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mardi 8 septembre 2015

Exposition Bleu banquise :
Il n'est pas trop d'art
pour la découvrir à Jonzac !

L'exposition organisée par la société Bleu Banquise au cloître des Carmes de Jonzac remporte un beau succès. Les œuvres de trois artistes, Christian Calméjane, Philippe Serond et Alain Vuillemet, vous y attendent jusqu'au 13 septembre.




« L'adéquation parfaite entre une idée lancée l'an dernier par de vieux amis liés par les arts, leur vision commune qui fait sens et un lieu propice mis gracieusement à disposition par la ville de Jonzac ont contribué à la concrétisation de ce projet culturel particulier » explique François Leroy, responsable de la société de création et de conception graphique Bleu Banquise. Pourquoi « projet particulier » ? Tout simplement parce qu'il n'est pas habituel - tout au moins en Haute Saintonge - qu'une entreprise soit la marraine et l'organisatrice d'une exposition. 
Arrivant de Paris, François Leroy s'est installé à Jonzac il y a quelques années. Pas au hasard puisque des moyens (fibre optique, internet) lui ont permis de décentraliser ses activités de la capitale à la Saintonge en restant connecté. François Leroy et son équipe auraient pu rester bien au chaud dans l'immeuble de l'ancienne Poste qui les accueille. Au contraire, ce patron dynamique a fait une escapade hors les murs, non pour vanter ses mérites (d'ailleurs salués par la remise d'un trophée de la Communauté de Communes), mais valoriser le travail de ses relations artistiques. 
Le célèbre pingouin, emblème de Bleu Banquise, a donc chaussé ses skis, descendu la rue Sadi Carnot, fort pentue, pris le virage en épingle du cinéma, traversé le pont de pierre avant de rejoindre le cloître des Carmes (tant pis si le sens unique n'a pas été respecté !) où un photographe, un peintre et un sculpteur y présentent leurs œuvres. Toutes les salles sont occupées, preuve d'une belle floraison.

Christian Calméjane : « Tous les pays m'intéressent »
Vendredi, le vernissage s'est déroulé d'une ambiance sympa. Christian Calméjane occupe les premières galeries. Rencontre initiale avec ce photographe : dès l'entrée, ses deux portraits vous souhaitent la bienvenue. C'est lui ou c'est moi ? Loi des contrastes : l'un après une rude journée de boulot ; l'autre apprêté avec un look italien qui l'amuse : « ce jour-là, j'avais mis le paquet ! » plaisante-t-il.

Lui ou moi ?
Regard attentif - d'où son souci permanent du détail - il ouvre sur le monde des fenêtres empreintes d'émotion. Christian Calméjane est à la recherche d'une humanité porteuse d'espoir, de scènes insolites, de visages dont l'expression est si puissante que nul message n'a besoin d'être apposé. 
Il y a belle lurette qu'il aime la photo. Tout petit, il observait son père qui immortalisait la famille pour la mettre en album. « Mon souhait le plus cher était de lui emprunter son appareil ! ». Originaire de Romainville, il a toujours fait preuve d'indépendance et c'est après tenté plusieurs expériences qu'il est devenu photograveur : « mes parents se sont sacrifiés pour financer l'école ». Cette profession l'a conduit dans l'univers complexe mais ô combien attachant de l'imprimerie. Son jardin secret ? Dès qu'une occasion se présentait, il devenait grand voyageur, rapportant moult clichés de ses expéditions. 
Ce "routard" aime tout à condition que le sujet retienne véritablement son attention : l'Inde, le Mexique, le Moyen Orient, Tahiti (où il a fait son service militaire) les Etats-Unis, les gens, les mains, les parapluies, les vaches, les chiens. « Tous les pays m'intéressent, c'est une découverte » dit-il. Finalement, il aurait aimé être reporter, mais le destin en a décidé autrement. 
Son fonds photographique est conséquent. Pour Jonzac, il a choisi des thèmes variés qui se correspondent, des images parlant à sa mémoire. Du pionnier à l'écume des jours, celle qui auréole les souvenirs d'un feston de nostalgie. Un retour bienveillant sur quatre décennies de pérégrinations, c'est pourquoi il préfère l'argentique au numérique !

Les clins d'œil de Christian Calméjane


Philippe Serond : « j'ai trouvé le cloître superbe »
A ses côtés, se trouvent les tableaux de Philippe Serond. Faut-il le chercher dans le labyrinthe qu'il ouvre à ses visiteurs ? Toujours en mouvement, ce décorateur (peintre sculpteur) travaille en France et au Brésil, mais son périple de voyageur insatiable ne s'arrête pas là. On retrouve les dédicaces de son talent dans les hôtels Sheraton en particulier.

Cette carte de visite ne pouvait que séduire François Leroy, son ami d'enfance avec lequel il naviguait sur la côte royannaise. Comme la devise de Paris, le bateau de leur amitié a toujours flotté sans jamais couler. 
Pour Jonzac, Philippe Serond a sélectionné une série de tableaux qui laissent percevoir une personnalité sensible et engagée. « Fresques, décors, toiles, trompe l'œil, calligraphies, qu'importe la manière. Derrière chaque visuel à l'esthétisme maîtrisé, au réalisme saisissant, au jeu de lumière savamment distillé, peuvent se révéler un moment féerique, un imaginaire débordant, une suite consciente de l'inconscience sans ruiner les âmes, une théâtralisation picturale que l'artiste se plaît à encoder pour mieux nous captiver et éterniser d'un trait des instants d'évasion » écrit la critique à son sujet. Qu'ajouter de plus sinon les affections intimes qui ont inspiré ses sujets : un village inconnu, une femme au manteau rouge qui surgit à Lucca, la belle ville italienne, un homme qui l'attend… 
Il aime se lancer des défis et son prochain travail aura trait aux ombres, celles qui arrivent de nulle part et ouvrent la toile au mystère. Jonzac l'attire : « je devais exposer à Paris et venais de participer à Vinexpo à Bordeaux. François m'a contacté. Je suis venu et j'ai trouvé le cloître des Carmes superbe ». Il s'est mis au travail car le temps était compté (conté ?).

Les ombres et les lumières de Philippe Serond
Philippe Serond a toujours dessiné et ses cahiers ressemblaient à ceux de Guy Degrenne. Largement illustrés ! Il vient d'installer un atelier au Brésil qu'il inaugurera en 2016. Sa prochaine expo aura lieu à Rio, ce qui ne l'empêche pas d'en préparer une autre pour le théâtre qu'un couple d'amis ouvrira prochainement à Libourne en Gironde. 
Régulièrement, il se lance des défis ou plutôt il rédige une liste de vœux qu'il souhaite concrétiser. Sa manière à lui de monter les marches avec humilité : « j'ai perdu du temps quand j'étais jeune. Très tôt, il faut s'ouvrir l'esprit, apprendre, comprendre ». Il encourage ceux qui veulent avancer à privilégier le sentier de la connaissance. Celui qui inscrit l'âme vagabonde dans les pas de la découverte et du partage.

François Leroy et Philippe Serond
Alain Vuillemet : l'inox en résonance

Alain Vuillemet est le sculpteur de l'exposition. Après une incursion dans la publicité, son métier de maquettiste a éveillé chez lui le désir de créer des œuvres dans des supports variés. Dans les années 1980, il invente le luminaire "ambassade" pour les billards Philippe Malige. Il aime dompter les matériaux et accompagner leur métamorphose. Sa préférence va à l’acier inox. « J'explore la capacité des sculptures à produire des sons et leur capacité de résonance » explique-t-il. Les sculptures sont alors conçues comme des instruments : il parle de « ses cubes comme de sons sculptés, sources de bruit et de musique ».


Cette démarche ressort des compositions qu'il expose à Jonzac. Certaines semblent avoir subi un sorte de froissement qui révèle leur véritable dimension, prêtes à être saisies, touchées, écoutées. Il existe, en ces éléments, une éclosion presque instinctive. Comme une émergence argentée qui parsème l'ancien chemin spirituel du cloître. Les deux portraits que Christian Calméjane lui a dédiés sont révélateurs du caractère d'Alain Vuillemet : comme Vulcain, homme de l'ombre maîtrisant la matière par le feu sous l'Etna et sourire énigmatique par delà le masque, à la recherche du miroir caché...

Alain Vuillemet vu par Christian Calméjane


A voir jusqu'au 13 septembre de 10 h à 18 h, cloître des Carmes Jonzac. Entrée libre.

Le stand de Bleu Banquise, société de création et conception graphique installée à Jonzac


Exposition Bleu Banquise cloître des Carmes Jonzac 

© Nicole Bertin

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