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lundi 28 novembre 2016

Libre expression : François Fillon contre François Bayrou ?

Analyse de James Poirier, historien, sur la Primaire de droite et du centre et les futures Présidentielles 2017

• 27 novembre 2016, un événement
 en trompe-l’œil 


Juppé, grand humoriste français : toute sa vie, il a été l’adversaire de la gauche ; le 27 novembre, il est tombé comme homme de gauche, il fallait le faire ! Mais est-il vraiment tombé ? Avec un score de l’ordre de 70%, les fillonistes exultent, tout contents de l’avancée lyrique et conquérante de leur héros, et il y a de quoi.

Mais une question demeure : après la victoire éclatante de Fillon à la primaire de la droite, que va faire l’électorat Juppé ?
Aucune inquiétude du côté des professionnels de la politique : tous les intrigants qui, hier encore, soutenaient Juppé avec élan, ont déjà oublié la « brutalité » et « l’infaisabilité » du projet Fillon ; ils vont s’empresser, dès demain, de lui déclarer leur allégeance. Mais les électeurs ? Tous ces naïfs de « l’identité heureuse dans la diversité » prônée par le vieux roublard de Bordeaux, tous ces tenants de la droite-Clinton, pour qui voteront ils au premier tour de la présidentielle ?
La gauche-castor se frotte les mains : elle qui était à court d’idées et de discours, elle va faire des économies d’imagination en ressortant de la naphtaline son argumentaire des années quatre-vingt sur le thème « Au secours, la droite revient ! ». Tout l’attirail Touche pas à mon pote va resservir, la gauche-castor va reprendre son cœur de métier : « faire barrage ».
Quant à la gauche-Clinton à bout de souffle, faute de représentants crédibles, elle ne sera pas qualifiée pour la présidentielle 2017 : Hollande, Mélenchon, Macron, Montebourg, Valls, aucun de ceux-là ne passera le cap du premier tour. Autre chose commence.

Un joker oublié : François Bayrou, le Medvedev de Juppé  

« L’autre chose » va sortir du bois, en l’occurrence du Béarn. La vraie compétition présidentielle se fera entre trois concurrents : Marine Le Pen, François Fillon et un joker oublié, François Bayrou, le Medvedev de Juppé. Trois candidats, trois tendances : gauche-Marine, droite-réac et droite-Clinton.
 Le Béarnais a un poids personnel dérisoire, même si son score était de 18,5% à la présidentielle de 2007, juste après Ségolène Royal et Sarkozy (gageons qu’il en est nostalgique !)
. À elle seule, cette nostalgie n’est pas susceptible de remettre en selle une candidature Bayrou à la présidentielle.
En revanche, après l’action commando de division de la droite conduite furieusement par un Juppé déboussolé, un boulevard inespéré s’ouvre pour Bayrou.
Pour mai 2017, les rôles sont déjà distribués : la gauche-castor fera ce qu’elle sait le mieux faire (du barrage et de la figuration), la droite-réac soutiendra son candidat, la gauche-Marine le sien, et Bayrou, candidat de fond de tiroir, représentera la droite-Clinton, autre nom du juppéisme mondialiste et multiculturel déçu par la victoire de Fillon aux primaires.
Finaud, madré, inconsistant, le centriste récoltera tranquillement les voix de l’électorat Juppé en reprenant à son compte tout l’argumentaire anti-Fillon développé avec hargne par son maître du moment, le maire de Bordeaux. Nul doute que ce dernier, avec son zèle de de mauvais perdant et de "Young Leader" apportera un appui actif à sa doublure béarnaise.
Juppé va donc continuer sa campagne « droite-Clinton » embarqué dans le sous-marin Bayrou, comme Hollande a déjà commencé sa campagne « gauche-Clinton » embarqué dans le sous-marin Macron. Deux variétés d’habillage, été/hiver, pour une même politique.
En janvier, la primaire de la gauche apportera son divertissement médiatique : Hollande ou Valls sera sélectionné ; Macron se ralliera en fin d’exercice pour ramener à son maître du moment les voix centristes qu’il aura disputées à Bayrou ; Fillon fera campagne avec sa force sincère ; Marine Le Pen dirigera ses flèches contre Bayrou et Fillon, ses seuls vrais adversaires. D’ores et déjà, on peut augurer des résultats des deux tours de l’élection.

Pronostic PREMIER TOUR Présidentielle 2017

Marine Le Pen obtiendra 35 %, laissant François I et François II se disputer la deuxième place (moins de 18% chacun). Pourquoi Fillon va-t-il peiner à atteindre les 18% ? (7 millions de voix)
- Pour trois raisons :
1- parce que les candidats minoritaires capteront 30% des suffrages (Hollande-Valls 9%, Macron 6%, Mélenchon 12%, autres candidats 3%) ; 2 - parce que Bayrou moissonnera sans effort l’effet Juppé de la primaire offensive ; 3 - parce que les électeurs de sensibilité FN qui ont voté Sarkozy, puis Fillon à la primaire de la droite voteront Le Pen au premier tour de la présidentielle.
 Conclusion : les deux François auront moins de 35% des voix à se partager. Celui des deux qui s’approchera des 18 % sera qualifié au deuxième tour contre Marine Le Pen.
Qui va l’emporter ? Bayrou ou Fillon ? Une survivance de la confrontation droite-gauche - en réalité, droite-réac contre droite-Clinton - va se se déchaîner entre les deux François. Dans ce jeu électoral, Fillon bénéficiera de sa spectaculaire dynamique de la primaire, un peu atténuée par l’effet Le Pen ; Bayrou, lui, profitera de son électorat centriste habituel, augmenté de l’effet Juppé. On imaginerait Fillon gagnant... Pas si sûr.
Bayrou aura ses chances parce que Fillon sera présenté par le clan Juppé comme un candidat perdant face à Marine Le Pen.

Pronostic SECOND TOUR Présidentielle 2017 


Dans tous les cas, pour l’électeur, ce qui va peser ce seront moins les promesses économiques que l’amour du pays, l’image et la sécurité de la France, la digne incarnation de la fonction présidentielle. La tête du client va compter. Mais l’intox sondagière et le jeu des reports de voix seront eux aussi au rendez-vous.
Deux hypothèses possibles :
• Premier cas de figure : MARINE LE PEN contre FRANÇOIS FILLON :
Malgré les appels hypocrites à un « front républicain », Fillon ne fera pas le plein des voix de gauche au second tour (à cause de l’abstention de ceux qui considèreront Marine Le Pen plus à gauche et moins réac que Fillon) ; il ne fera pas non plus le plein des voix de droite (des électeurs sarkozistes voteront Le Pen, des juppéistes s’abstiendront).
Conclusion : grâce à (ou à cause de) la gauche-castor, Marine le Pen pourrait être élue. Moralité : Fillon aura du mal à devenir président de la République.

Deuxième cas de figure : MARINE LE PEN contre FRANÇOIS BAYROU.

Avec le faciès et le caractère de Louis XVI, Bayrou fera malgré tout le plein des voix de gauche en souvenir du soutien apporté à Hollande en 2012. Entre mous, on se comprend. De son côté, Marine Le Pen bénéficiera en partie de voix du clan Sarkozy-Fillon, mais ça ne suffira pas. A la fin, le poids des électeurs de gauche fera pencher la balance. Conclusion : grâce à (ou à cause de) la gauche-castor, Bayrou pourrait être élu. Moralité : Marine le Pen ne pourra gagner que contre Fillon.
Ainsi donc, l’événement en trompe-l’œil du 27 novembre pourrait rencontrer la réalité le 7 mai : le « brillant gagnant » Fillon ne gagnera peut-être jamais rien, mais, après cinq années de Hollande, le plus déconcertant — et pourtant le plus logique — serait d’assister à la victoire incongrue et incomprise de Bayrou ...

JUPPÉ
 Young leader
 de la droite-Clinton
Juppé pourrait alors devenir le premier ministre de Bayrou et diriger le pays à sa guise pendant cinq ans, comme Poutine l’a fait en Russie sous la pseudo-présidence Medvedev de 2008 à 2012.
Le véritable événement n’est pas le beau discours de Fillon le 25 novembre, ni sa stupéfiante victoire du 27 novembre, mais ceci : Juppé, candidat éliminé de jure, ne renoncera pas, (il n’est pas une
« chochotte », « il va mettre la gomme », comme il dit) ; donc, jusqu’au bout, il va savonner la planche à Fillon, jusqu’à gagner de facto la présidentielle par potiche interposée.
Ce sera son dernier coup, il l’a dit. Un coup tordu qu’il veut à tout prix réussir.
S’il parvient à ses fins — ce qu’à Dieu ne plaise —, il imposera de façon illégitime son programme multiculturel, pro-diversité, pro-saoudien, antirusse, anti-Assad, pro-Merkel, pro-UE — en un mot pro-Clinton — que les Français rejettent massivement, mais que les oligarques mondialistes ont décidé de maintenir coûte que coûte chez nous.
Juppé est à leur service, il l’a déjà prouvé ; les ordres sont les ordres.
Les médias aux ordres (eux aussi) avaient formaté sa victoire depuis des mois avec des éditos de propagande façon Bernard Guetta (collègue de Juppé chez les Young Leaders). Fillon le réac les a pris de court. Peu importe, ils vont enclencher la propagande-bis pour Bayrou-la-doublure. Juppé et la droite-Clinton passeront en force, ils en ont l’habitude.
Bayrou-Juppé, ce sera, en plus brutal, la politique Hollande-Taubira-Merkel : mariage, chômage, immigration et attentats pour tous. Ce n’est pas correct ? Peu importe, Juppé est en service commandé.
En ce 27 novembre, des Français heureux et fiers de l’être célèbrent l’envol de Fillon. En songeant aux nuages qui pèsent, leur joie bien française fait peine à voir.

James Poirier

French American Foudation for Young Leaders : Programme américain de repérage, de sélection et de « formation » idéologique des futures élites françaises. Ce conditionnement dure depuis 1976, le premier sélectionné et formé fut Alain Juppé (avec Bill et Hillary Clinton côté américain), suivis de centaines d’autres, dont François Hollande, Nicolas Sarkozy, Pierre Moscovici, Emmanuel Macron, Laurent Wauquiez, Najat Vallaud Belkacem, Nathalie Kosciusko-Morizet, Arnaud Montebourg, Nicolas Dupont-Aignan, Marisol Touraine, Bernard Guetta de France-Inter, Jean-Marie Colombani du Monde, etc. Liens: https://fr.wikipedia.org/wiki/French-American_Foundation
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/hollande-et-sa-clique-de-young-138241


1 commentaire:

  1. Palsambleu ! Juppé tombé « comme homme de gauche » face à Fillon!
    Où se situe-donc dans ce cas « l'humaniste » Fillon  sur l'échiquier politique ?
    Mais rassurez-vous mes très chers frères..avec Fillon, s'il est élu,nous en prendrons plein la g...
    Question d'habitude !
    Et avec Le Pen, nous risquons une « belle » guerre civile !
    Mais d'après Mr Poirier , les autres «ne sont pas crédibles » !
    Alors, nous sommes sauvés !

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