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mercredi 20 janvier 2016

Daesh : Dans son dernier rapport,
l'ONU dénonce en Irak des actes
ressemblant fort à « des crimes de guerre,
des crimes contre l'humanité
et peut-être à un génocide »

Le monde change. Depuis le 11 septembre 2001, quand le World Street Center a été atteint de plein fouet à New York, a commencé une guerre qui ne dit pas son nom. Le terrorisme s'est propagé à mesure que Daesh - Isis (Islamic State of Iraq and Sham) pour les Américains - dont le pouvoir est centré au Moyen Orient a étendu et consolidé ses ramifications.
En 2015, la France, par son implication en Syrie, a subi les représailles des djihadistes le 7 janvier et le 13 novembre, de triste mémoire. La liste s'allonge. Que ce soit à Ouagadougou ou à Istanbul, le scénario est toujours le même, fusillades ciblées, prise d'otages et bains de sang. Si la plupart de ces attaques sont relayées par la presse, de nombreuses violences perpétrées ne finissent pas sur les écrans des tablettes ou de la télévision. D'après le dernier rapport de l'ONU, les exactions commises par E.I. en Irak font état de 19000 civils tués en deux ans, plus de 34000 blessés et trois millions de personnes déplacées dont des enfants. 3500 esclaves seraient actuellement entre les mains du groupe terroriste, issus principalement de la communauté kurdophone des Yézidis. Selon les experts délégués sur place, « la souffrance est terrible ». Plusieurs charniers ont été découverts. Au Nigéria et au Cameroun, Boko Haram utilise des méthodes similaires.

Hommage aux victimes du Bataclan (© François Huchet)
Chaque matin, la France ouvre ses volets sur un monde (encore) libre, bâti sur les valeurs fortes de fraternité et de liberté, mais comment oublier ces femmes et ces hommes qui subissent l'avilissement et la mise à mort ? Cet enfer, nullement pavé de bonnes intentions, est plus compliqué qu'il n'y paraît. Daesh, seul, n'aurait jamais pu tisser sa toile sans "complaisance" extérieure (le pétrole n'explique pas tout) et surtout sans armes suffisantes, réseaux et les devises que génèrent les trafics (le captagon, drogue synthétique en particulier).

La France a la volonté d'être une terre de tolérance. Elle n'a pas su tirer la sonnette d'alarme quand des jeunes, se sentant rejetés, ont choisi d'attaquer le pays où ils sont nés ou qui les a accueillis. Il suffisait de presque rien, d'avoir des antennes (à défaut d'écoutes téléphoniques !) et surtout de la perspicacité pour comprendre que ces voyages en Syrie, antichambre de la guerre sainte, n'étaient pas de simples balades touristiques. Ils sont revenus, confortés dans leurs convictions, transformant Allah en dieu des armées comme Yahvé dans l'Ancien Testament. Ce sauf-conduit leur permet de massacrer d'innocents civils en sacrifiant leurs vies par la même occasion.

Est-ce là le monde dans lequel nous souhaitons vivre ? Un monde où les Dieux, sortant de leur rôle habituel qui est de donner une espérance aux mortels, deviendraient des bourreaux ? Qu'est-ce donc cette nouvelle inquisition baptisée Daesh qui prendrait sa revanche sur les sociétés occidentale et américaine au prétexte qu'elles n'appliqueraient pas certains principes religieux ? Ne serait-ce pas, pour elles, le prix à payer pour leur matérialisme immodéré au détriment de ces populations dont les paramètres sont bien différents ? Enfin, cachée derrière sa toile, que cherche cette poignée cynique de grands financiers internationaux qui tirent les ficelles d'une scène dont les comédiens sont transformés en marionnettes ? Macabres parfois...

Toutes ces questions, les Français, meurtris, se les posent avec inquiétude. Contrairement aux deux derniers conflits mondiaux, cette guerre-là est opaque et ses contours sont imprécis. On aurait sacrément besoin d'un décodeur ! Il est plus que temps de s'indigner, aurait dit Stéphane Hessel.
 
N.B.

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