâce à leurs recherches, nous les présentons de manière plus « organisée », avec des indications. En ce qui concerne le contenu des collections, il reste inchangé.
• Que devient le Présidial ?
Le Présidial abrite les collections des Beaux Arts, soit quelque 2000 objets. Il est ouvert occasionnellement lors de visites spécifiques liées au travail de conservation, dorure sur cadre, entretien des objets en argent, etc.
Amphore gallo-romaine |
• Collections : Le fruit des fouilles, pas seulement ! S’y ajoutent les dons de collectionneurs qui choisissent de faire un legs à un musée et des transferts de propriété de l’Etat pour des raisons de cohérence scientifique.
• Le musée Dupuy Mestreau possède quelque 200 céramiques, auxquelles s’ajoutent celles de la salle de la vie quotidienne du Musée archéologique (où la partie « lapidaire » reste fermée).
• A noter sur vos tablettes
Merci pour cette info, Nicole, j'adore l'artisanat et le travail de la terre...dès que j'en ai fini avec les législatives, j'espère pouvoir aller voir cette exposition et sortir la tête du guidon !
RépondreSupprimerQuelles beautés ces artisanats qui n'existent que peu aujourd'hui et qui ont fait l'histoire et la gloire, la culture, la richesse de notre pays. C'est pour cela que je défends non pas le pouvoir d'achat mais le pouvoir de faire...
Le monde de la céramique me fascine.
Stéphanie.