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mardi 22 septembre 2015

Clam : Les salariés du restaurant
Le Vieux Logis ignorent à quelle sauce
ils vont être mangés…

Qu'est devenu Philippe Girard ?

Depuis que leur patron Philippe Girard a disparu mystérieusement dans la nuit du jeudi 3 septembre, les salariés du Vieux Logis sont dans l'expectative. Depuis quelques jours, le restaurant a fermé ses portes. Seul l'hôtel honore les réservations. Que vont devenir les onze personnes travaillant dans l'établissement ? Leurs salaires seront-ils versés à la fin de mois ? Autant d'interrogations qui n'obtiennent pas de réponse pour l'instant.


Dans la région de Jonzac, c'est à la fois à la fois la surprise et la consternation. Philippe Girard, responsable à Clam du restaurant le Vieux Logis n'a pas donné de ses nouvelles depuis bientôt trois semaines. Dans la nuit du jeudi 3 septembre, un peu après minuit, il est parti au bord du véhicule utilitaire de l'entreprise. Depuis, on ne l'a pas revu. Dans un premier temps, au regard des trois courriers identiques qu'il a laissés, les membres de la Sarl, le personnel et le maire de la commune, Jean-Jacques Pichon, ont aussitôt pensé à un geste fatal. Ils s'accordent à reconnaître que « Philippe n'était plus comme avant lui qui, habituellement, était le plus charmant des hommes ». Victime d'un burnt out, aurait-il choisi d'en finir ou de tout abandonner pour s'en aller ? Ou bien a-t-il été victime d'un rôdeur ? La question reste posée.
On sait seulement que sa société subissait un second redressement judiciaire - encadré par Thomas Humeau, mandataire - et qu'en février 2016, l'heure serait au bilan.
Philippe Girard appréhendait-il ce moment ? Certains proches admettent que les dettes de la société, très importantes, pourraient expliquer une forte angoisse quant à l'avenir.

Questions en suspens

Depuis le départ de Philippe Girard, les salariés se posent de nombreuses questions
Samedi matin. Une nouvelle journée emplie d'incertitudes. Au bar, Christophe, serveur, et trois de ses collègues, Jean-Luc, Thierry et Julien, se demandent s'ils finiront par connaître la vérité. Que des informations leur permettent enfin d'y voir plus clair. Livrés à eux-mêmes, ils vivent l'une des périodes les plus difficiles de leur existence : « personne ne pouvait imaginer que Philippe Girard allait disparaître du jour au lendemain. Il disait que les charges pesant sur les entreprises étaient de plus en lourdes, mais de là à nous laisser du jour au lendemain, cela ne lui ressemble pas ». 
La société dont Philippe Girard est gérant compte six autres associés, dont des membres de sa famille. Suite à sa disparition (situation plutôt inhabituelle), le Tribunal de Commerce de Saintes a convoqué les actionnaires fin septembre pour étudier la marche à suivre.
D'un commun accord et si Philippe Girard n'a pas donné signe de vie, ils peuvent choisir d'ouvrir une procédure de liquidation. Si tel est le cas, le syndic aura alors la charge de licencier le personnel et d'effectuer la liquidation en vendant les actifs de la société (murs, fonds de commerce) qui serviront à payer les créances. Quand les finances viendront à manquer, la clôture pour insuffisance d'actifs sera prononcée. Les dettes restantes seront alors effacées.
Le fonds de commerce peut bien entendu être repris. Les différentes offres sont étudiées par le mandataire, le juge commissaire choisissant celle qui est la plus appropriée. Les salariés peuvent également proposer de constituer une Scop (coopérative, comme ce fut le cas pour Metalit à Mirambeau, par exemple).
En l'attente du jugement, les salaires sont versés par l'Assurance Générale des Salariés. Elle prend aussi en charge les préavis et les indemnités de licenciement.

Pointer au chômage, le personnel de Vieux Logis était loin de l'imaginer. « Nous restons sur place parce que nous ne voulons pas être accusés d'abandon de postes » soulignent-ils. « Quand un responsable crée des conditions qui empêchent les salariés de travailler, ces derniers ne sont pas répréhensibles » explique un avocat.
Le restaurant est resté ouvert jusqu'à ces jours derniers. Les frigos étant vides, la porte est désormais fermée. L'hôtel fonctionne toujours… mais jusqu'à quand ?

Joëlle Brard et François Huchet, qui ont vendu l'établissement à Philippe Girard en décembre 2008, sont peinés par l'épreuve que traverse le Vieux Logis : « quand nous avons cédé l'affaire, elle tournait très bien. Bien placé, le restaurant et l'hôtel drainent une clientèle importante ». « C'est vraiment triste  » ajoute Joëlle qui a contribué à valoriser cette table renommée, avant d'ouvrir un nouveau restaurant à Marcillac en Gironde.

Un drame que cette mystérieuse disparition...
Que s'est-il donc passé durant cette fameuse nuit de septembre ? Une enquête de gendarmerie est en cours. Quelques jours avant sa disparition, Philippe Girard aurait acheté une moto. La suite se perd dans un véritable brouillard. Ses proches sont terriblement inquiets et on les comprend.
En France, d'après le Ministère de l'Intérieur, plus de 40000 personnes (majeurs et mineurs) disparaissent chaque année. Plus de 30000 sont retrouvées. Il reste environ 10000 disparitions non élucidées classées inquiétantes.

Nicole Bertin

• Ancien garde mobile dans la gendarmerie, gérant du mess, Philippe Girard a grandi dans la région. Y revenir en prenant la direction d'un restaurant à Clam lui a permis de se rapprocher de sa commune natale et de sa mère en particulier.

• Les onze salariés ont rencontré récemment le conseiller départemental des employés pour faire le point sur leur délicate situation. Un cas de disparition que n'avait jamais rencontré le Tribunal de Commerce de Saintes jusqu'à présent.

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