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mercredi 23 novembre 2016

Jonzac : les histoires d'amour finissent mal en général... et ça nous faire rire !

Joué par la Compagnie de la Reine que dirige Jean Daniel Laval, Courteline, écrivain du XIX siècle, est apparu dans toute sa fraîcheur et sa verve satirique l'autre vendredi au théâtre du château de Jonzac, dans le cadre des Feuillets d'automne. Les relations humaines ne prennent pas une ride, quel que soit le temps qui passe...


Le spectacle s'appelle Eloge de la bêtise ordinaire. La bêtise ordinaire, c'est quoi ? Les situations banales qui ponctuent la vie des hommes et des femmes, créant au quotidien des monotonies au mieux, des tensions et des hypocrisies au pire. S'y ajoutent les frasques de l'administration, la suffisance de la magistrature, la pauvreté ambiante, les bourgeois qui se donnent des airs d'aristos et cette société du XIXe siècle coincée entre matérialisme et religion.
Ce monde, Georges Courteline l'a tout de suite épinglé bien qu'il ait vécu une jeunesse heureuse. Il est le fils de Jules Moinaux qui connaissait la célébrité en tant qu'écrivain, humoriste, dramaturge, chroniqueur et librettiste. Il a rédigé, entre autres, des chroniques judiciaires pour La Gazette des tribunaux et Le Charivari - rassemblées en recueil sous le titre "Les Tribunaux comiques" - et sa satire du milieu policier, "Le Bureau du Commissaire" a été publiée en 1886 avec une préface d'Alexandre Dumas fils.

Georges Courteline est à bonne école. S'inspirant de la vie militaire et de la bureaucratie, il réalise quelques comédies avant d'écrire de courtes pièces sur son environnement immédiat. Maniant habilement la langue française, il cache derrière des scènes cocasses les caractères de son époque, une véritable étude de société qui se traduirait aujourd'hui - pourquoi pas - par un one man show ! Il a le don de l'effet comique et s'il ne le recherche pas, il l'atteint par une subtile moquerie rapportée de manière impeccable. Chacun en prend pour son grade avec une infinie délicatesse !

La paix chez soi
Sigismond
Gros chagrin
Pas étonnant que Jean Daniel Laval ait adapté huit courtes pièces de Courteline, auteur oublié qui revient sur les tréteaux pour le plus grand plaisir : la paix chez soi et les efforts d'une femme dépendante de son mari (qui la pénalise financièrement à chaque manquement) ; Sigismond et l'amour insensé d'une mère ; le Gora ou l'incompréhension des liaisons ; Théodore cherche des allumettes, jeune poivrot confronté à son père ou censé l'être ; la cinquantaine ; gros chagrin ou comment une femme trompée s'en moque totalement ; dors en paix en duo et la peur des coups. Le public s'amuse beaucoup parce que toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existé n'est pas purement fortuite. Les histoires d'amour finissent mal en général et font rigoler.. quand on n'est pas concernés !

Avant dernier spectacle des Feuillets d'automne avant de recevoir Francis Perrin 
vendredi et samedi prochains (Molière)
Le Gora
Théodore cherche des allumettes
Dors en paix
Les affres de la jalousie...
Au terme du spectacle, un débat s'instaure entre Jean Daniel Laval, les comédiens Amélie Gonin, Mathilde Puget, Tiphaine Vaur, Auguste Bruneau, Richard Delestre, Alexandre Tourneur et le public. Un échange sympa avec le directeur du Théâtre de Fontenay-le-Fleury qui poursuit, contre vents et marées, un travail de défense du théâtre populaire (après avoir dirigé durant douze ans le Théâtre Montansier à Versailles). A la question : Quel metteur en scène êtes-vous ? Il répond simplement : « Un artisan, un homme de ménage. Comme disait Jean Vilar, « je ne mets rien en scène, je régis » ! Moi je nettoie. C’est de l’harmonie du vide pour l’art dramatique ou du silence pour la musique que naît l’œuvre idéale ». Et si l'œuvre est parlante, comme celle de Courteline, elle provoque le rire, si précieux de nos jours !  

Echange avec le public
• Huit courtes pièces de théâtre en un acte de Courteline (1858-1929), mises en scène par Jean-Daniel Laval, ancien directeur du Théâtre Montansier de Versailles, et la Compagnie de la Reine que Jonzac a eu le plaisir d’applaudir en 2015 avec "Le Malade Imaginaire" de Molière.

Un public conquis !
PHOTOS © NICOLE BERTIN

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