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lundi 10 octobre 2016

Lucienne Renaudin Vary : Née pour être trompettiste ! Born to be trumpet player !

Sagement assis dans une salle de spectacle, on vit parfois de grands moments. On peut être enchanté, désabusé, voire interrogatif quant à la scène offerte. Enchanté parce que les musiciens sont de sacrés professionnels, désabusé pour "incompréhension" et interrogatif pour de multiples raisons, à commencer par la personnalité de l'artiste ou les artistes invités.


Samedi à Jonzac, le public a été à la fois enchanté et interrogatif. Aux côtés du formidable groupe de jazz que constituent le pianiste Philippe Duchemin, la contrebassiste Patricia Lebeugle et le batteur Jean Pierre Derouard, le théâtre du château accueillait la trompettiste Lucienne Renaudin Vary qui vient de remporter la Victoire de la Musique classique en catégorie « Révélation soliste instrumental ».
Le charme de cette jeune fille aux longs cheveux et regard lumineux - que la région a déjà applaudie lors des Eurochestries 2012 - réside en sa maîtrise à jouer de la trompette. Avec une aisance étonnante comme si cet instrument, généralement destiné aux hommes, avait délibérément choisi de se confier à elle dans une étroite complicité !


Il est évident qu'elle a beaucoup travaillé pour y parvenir, il n'empêche. Le merveilleux s'installe quand elle entonne les morceaux sacrés du jazz (Chet Baker, Sonny Rollins), ou quand elle siffle - avec autant d'aisance que le chanteur britannique Roger Whittaker - Bluesette de Toots Thielemans. Le public est à la fois charmé et médusé par cette toute jeune fille de 17 ans qui obtient le meilleur de son instrument quand d'autres rament des années pour arracher un son.
Chez Lucienne Renaudin Vary, tout paraît simple, tant dans l'unité qu'elle entretient avec sa meilleure amie la trompette, que dans sa volonté à explorer les champs musicaux. Pas de grosses joues se gonflant au gré de l'effort, mais une limpide fluidité, symbole de féminité ! « Les grands du jazz se seraient-ils penchés sur son berceau, présences invisibles qui lui donneraient cette force ? » souligne un spectateur qui n'en revient pas. Et d'ajouter : « Un tel professionnalisme à cet âge est remarquable ». 

Ces jeunes virtuoses, dont la valeur n'attend pas le nombre des années, ont quelque chose en plus. Outre l'admiration que suscite leur précoce talent, leur fraîcheur et leur spontanéité les rendent accessibles et proches du public. Que du bonheur !

Organisatrice de cette soirée dans le cadre de "Jazz à Jonzac", Maïté Auboin Hannoyer est heureuse d'avoir offert, avec le soutien de la municipalité, un rendez-vous de cette qualité qui clôture la saison. « Le moment était unique car c'était la dernière fois qu'elle se produisait avec le groupe de Philippe Duchemin. Que Lucienne Renaudin Vary l'ait dédicacé à Jonzac nous honore ». La jeune fille s'apprête, en effet, à rejoindre un chapitre musical plus classique. Il faut dire que sa virtuosité excelle dans les grands concertos du répertoire, Haydn ou encore le concerto en mi bémol majeur de Johann Nepomuk Hummel, interprété pour le public de « Stars de demain » à Berlin. Quant au jazz, nous ne doutons pas qu'elle le gardera dans son jardin secret…

Le pianiste Philippe Duchemin, la trompettiste Lucienne Renaudin Vary, la contrebassiste Patricia Lebeugle et le batteur Jean-Pierre Derouard au théâtre du château de Jonzac
• Les coups de coeur : 
• Au programme : Chet Baker, Sonny Rollins, Duke Ellington, Toots Thielemans, Benny Green, Oscar Peterson entre autres. Pont de Philippe Duchemin établi entre le classique et un improvisation réussie sur Jean-Sébastien Bach « Take Bach », sa composition en clin d’œil à Chopin « Ballade en Pologne » et des arrangements de standards de jazz (Caravan, L’Impossible, etc). 

• Si vous êtes à Paris en décembre, Lucienne Renaudin Vary sera en concert jeudi 1er décembre  à 20 h, cathédrale Saint Louis des Invalides.

• A suivre la carrière prometteuse de Philémon Renaudin Vary, frère de Lucienne, à la contrebasse.


• Lucienne Renaudin Vary a remporté en 2016 la Victoire de la musique classique, en catégorie « Révélation Soliste instrumental ». En 2012, alors âgée de 13 ans, elle s'est produite en Haute Saintonge dans le cadre des Eurochestries. L'année suivante, elle est présente sur la scène du festival « Un violon sur le sable » de Royan pour jouer avec l'orchestre du festival les variations sur le carnaval de Venise de JB Arban. Elle y revient en 2014 en récital avec le quintette de cuivres du festival et en duo avec la trompettiste anglaise Alison Balsom. Cette même année, elle donne son premier concert notable de jazz au Mans lors de la « Nuit des chimères » en trio avec Patricia Lebeugle, contrebasse et Philippe Duchemin, piano.
En 2015, elle se  partage entre le classique et son groupe de jazz (tournées en France, Russie, Finlande). En 2015, elle joue avec un autre pianiste Olivier Leveau lors du festival de jazz de Rheingau. En avril 2016, elle est nommée ambassadrice de la ville du Mans, sa ville natale.

• En 2012, Lucienne Renaudin Vary avait enthousiasmé la Haute Saintonge

Retour sur cet événement où le public a rencontré la petite princesse de la trompette

Le public l’a ovationnée lors du concert d’ouverture des Eurochestries. Trompettiste à 13 ans, Lucienne Renaudin Vary a suscité l’admiration autant que la curiosité.

Concert des Eurochestries à Pons
Regard angélique, longs cheveux clairs, Lucienne Renaudin Vary est la révélation des Eurochestries 2012. Pourquoi  ? Parce qu’à treize ans, elle joue de la trompette comme les plus grands et Claude Révolte, en l’écoutant, avait la larme à l’œil. La valeur n’attend pas le nombre des années, dit-on.
C’est précisément vrai dans son cas, la trompette n’étant pas un instrument particulièrement facile pour la gent féminine puisqu’elle requiert du souffle ! Toutefois, ces dernières années, les femmes osent ce choix. Pour preuve, au Québec, certaines occupent la place de " première trompette " dans les grands orchestres.

Lucienne habite Le  Mans. C’est là qu’elle va à l’école et suit des cours au Conservatoire. Très jeune, elle étudie d'abord le piano. « Cet instrument ne l’attirait pas vraiment » admet son père. C'est pourquoi il est surpris quand elle demande à s'inscrire au cours de trompette où manquent des élèves. « Lucienne était enthousiasmée par cette nouvelle perspective » se souvient-il. Ses parents se laissent convaincre par ses arguments. C’est ainsi qu’en 2007, à 8 ans, elle rejoint le cours de Philippe Lafitte avec qui elle a « un très bon feeling  ».
La reconversion est judicieuse. Lucienne fait des progrès rapides et reçoit plusieurs distinctions, dont le prix Parnasse avec le célèbre Guy Touvron. En 2009, elle découvre le jazz dans la classe de Santiago Quintans, toujours au Conservatoire du Mans.

A l'âge de 13 ans !
Comment a-t-elle connu les Eurochestries ?

Repérée lors du concours des Petites Mains Symphoniques, elle a participé, en janvier dernier, au concert de la Fédération des festivals Eurochestries organisé en l’église des Billettes à Paris, dans le IVe arrondissement. Elle y a été sélectionnée avec d’autres camarades, dont Bo-Geun Park au violoncelle, Eva Mylles au piano qu’on a pu entendre à Jonzac avec le flûtiste Pierre Louis Foucault. Vendredi dernier, en l’église Saint-Gervais, elle a interprété l’Ave Maria de Schubert, œuvre chère au grand maître que fut Maurice André. Samedi au Casino, elle a choisi le concerto n° 1 de Vassily Brandt.

Dimanche prochain, à Jonzac, elle offrira au public « Le carnaval de Venise », accompagnée par un orchestre symphonique. Elle est ravie de jouer en soliste ! Parmi ses projets, elle devrait participer au concours Casse-Noisette à Moscou et enregistrer, avec Guy Touvron, un hommage à Maurice André (désigné meilleur trompettiste au monde en 2006 par les Américains) pour les prochaines Victoires de la musique classique.

En l'église de Jonzac en 2012
Quand on lui demande ce qu’elle veut faire plus tard, Lucienne répond «  trompettiste professionnelle  ». En Haute-Saintonge, nous aurons assisté à ses débuts. Une chance de voir naître une étoile !

Avec le recul, on s'aperçoit combien nous avons été chanceux d'accompagner les premières prestations de Lucienne Renaudin Vary, puis de l'entendre à nouveau en ce 8 octobre 2016 au théâtre du château. Comme il est beau de voir un papillon sortir de sa chrysalide et d'écouter la petite princesse du monde de la trompette. Magnifique soirée qui restera dans les mémoires comme l'un des moments forts et magiques où tout devient possible !

En 2012, Lucienne Renaudin Vary aux côtés de Claude Révolte, directeur des Eurochestries, Louis Babin, auteur compositeur québecois, une soliste de Krasnoiarsk (Russie) et des délégués d'orchestres (© Nicole Bertin).

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