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dimanche 21 mai 2017

Patois : Maryse Guédeau et ses amis expliquent à la Nouvelle-Aquitaine pourquoi le Saintongeais n'est pas du Poitevin !

Le collectif pour la défense de l'identité saintongeaise a été reçu le 15  mai à l'hôtel de la Région Nouvelle-Aquitaine par Charline Claveau-Abbadie, conseillère régionale déléguée Langues et Cultures régionales. La délégation était constituée de Pascale Burjade (Gironde saintongeaise), Didier Catineau (Saintes – Association Esprit saintongeais), Pierre Couprie (Pays bas saintongeais), Jacky Ferrand (Charente saintongeaise – Cognaçais qui conduit la délégation), Maryse Guedeau (La Rochelle – Association les Amis de Xaintonge) et René Robin (Saintonge maritime).

 Communiqué de Maryse Guédeau :

La carte qui fâche...

Le 15 Mai 2017, une délégation saintongeaise s’est rendue à l’Hôtel de Région à Bordeaux pour remettre à M. Alain Rousset, Président du Conseil Régional de Nouvelle Aquitaine les trois  pétitions spontanément lancées au national sur Internet, en Nord-Gironde et dans le secteur de Saintes-Jonzac en Charente-Maritime, suite à l’étonnant retour du poitevin-saintongeais sur deux pages dans le numéro d’hiver du journal de la nouvelle région.

Après avoir été chaleureusement accueillie par BENOIT BITEAU, conseiller régional de Charente-Maritime, la délégation a été reçue par Mme CHARLINE CLAVEAU-ABBADIE, Conseillère régionale déléguée Langues et Cultures régionales de Nouvelle-Aquitaine, accompagnée d’un fonctionnaire de la région en charge de ce dossier.

Mme CHARLINE CLAVEAU-ABBADIE a remercié les Saintongeais de s’être déplacés jusqu’à elle pour lui expliquer pourquoi une telle opposition au poitevin-saintongeais ; la délégation l’a remerciée en retour de sa démarche d’avoir accepté de les entendre.

La délégation s’est en premier lieu attachée à lui expliquer l’historique de l’invention du poitevin-saintongeais.

Il lui a été rappelé que le saintongeais est un vieux patois de France qui compte des traces écrites depuis le XIIIe siècle et qui a toujours été un dialecte de France à part entière.
Il était encore considéré comme tel en 1998 (cf. rapport sur les LANGUES ET CULTURES REGIONALES de BERNARD POIGNANT, Maire de Quimper à LIONEL JOSPIN, Premier Ministre - 1er juillet 1998 – Documentation Française), jusqu’à ce qu’en 1999, suite à un incroyable lobbying en feu région Poitou-Charentes en quête d’identité, des intellectuels - tous en lien avec l’UPCP de Parthenay en Deux-Sèvres - obtiennent de Paris le remplacement du saintongeais et du poitevin par une langue unique appelée « Poitevin-Saintongeais ». Quelques années ont suffi pour découvrir tout le néfaste de cette création.

A l’invention de cette langue sans aucun locuteur, les Saintongeais ont fait opposition en mettant en place en 2006, un COLLECTIF POUR LA DÉFENSE DE L’IDENTITÉ SAINTONGEAISE comptant nombre de Saintongeais et d’élus (de Gironde, Charente et Charente-Maritime) dont députés et sénateurs et ce, tout horizons politiques confondus.

En Février 2007, le Ministre de la Culture a tranché. Il a reconnu que « le nom “poitevin-saintongeais” est apparu au moment où s’affirmait la région Poitou-Charentes pour faire coïncider une aire dialectale avec les limites de la région (…), mais que le caractère spécifique du saintongeais ne pouvait être éludé ». Il a replacé le saintongeais à son rang de Langue de France autonome bien distincte du poitevin. Ce que la région Poitou-Charentes n’a jamais respecté, les Saintongeais n’ayant jamais été conviés à siéger au groupe Langue de l’ex région.

Mme CHARLINE CLAVEAU-ABBADIE a précisé que compte tenu du nombre de parlers en Nouvelle Aquitaine, il n’y aurait plus de groupe  Langues dans la région.

La délégation a ensuite longuement expliqué en quoi le saintongeais est différent du poitevin et ne peut être amalgamé. Il lui a été précisé que ce n’est pas parce que le mot « chat » se dit « gato » en espagnol et en italien (et aussi en portugais) que l’on peut dire qu’existe une langue unique Espagnol-Italien, ce qui soulèverait un tollé général des locuteurs respectifs de ces langues si des intellectuels s’engageaient à l’imposer.

La représentante de la région a demandé si les Saintongeais se reconnaissaient dans le calendrier récemment publié par la région dans “ses” trois langues : Basque, Occitan et poitevin-saintongeais. La délégation a enregistré que le lobbying poitevin-saintongeais s’exerce pleinement en nouvelle région Aquitaine.

La parution tous les ans en feu région Poitou-Charentes d’un calendrier en poitevin-saintongeais n’a jamais eu d’autre mérite que d’exacerber. Le document présenté par Mme CLAVEAU-ABBADIE a été l’occasion de préciser que les Saintongeais ne se reconnaissent déjà même pas dans le nom des mois qui ne sont pas du vocabulaire saintongeais. Quant aux textes qui accompagnent le document, ils ont permis d’expliquer ce qu’est exactement le poitevin-saintongeais : du français, retranscrit dans des codes arbitraires (« on » est remplacé par « un », « ain » est remplacé par « én », etc…) qui aboutissent à un écrit parfaitement illisible laissant croire aux profanes qu’il s’agit d’une langue quand ce n’est que du français transfiguré qui ne porte ni la musique du saintongeais ni celle du poitevin, pourtant si différentes. Le mot « mauvaise bouillie » a été évoqué.

Mme CHARLINE CLAVEAU-ABBADIE a avancé que le poitevin-saintongeais serait attesté depuis 1905. La délégation a recommandé à la région Nouvelle Aquitaine de ne pas être dupe de ces pseudos récentes recherches supposées linguistiques émanant toujours des mêmes personnes qui ne visent qu’à étayer la thèse de l’existence envers et contre tout d’une langue poitevine-saintongeaise, soit disantes études bâties en sortant les propos des contextes et en faisant dire à des auteurs ce qu’ils n’ont pas dit ou en leur faisant dire, après vérification, ce qu’ils n’ont jamais écrit.

Mme CLAVEAU-ABADDIE a demandé si les Saintongeais se reconnaissaient d’un domaine linguistique. A l’unanimité, la délégation a répondu que le saintongeais est du domaine d’Oïl.

Il lui a été rappelé que le saintongeais, au même titre que le corse ou le breton est une couleur de France et non une couleur du Poitou. Mme CLAVEAU-ABBADIE, d’une excellente écoute, propose alors que dans la conversation, on remplace le mot « poitevin-saintongeais » par « Ziiip » en faisant glisser l’index sur les lèvres pour évoquer la fermeture éclair qui se ferme. Le mot « Ziiip », avec le sourire, a été adopté.

Mme CLAVEAU-ABADDIE a demandé si les Saintongeais se reconnaissaient d’un sous-domaine linguistique commun avec le poitevin. Toujours à  l’unanimité, la délégation a répondu que poitevin, saintongeais mais aussi vendéen sont des parlers cousins (non siamois) et qu’il n’y a jamais eu de main basse d’un groupe sur les autres, comme ce à quoi on assiste aujourd’hui. Occasion de préciser à la représentante de la région que le poitevin-saintongeais n’est défendu que par des Poitevins et aucun Saintongeais (ni Vendéens) – ce qu’elle dit avoir effectivement découvert. Il a été ajouté que le grave de cette invention est d’avoir fait monter un mouvement fort détestable de militants pour la suprématie d’un Poitou jacobin, à qui on a offert un territoire « Entre Loire et Gironde » et « une langue » (il a été omis d’ajouter le fameux drapeau à l’effigie d’un lion prédateur sorti d’on ne sait où dans les années 1990 que le Conseil régional Poitou-Charentes n’avait jamais acté et que l’on s’étonne de retrouver dans le logo de Nouvelle Aquitaine).

Un changement de nom de ce sous-domaine linguistique a été proposé par la déléguée régionale. Le mot « aguiainais » a été cité (mix récent entre les mots Aquitaine et Guyenne). La délégation n’a pas manifesté d’intérêt particulier pour ce mot dès lors qu’on lit déjà sur Internet : « Le poitevin-saintongeais (en aguiainais : poetevin-séntunjhaes), appelé aussi aguiain et aguiainais, est une langue d’oïl fortement marquée par le substrat occitan. Comme il fait transition entre l'occitan et les autres parlers d’oïl bien plus proches du français, certains auteurs décrivent le poitevin-saintongeais comme une langue franco-occitane, sur le modèle du francoprovençal. » (sic) (source : page Poitevin-saintongeais Wikipédia où les Saintongeais ne peuvent apporter aucune correction).

Le fonctionnaire de la région faisant référence à une langue unique pour identifier ce sous-domaine linguistique, la délégation a corrigé en évoquant le terme pluriel de « Parlers d’Oïl du Centre-Ouest » qui sera accepté par tous les locuteurs.

A plusieurs reprises, le représentant administratif de la région a opposé que « la langue française évolue bien, le poitevin-saintongeais est amené à évoluer également pour remplacer le saintongeais et le poitevin ». Ce à quoi il lui a été répondu qu’au contraire, le poitevin-saintongeais doit disparaître car « c’est un cancer » qui conduit à la destruction pure et simple des parlers que l’on dit vouloir défendre.

Le représentant administratif régional jugeant le propos violent à l’image de la violence que ressent la communauté saintongeaise qui se refuse à toute annexion, la délégation a rappelé que les Saintongeais sont bien au contraire une communauté calme et sereine, à l’image de la cagouille.

La délégation a précisé que si pour l’heure, il n’y a pas lieu de s’inquiéter du devenir du saintongeais en pleine santé, bien vivant et productif en littérature, folklore, théâtre, locuteurs (conteurs et autres) avec un compte Facebook de près de 2000 membres, le poitevin-saintongeais a condamné l’existence même du poitevin qui n’a plus d’expression, les Poitevins-Saintongeais, obnubilés à créer une fausse langue, n’en transmettant plus la musique ni le vocabulaire et s’exprimant aujourd’hui en saintongeais croyant faire du poitevin.

La délégation a rappelé le farouche attachement des Saintongeais, non à l’intellectualisation universitaire des langues régionales, mais à la transmission de leurs ancêtres à leurs enfants. Elle en a appelé au respect de leur culture et de leurs auteurs tels Burgaud des Marets de Jarnac ou Raymond Doussinet, toujours occultés par les tenants du « Ziiip » car père de l’orthographe et de la grammaire saintongeaise et dont le remarquable travail sur la spécificité même du saintongeais et son enracinement ancestral balaie toute invention de poitevin-saintongeais.

La délégation a rappelé que le saintongeais est inscrit dans une continuité et que son existence ne peut être soumise aux aléas des jeux politiques ou des découpages administratifs, avec en toile de fond, les tractations budgétaires. Le poitevin-saintongeais a été généré par la création de Poitou-Charentes, mais cette région a disparu. Quant à le voir revenir dans une nouvelle région recomposée, la délégation a fait remarquer que nul ne peut aujourd’hui préjuger du devenir de Nouvelle Aquitaine.

La délégation a enfin indiqué que si la communauté saintongeaise devait encore subir cette agression qui heurte tant et nie son existence comme entité propre avec sa langue autonome, elle mettra en place avec les collectivités locales charentaises un Institut de la culture saintongeaise qui regroupera toutes ses forces vives et sera l’interlocuteur du Conseil régional, du Ministère de la Culture et des instances européennes.

Il a été ensuite remis à la déléguée régionale des Langues et Cultures régionales de Nouvelle-Aquitaine un dossier conséquent demandant à la nouvelle région :

- de respecter la spécificité ancestrale de la culture saintongeaise et de sa langue

- de supprimer toute référence au « poitevin-saintongeais » qui n’existe pas et va à l’encontre de toute politique de sauvegarde des parlers régionaux de la nouvelle région

- de mener une politique culturelle équitable à égale parité entre le saintongeais et le poitevin qui ne peuvent être confondus.

Ont été jointes au dossier les 562 signatures aux pétitions, assorties des nombreux commentaires sur ce qu’inspire le poitevin-saintongeais.

Après avoir évoqué l’Ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 imposant le français dans les documents publics édictée par François 1er (roi saintongeais) et plaisanté sur le petit-fils de sa sœur Marguerite d’Angoulême, le béarnais Henri IV qui a beaucoup bourlingué dans les Charentes au temps de sa jeunesse quand il protestait pour récupérer un trône familial, Mme CHARLINE CLAVEAU-ABBADIE a indiqué qu’elle allait réfléchir à tout ce qui lui a été dit et tiendrait les Saintongeais informés.

La délégation, qui a enregistré que le saintongeais était absolument inconnu de nos élus régionaux, est bien consciente que pour Nouvelle Aquitaine, il est plus facile d’imposer un poitevin-saintongeais inventé en Poitou-Charentes que de tenir compte de ce qui existe vraiment dans le secteur géographique de Charente-Maritime, Charente et Nord Gironde. Aussi l’a t-elle informée que les Saintongeais sont disposés à participer à toutes réunions ou études sur le sujet pour apporter leur regard, leur expertise et leur expérience car la cohésion de Nouvelle Aquitaine ne pourra être effective que si sa politique linguistique est proposée et non imposée.

Que des Saintongeais se déplacent pour se faire entendre à Bordeaux est un fait tout à fait historique. La dernière fois remonte à la Révolution française, ce qui leur valut d’être baptisés par les Gascons : Les Ventres rouges, en raison de l’écharpe rouge qui entouraient leurs ventres.

Les Saintongeais de 2017 se sont félicités de leur « descente » à Bordeaux, de l’excellent accueil qui leur a été réservé et de la qualité d’écoute de Mme CHARLINE CLAVEAU-ABBADIE qui leur a consacré plus d’une heure trente.
Et tels qu’ils étaient venus, ils sont repartis dans l’état d’esprit qui les caractérise : la bonne humeur.

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