B. Lalande, F. Dugas Raveneau, P. Henry, C. Cavaillès, J.L. Revérier |
Orchestré par Fabienne Dugas Raveneau, le débat gravita autour des valeurs que défendent précisément les humanistes, liberté, égalité, fraternité et laïcité. Depuis notre vieil ami Montaigne, l'humanisme est un élément constant de la pensée française. Chaque être humain est appelé à observer des devoirs et des interdits éthiques : ne pas tuer, ne pas torturer, ne pas opprimer, ne pas asservir, ne pas violer, ne pas voler, ne pas humilier (on est proche des commandements bibliques). S'y ajoutent des notions plus vastes conjuguant environnement, planète et toutes formes d'agressions qui pourraient mettre en péril le "vaisseau amiral". Vous l'avez compris, il y a du boulot pour l'accomplissement du "bien vivre ensemble" dans la paix et la justice.
Un nombreux public |
« Quel avenir pour l'humanisme ? Est-ce une gageure ? » dit-elle. Rejoignant le thème de la soirée, elle dressa un constat : « le point commun qu'il peut y avoir entre les déportés et les migrants est l'obligation d'éloignement en raison d'un conflit, l'exploitation des bourreaux, la brutalité de la méthode » (quand un bateau surchargé chavire en Méditerranée, rares sont les survivants). Notons que dans les camps, l'intention de donner la mort était recherchée, « verdict implacable du tyran » ; dans le cas des migrants, ils choisissent de quitter volontairement leurs pays à la recherche d'un monde meilleur, « terres démocratiques qu'ils souhaitent intégrer ».
Les enseignements tirés par les hécatombes des deux guerres mondiales du XXe siècle ne sont pas parvenues à "calmer" la folie des hommes. Si l'Europe constitue un îlot, les guerres n'ont pas cessé parce certains n'en ont guère envie ! L'homme reste-t-il un loup pour l'homme ou bien peut-il s'améliorer et s'il y parvient, comment faire pour ne pas revenir en arrière ? La réponse est dans la volonté des cercles de réflexion et autres associations qui protègent les acquis démocratiques (fragiles et faciles à déstabiliser en conséquence). Donc dans l'éducation, mère de civilisation.
A la tête d'une organisation non gouvernementale, Pierre Henry est bien placé pour parler des phénomènes migratoires : « l'humanisme est un combat de chaque instant, la règle absolue est la solidarité ». Depuis sa création en 1971, France Terre d'Asile œuvre pour le maintien et le développement d'une des plus anciennes traditions françaises, celle de l'asile, et garantit en France l'application des conventions internationales.
Les migrations prennent différentes formes : libre choix parfois, mais le plus souvent forcées en raison des contextes nationaux, guerres, famine, génocides. Le chiffre est en augmentation. En France, l'immigration est une préoccupation gouvernementale (l'actualité s'en fait largement écho). Sur les 220.000 personnes qui entrent, il n'y a pas que des réfugiés. Y figurent des étudiants, des familles et des personnes s'inscrivant dans le regroupement familial. Parmi les 88000 demandeurs d'asile politique, 35% d'entre eux environ seront régularisés. Même si la France fait de gros efforts pour accueillir des migrants, elle pourrait sans doute mieux faire par rapport à d'autres états européens. Les récents attentats ainsi que l'accroissement de la précarité et du chômage ne facilitent guère les ouvertures. Toutefois, il faut échapper au repli sur soi et penser à ce qu'écrivait Saint-Exupéry « nos différences, loin de nous léser, doivent nous enrichir »...
Jean-Loup Revérier : un bel appel à l'humanisme |
Au terme des interventions (dont la qualité a été saluée), un débat s'instaura avec la salle. Un réfugié espagnol raconta avec émotion l'exode que sa famille a connu par deux fois. Les blessures sont présentes, comme si c'était hier.
En conclusion, deux citations, l'une d'André Malraux : « L'humanisme, ce n'est pas dire : ce que j'ai fait, aucun animal ne l'aurait fait ; c'est dire : nous avons refusé ce que voulait en nous la bête » et l'autre de Raffaele Minicucci : « Quand l'homme comprendra que c'est lui qui a inventé Dieu et pas le contraire, il commencera peut-être à faire preuve de plus d'humanisme ». A méditer !
Le témoignage émouvant d'un réfugié espagnol |
Exposition « Lutétia 1945, le retour des déportés » présentée au Centre culturel par les Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD 17) |
• Le collectif laïcité, que préside Serge Bardon, n'est pas une association. Il est ouvert à tous et défend les valeurs de la laïcité.
Tout comme Montendre qui reçoit des Syriens, la commune de Montguyon accueille des migrants. Une expérience dont nous reparlerons |
Il faut rappeler régulièrement que notre passé n'est pas si lointain. Que 50,100 ans ce n'est pas vieux. La barbarie des camps de concentration qu'ont connus nos parents et grands parents c'était hier. Par conséquent il est de notre devoir de récolter le maximum de preuves écrites ou vidéos de nos anciens. Par ce que demain dans 10 ou 15 ans se sera trop tard, il n'y aura plus de mémoires vivantes pour temoigner. Je partage l'idée de se mettre au travail pour rencontrer le maximum de nos aînés pour garder des preuves écrites de cette période de notre histoire pour ne pas oublier. Et enfin que nos enfants et petits enfants saches que ça a vraiment exister toutes ces barbaries.
RépondreSupprimerPhilippe.