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mardi 6 septembre 2016

Sylvia Pinel, première femme présidente
des Radicaux de gauche

Guilhem Porcheron « ressuscite la pratique démocratique » !

Apparemment, qu'une femme soit présidente d'un parti ne mobilise pas les médias nationaux, même si celle-ci a donné son nom à une loi sur le logement, la fameuse loi Pinel. 
Les PRG, qui tenaient leur congrès à La Rochelle en fin de semaine, doivent se rendre à l'évidence : tant qu'ils seront dans le "giron" socialiste, ils seront présents dans le Gouvernement, mais n'en seront que des satellites ! Etre ou ne pas être, voilà bien la question !

Sylvia Pinel, nouvelle présidente des PRG (© Nicole Bertin)
Durant un temps, le fameux Parti radical - dont l'un des présidents du Conseil, Emile Combes, contribua à la loi de séparation des Eglises et de l'Etat - tenait le haut du pavé. Puis les choses se compliquèrent. Le Mouvement des Radicaux de gauche est né en 1972 d'une scission du Parti radical, certains responsables voulant adhérer au programme commun de la Gauche et soutenir la candidature de François Mitterrand. Désormais, il y avait deux camps distincts, les Radicaux de droite et ceux de gauche !
Le député maire de la Rochelle, Michel Crépeau, en digne représentant des MRG, est l'une des dernières grandes figures de ce parti qui pourrait être à l'aube de changements. Actuellement, il n'est pas assez représentatif par son nombre d'adhérents pour se séparer de son grand frère socialiste, faisant moins bien que les Verts quant à son indépendance. Aux dernières Régionales par exemple, Europe Ecologie les Verts, malgré un score modeste au premier tour, a fait élire plus d'élus que les PRG aux côtés d'Alain Rousset en Nouvelle-Aquitaine. 

Le dernier congrès a reflété ce climat où le parti est à un tournant, partagé entre l'envie de rester statique et le désir d'inventer un avenir nouveau, malgré les difficultés qu'une telle perspective engendre. Bref, une querelle des anciens et des modernes sauf qu'en la circonstance, l'ancien - autrement dit Guilhem Porcheron, 60 ans - serait plus novateur dans sa façon de penser que la moderne, Sylvia Pinel, 39 ans, fille spirituelle de Jean-Michel Baylet, ministre des collectivités territoriales de l'actuel gouvernement.
Alors, toujours « près de l'assiette au beurre », les Rad'socs ? La politique est ainsi faite que les alliances des uns avec les autres sont réalisées pour créer une stabilité. Et tant mieux si dans la foulée, on est nommé ministre ! A droite, l'UDI n'est guère plus affranchie. Pour exister, elle a besoin des Républicains. Quel dommage que les centres ne prennent pas de la hauteur. Mais pour eux, se fédérer est aussi compliqué que de rechercher une aiguille dans une meule de foin. Un centre réunifié obtiendrait pourtant des voix aux Présidentielles de 2017, scrutin qui mobilise de nombreux prétendants.

De la menace de voir le courant de Marine le Pen - traité de « petite boutique familiale » - au second tour des Présidentielles, il n'a guère été question lors des débats des PRG. Ce samedi-là, il s'agissait d'élire Sylvia Pinel à la tête du parti avec une particularité : il y avait deux candidats. Dans le passé, Jean-Michel Baylet, « président historique éternel » n'a jamais connu ce cas de figure. Quelle chance d'être ainsi proclamé de 1996 à 2016 !

Guilhem Porcheron : « nous avons l'ambition d'être une grande formation »

Pour Guilhem Porcheron, le PRG peut se "retrouver" dans deux tableaux célèbres, "la liberté guidant le peuple" de Delacroix et "El tres de mayo" de Goya, 
qui symbolisent la lutte contre l'obscurantisme.

Venant de la société civile (il a travaillé pour Jardiland et la station de ski de Tignes), Guilhem Porcheron n'est pas né dans le berceau des apparatchiks politiques. Le public, moins "explosif" qu'à Venzolasca en Corse, a écouté ses propos avec attention. L'économie réelle, il sait ce que c'est. Candidat à la présidence du PRG, il est allé à la rencontre de fédérations, des militants, des élus. Loin des phrases toutes faites et des discours écrits par les services ministériels, il pose de vraies questions : que devient le PRG dont les valeurs « ont sculpté la République » et que veut-on faire de l'Europe quand la Grande Bretagne s'en retire (en apparence) ?
Croyant en une Europe humaniste, sociale et fédérale, il estime que le PRG doit se démarquer. En conséquence, il souhaite « un parti moderne » s'articulant autour des valeurs "socles" de la France, liberté, égalité, fraternité et laïcité. D'où l'importance de l'éducation au sein de la famille.
Il rappelle que le PRG n'est pas un courant du PS et qu'il n'est pas « condamné » à être à ses côtés : « nous avons l'ambition d'être une grande formation. Pour cela, il nous faut être visibles, identifiés ». Dans ce cas, y aura-t-il un candidat PRG aux Présidentielles ? « Je n'en sais rien par manque de visibilité ». Aux Législatives, le PRG voudrait présenter au moins 200 candidats, avec des femmes de préférence en raison de la parité (ce qui lui permettra de payer moins d'amendes) !

 Sylvia Pinel : « Nous ne serons pas les vassaux de l’unité de la gauche »

Sylvia Pinel vient du Tarn et Garonne dont elle a gardé l'accent chantant. En France, 
elle est la première femme à conduire un parti politique.

Sylvia Pinel est proche de Jean-Michel Baylet. Vive et déterminée, elle a gravi les marches une à une. Pour elle, le PRG a « les pieds sur terre, la tête dans les étoiles et surtout il est debout dans la tempête ». La France traverse, en effet, une période difficile de son histoire en raison des attentats perpétrés par Daesh. « Notre pays s'est engagé courageusement contre ces barbares » dit-elle, « il en va de la préservation de notre identité ».
A la veille des Présidentielles, elle est attristée par le spectacle qu'offre la Gauche qui se cantonne à « des débats de salon » au détriment des grands thèmes. Dans ces conditions, quelle attitude adopter aux primaires « au cœur du théâtre des égos et des aigris » ? « Si la Gauche joue collectif, nous irons. Sinon, nous suivrons notre propre chemin. Nous ne serons pas les vassaux de l’unité de la gauche » explique-t-elle. D'où la nécessité de resserrer les rangs.
Rappelons qu'aux primaires de 2012, Jean-Michel Baylet avait représenté le PRG. Si elle-même choisit d'y participer, les sujets principaux qu'elle traitera concerneront l'économie, l'écologie et l'Europe.
Après les Présidentielles (23 avril 2017), se tiendront les Législatives (11 juin) où les femmes PRG sont encouragées à se porter candidates « au cœur d'un parti qui est le seul à parler la langue de la République ». Un brin guerrière, Sylvia Pinel démontre que les femmes ont un rôle à jouer. Aujourd'hui plus que jamais ! Et de citer les "pionnières" dont la célèbre Olympe de Gouges.

Autour de Pierre Malbosc, président du PRG de Charente Maritime, Soraya Ammouche, conseillère régionale, Marylise Fleuret Pagnoux et Nadège Désir, conseillères départementales
Les opérations de vote
Après le vote des délégués, les résultats donnent Sylvia Pinel victorieuse : 345 voix contre 181 suffrages à Guilhem Porcheron (622 inscrits, 546 votants, 20 nuls ou blancs). Emue, elle remercie les militants qui l'ont portée à cette fonction, elle qui est issue « d'une famille modeste ».
Première femme présidente des Radicaux de gauche, députée du Tarn-et-Garonne, première vice-présidente du Conseil régional d’Occitanie, elle a du pain sur la planche en raison de ses multiples activités ! Toutefois, à partir de l'an prochain, s'appliquera la nouvelle loi sur le cumul des mandats.

Sylvia Pinel aux côtés de Jean-Michel Baylet, Guillaume Lacroix et Guilhem Porcheron
Sylvia Pinel ovationnée

Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, a clôture le congrès dimanche matin. Dans sa jeunesse, étudiant à Sciences Po Bordeaux, il a dirigé la fédération du mouvement des Jeunes radicaux de gauche de Gironde avant de rejoindre le parti socialiste (© Michel Bertrand)
Des archives (intéressantes) sur le Mouvement des Radicaux de Gauche étaient exposées. 
Une bonne occasion de se "remémorer" le passé à travers Robert Fabre

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