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samedi 10 septembre 2016

Blaye : Un restaurant signé Claus Meyer
à l'hôtel Bellevue ? Et pourquoi pas…

Créateur au Danemark de Noma, sacré "meilleur restaurant au monde" quatre ans de suite par des critiques gastronomiques, Claus Meyer se trouvait à Blaye mercredi dernier où il a rencontré les propriétaires de l'hôtel Bellevue. S'il venait à lancer une nouvelle table dans cet établissement, la ville de Blaye entrerait dans la cour des grands ! 
Rencontre avec ce chef de la nouvelle cuisine nordique, visionnaire du concept "de la ferme à la table", soucieux d'une alimentation saine, respectueuse du consommateur et de la nature qui l'entoure.

Mercredi après-midi, Claus Meyer a fait étape à la Galerie, chère à Clarissa Schaeffer 
(© Nicole Bertin)
Mercredi dernier, Claus Meyer a fait étape rue Saint-Simon chez Clarissa Schaeffer et Leslie Kellen. En ce lieu pimpant qui abrite chambres d'hôtes et galerie d'art, on joue des coudes pour apercevoir le chef de cuisine de renommée internationale. « Il s'intéresse à l'hôtel Bellevue » murmure-t-on dans les rangs avec un sourire complice. De nombreuses personnes ont répondu à l'invitation lancée par Clarissa, à commencer par les édiles concernés par le projet dont tout le monde parle en ville.
Si Claus Meyer venait à y ouvrir un restaurant, l'aubaine serait grande pour ce port de Gironde qui possède une citadelle édifiée par Vauban. Magnifique promontoire surplombant l'estuaire de la Gironde. S'y ajoutent les vestiges du château des Rudel, famille qui compte dans ses rangs un troubadour fameux, et la sépulture de Roland, neveu de Charlemagne, en la basilique Saint-Romain. La cité a de beaux atouts, patrimoniaux et touristiques, qu'elle valorise en prenant son temps. Un coup de projecteur médiatique générerait une dynamique ! Claus Meyer peut l'incarner…

L'hôtel Bellevue, à la sortie de Blaye
Malgré la renommée qui l'entoure, Claus Meyer est un homme discret et accessible. Chez lui, pas de ronds de jambe qui donnent aux échanges des allures pompeuses. Assis sur la terrasse de la Galerie, « il a passé trois heures à visiter Blaye et l'hôtel Bellevue » dit-il. Après ce périple, il savoure la fraîcheur du jardin qu'ornent des sculptures contemporaines. Et quand on lui demande une photo, il se prête volontiers à la mise en scène !
Il est proche des investisseurs américain et danois, David Kaye et Mickaël Ingemann, qui viennent d'acquérir Bellevue, un ensemble hôtelier qui a connu ses heures de gloire au XIXe siècle avant de fermer ses portes en 2007. De l'artère principale, impossible de le manquer : fier de ses trois étages, il trône sur deux rues ! Il pourrait reprendre du service en 2018, les travaux étant importants. David Kaye espère que Claus Meyer acceptera de participer à l'aventure. Lequel réfléchit à la proposition et précise « qu'il n'est pas propriétaire des murs comme il l'a entendu ».  Il est vrai que les rumeurs circulent vite.

Une "aubaine" pour la ville de Blaye si Claus Meyer venait à ouvrir un restaurant
 (© Nicole Bertin)
A gauche, David Kaye, l'un des propriétaires de l'hôtel Bellevue
« Que chaque restaurant chante de sa propre voix » !

Claus Meyer a de nombreuses cordes à son arc. Comment en est-il arrivé là ? Le destin, le karma sans doute !
Professeur agrégé des sciences de l'alimentation à l'université de Copenhague, il a ouvert des restaurants, rapidement reconnus. Esprit en perpétuel mouvement, il s'est investi dans moult disciplines gravitant autour de la restauration, entre les grandes tables où il accueille une clientèle aisée, et les actions humanistes visant à associer les producteurs et ceux qui pensent, généralement, qu'on ne fera pas appel à eux . Il écrit aussi. Cette attitude altruiste a une explication. Durant sa jeunesse, il a séjourné en France chez un boulanger dont il garde un souvenir extraordinaire : « cette famille était comme la mienne. J'y ai découvert les spécialités régionales et les méthodes traditionnelles de cuisine » avoue-t-il. Facilité de contact et "curiosité" ont donné à Claus Meyer la perception sensible des équilibres. Pour lui, le lien que façonne l'univers culinaire doit être fédérateur et solide aux épreuves !
Avoir avoir créé Noma au Danemark, reconnu "meilleur restaurant au monde" (où sont servis des vins de Loire entre autres), il s'est investi en Bolivie avec l'ouverture d'un restaurant gourmet Gustu et des cafétérias. Il démontre qu'on peut travailler sur des strates différentes avec le souci de proposer une cuisine naturelle de qualité.
En juin, il a inauguré à New York les restaurants Great Northern Food Hall et Agern dans le Grand Central Terminal. « Noma est un restaurant à l'ambiance conviviale, une sorte de ferme auberge moderne où les hôtes attendent des invités à déjeuner ou à dîner » explique-t-il. A NYC, il éclaire la cuisine nordique, en partant du principe que les établissements doivent refléter leur personnalité : « comme en peinture, chaque table a sa propre signature ». Aux Etats-Unis par exemple, l'équipe conjugue gastronomie et philosophie avec une cuisine légère et « radieuse » (dont des menus végétariens) accompagnée de vins récoltés sur le sol américain : « ils ont été sélectionnés par un sommelier qui a déployé tout son art ».

Claus Meyer invente, compose et les "étoiles" suivent ! « Notre objectif est que chaque restaurant chante de sa propre voix ! ». Dans ces conditions, souhaitons à Blaye d'avoir un jour entre ses murs une étape gastronomique "Claus Meyer" qui privilégiera les produits du terroir (asperges de saison, cèpes, caviar, viandes produites dans la région et bien sûr poisson) ! La rénovation de l'hôtel Bellevue, qui appartenait précédemment à un Sud Africain, nécessitera au moins deux ans. L'établissement comprendra des chambres et une brasserie avec une baie donnant sur l'estuaire, le port et la citadelle. David Kaye admet en riant « qu'il est tombé amoureux du Bellevue quand il l'a découvert ». Et Claus Meyer d'ajouter : « Quand je m'installe dans un lieu, c'est pour y apporter de la joie, du bonheur ». De la fraternité aussi. Geste joint à la parole : il lève son verre de Côtes de Blaye à la santé du public venu le saluer. Le regard bleu de Clarissa s'éclaire, Leslie savoure ce moment de partage. L'assistance applaudit tandis les musiciens font monter l'ambiance déjà haute en couleurs.

Le verre de l'amitié proposé par la Galerie, rue Saint-Simon


Ambiance conviviale chez Clarissa et Leslie
• Né au Danemark, Claus Meyer est le fondateur de la "nouvelle cuisine nordique" dont les maîtres mots sont « pureté, simplicité et fraîcheur ». Il y a créé le restaurant Noma dont le chef est René Redzepi. A la fin de son adolescence, il a vécu chez un boulanger français pour qui il a éprouvé un véritable coup de cœur. Famille simple et chaleureuse. C'est là qu'il a compris l'importance de valoriser les produits du terroir en cuisine.

Claus Meyer à Blaye dans le jardin de la Galerie aux côtés de créations diverses et variées 
(© Nicole Bertin)
• Dans un monde victime de la malbouffe, Claus Meyer estime que la cuisine peut conduire à des changements de société. D'où son implication dans tous les milieux par des actions qui démontrent sa volonté de proposer une cuisine naturelle et équilibrée en y associant les talents. Il a fondé plusieurs organisations caritatives culinaires à travers le monde (The Melting Pot Foundation) au Danemark, en Bolivie et aux Etats-Unis. Ces projets se concentrent sur l'enseignement à l'art culinaire de jeunes gens issus de milieux défavorisés.

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