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mercredi 28 septembre 2016

Réorganisation des services publics : l'Etat ouvre un dialogue avec les maires des Trois Monts, Montendre, Montlieu, Montguyon

« Que Saint-Aigulin perde à la fois sa trésorerie et sa gendarmerie est un coup dur » souligne Alain Chiron, maire de Saint-Aigulin
• Les élus mobilisés pour la survie du Syndicat des communes du canton de Montguyon



Jeudi dernier, le préfet de Charente-Maritime a rencontré les maires des Trois Monts. Il s'agissait, pour Eric Jalon, « d'apporter aux acteurs locaux une meilleure visibilité sur l'évolution des différents services publics, d'approfondir les concertations et de mieux définir les modalités d'accompagnement des restructurations mises en œuvre dans le Sud Saintonge, partie la plus éloignée de La Rochelle ».
Après avoir visité la Maison de la solidarité et des services publics de Montguyon, il a animé, dans la salle municipale de Saint-Martin d'Ary, une réunion où les élus ont exprimé leurs sentiments respectifs face à des fermetures et regroupements qui les placent dans des situations difficiles. D'où la volonté, pour le représentant de l'Etat, d'ouvrir un débat « constructif » afin de ne pas placer les interlocuteurs locaux devant une décision finale à laquelle ils n'auraient pas été associés.

Quels sont les sujets qui préoccupent les maires ? 

Les maires du Sud : mobilisés pour sauver la ruralité
Tout d'abord la fin de la trésorerie de Saint-Aigulin, le 1er janvier 2017, le nouveau point d'accueil devant se trouver à Montlieu La Garde. Le maire de Saint-Aigulin, Alain Chiron, ne l'entend pas de cette oreille. Il souhaite que la trésorerie, qui emploie quatre fonctionnaires, puisse conserver des permanences sur sa commune : « On se bat depuis le début de l'année pour faire valoir le droit à la proximité des services publics. En janvier, on nous a dit que la future perception serait à Montguyon. En mai, il était question de Montlieu La Garde et dans la foulée, l'annonce de la fermeture de la perception de Saint-Aigulin a été faite par lettre officielle. Le Préfet a écouté nos doléances, espérons qu'elles seront entendues. Les maires des Trois Monts vont se mobiliser pour défendre les intérêts de leurs concitoyens ».
Le préfet a bien conscience des réactions de la population. Toutefois, ces réorganisations ne sont pas décidées au hasard. Cette opération va dans « le sens d'une amélioration de la qualité du service rendu à l'usager, gestion comptable et financière des collectivités locales ou gestion fiscale des particuliers ». En effet, elle permettra la création d'une structure disposant d'une taille suffisante en personnel alors que « les services actuels sont caractérisés par leur dimension réduite » explique-t-il. Certains maires soulèvent la distance à effectuer pour se rendre à Montlieu La Garde (certaines communes en sont éloignées d'une vingtaine de kilomètres). « Ce sont des réflexions légitimes » déclare Eric Jalon.
Un groupe de travail sera donc mis en place avec les quatorze maires concernés ainsi que les différents responsables afin de recenser les difficultés et tenter d'y apporter une réponse. L'objectif est d'avoir un échange positif, sans idées préconçues, en évitant de placer les édiles face à une situation déjà actée…

Eric Jalon, préfet, et Elise Dabouis, sous-préfète de Jonzac
Gendarmeries :  Créer une brigade territoriale regroupant Montguyon et Saint-Aigulin

L'avenir est la création d'une brigade territoriale autonome de 12 gendarmes (voire d'augmenter ces effectifs). Les gendarmeries de Montguyon et de Saint-Aigulin comprennent chacune 6 gendarmes, nombre qui entraîne une organisation du travail contraignante. La nuit en particulier lors des patrouilles. Une récente affaire est révélatrice : la gendarmerie reçoit un appel pour se rendre à la Clotte ; le temps que le gendarme de Montguyon aille récupérer son binôme à Saint-Aigulin, il s'est écoulé un temps précieux, les kilomètres pénalisant la rapidité des interventions. Les choses auraient été plus simples si les deux hommes s'étaient trouvés au même endroit ! Certains soulignent également des carences en carburant, problème apparemment résolu.
De nos jours, les gendarmes sont équipés d'outils performants, dont les fameuses tablettes qui offrent  un accès rapide à trois fichiers nationaux. L'objectif est de donner aux forces de l'ordre les moyens nécessaires à une réactivité encore plus grande.

Localement, la question qui se pose est de savoir où se situera l'emplacement de la future brigade, les élus devant s'entendre sur un projet fonctionnel porté par la collectivité. Montguyon ? Saint-Aigulin ? Evidemment, Alain Chrion plaide pour sa commune qui subira une double peine avec la perte de sa trésorerie et de sa gendarmerie : « Nous sommes d'accord avec la réorganisation en brigade autonome de territoire. Il faut choisir son implantation. A côté, la Gironde a opté pour Coutras et la Dordogne penche pour Saint-Aulaye. Saint-Aigulin correspondrait à un équilibre géographique avec un rayon d'une vingtaine de kilomètres. Si la commune de Montguyon est retenue, le secteur de Saint-Aigulin sera totalement déshérité ». 

Qui peut prendre en charge la construction ? Plusieurs pistes sont évoquées : le syndicat des communes de Montguyon - menacé de dissolution - qui aurait alors un formidable dossier à traiter, la CDCHS ou l'office des HLM comme c'est le cas à Pons. Des interrogations se posent auxquelles l'Etat veut répondre en toute transparence en associant les voix qui s'élèvent du terrain.
Le préfet comprend que le départ de la gendarmerie de Saint-Aigulin puisse contrarier les habitants, d'où sa volonté de ne pas "abandonner" les édiles à leur sort : « je ne veux pas qu'ils soient seuls face à cette situation, c'est pourquoi un groupe de réflexion sera constitué en présence d'Elise Dabouis, sous-préfète de Jonzac et moi-même. Ce départ n'est pas un retrait, l'Etat ne se retire pas des territoires ruraux ». Ce comité devrait être opérationnel rapidement.

Comme le rappelle Eric Jalon, les mesures gouvernementales décidées lors des trois comités interministériels qui se sont tenus à Laon en mars 2015, à Vesoul en septembre 2015 et à Privas en mai 2016 ont permis de donner une nouvelle dynamique en faveur de la ruralité : « L'Etat œuvre pour des services publics de qualité dans tous les territoires, car leur impact sur la vie quotidienne des citoyens est considérable et leur présence relève de la cohésion et de la justice sociale ».
En 2017, il sera proposé aux collectivités de conclure avec l'Etat des contrats de ruralité, au travers desquels seront accompagnés les projets de territoires. L'Etat s’engagera sur un accompagnement pluriannuel (2017-2020) des actions des collectivités en matière d'accès aux services et aux soins, de revitalisation des centres bourgs, de soutien au commerce de proximité, d'attractivité du territoire, de transition écologique et de cohésion sociale.
Une enveloppe de 15 millions d'euros a été débloquée en 2016. Un recensement précis des besoins est en cours d'élaboration afin d'apporter des offres concrètes et satisfaisantes. L'évolution des services publics ne pourra se faire sans y associer toutes les forces vives. Sinon, c'est la fracture assurée. En effet, le grand désespoir des campagnes est de voir disparaître peu à peu les services auxquels elles étaient habituées depuis des lustres...


• La Maison de la solidarité et des services publics de Montguyon regroupe en un seul lieu : pôle emploi, mission locale, CPM, CAF, CARSAT, délégation territoriale à l'action sociale, assistante sociale, psychologue, conseiller du Tribunal de Grande Instance de Saintes (sur rendez-vous).

• Afin de faciliter les déplacements de la population, plusieurs expériences ont été tentées comme celle de proposer la permanence d'un gendarme tous les mercredis à la mairie de Montlieu. En vain, les personnes allant porter plainte directement à la gendarmerie de Montendre.

• En raison de la proximité du Sud Saintonge avec les départements de la Dordogne et de la Charente, l'Etat travaille à une mise en réseau des patrouilles de gendarmerie sur le terrain afin de faire intervenir celle qui est la plus proche. « L'objectif est d'unir les potentiels en tenant compte du bassin de vie » explique le Préfet 

• La survie du syndicat des communes de Montguyon sera étudié à La Rochelle en CDCI le 7 octobre prochain. Le préfet attend du syndicat qu'il présente des projets, ce que l'intéressé entend bien démontrer. Pour l'instant, il gère l'office de tourisme, lequel tombera dans l'escarcelle de la CDCHS l'an prochain dans la cadre de la loi NOTRe. Les élus se mobilisent pour le sauver sinon le couperet tombera le 1er janvier 2017. « Il y a de nombreux dossiers cohérents à porter, la nouvelle gendarmerie, le renforcement de la trésorerie de Montlieu et les maisons médicales » assurent les élus qui veulent faire vivre la ruralité. La présidence de ce syndicat était assurée par Francis Savin, disparu récemment, le vice-président étant François Bastère, maire de Montguyon.

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