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mercredi 15 juillet 2015

Le patron des Radicaux de Gauche
à Sablonceaux : Jean-Michel Baylet
à la "ferme célébrités" de Benoît Biteau

De prime abord, tenir une assemblée générale dans un hangar a de quoi surprendre et il faut remonter au temps de l'Unima, chez Coco Perdriaud à Saint-Bonnet sur Gironde, pour retrouver une telle ambiance champêtre. En organisant l'assemblée générale des PRG de Charente-Maritime dans sa ferme de Sablonceaux, Benoît Biteau, vice-président du Conseil régional Poitou-Charentes, a lancé un message fort en direction des électeurs soucieux d'une agriculture différente. Le Président national Jean-Michel Baylet et le député Olivier Falorni ont répondu présent…

Jean-Michel Baylet et Olivier Falorni (©Nicole Bertin)
L'été a pris ses quartiers. Pas loin de Berthegille, le village de Benoît Biteau, une moissonneuse batteuse à la gueule insatiable avale les épis. Monstre rugissant au milieu d'un champ. Ce progrès galopant n'a pas changé l'horloge naturelle : il est un temps pour récolter le blé comme il en est un pour couper le raisin.
Cette authenticité, Benoit Biteau la cultive : il l'a démontré en réunissant chez lui les forces PRG du département. Sa ferme, elle est bio et sa démarche d'agriculteur, il la veut respectueuse de l'environnement et surtout cohérente et non polluante. Bien sûr, il a de solides ennemis « dont la FNSEA » dit-il. A chacun sa manière de considérer la terre, avec une évidence : les pesticides et autres produits, tels que les nitrates, suscitent de plus en plus d'interrogations chez les consommateurs (sans parler des problèmes de santé publique).
Sa façon de vivre le métier de paysan, Benoît Biteau l'a défendue au Conseil Régional aux côtés de Ségolène Royal, puis de Jean-François Macaire. Avec le redécoupage des régions, l'Aquitaine est appelée à tenir les rênes en 2016. En décembre prochain, seront élus les représentants de ce nouveau "parlement" qui aura pour siège non plus Poitiers, mais Bordeaux. Les états-majors peaufinent leurs listes respectives. A gauche, les socialistes, conduits par Alain Rousset, feront alliance entre autres avec les Radicaux de gauche, le parti de Benoît Biteau. Ce dernier s'apprête donc à changer de "boss" sans pour autant abandonner ses intimes convictions. 

Qui veut gagner une région ?


En ce mercredi 8 juillet, se tient donc au lieudit Berthegille l'assemblée générale des Radicaux de Gauche 17 sous le regard attentif du président national Jean-Michel Baylet. A ses côtés, se trouve l'honorable député Olivier Falorni qui siège dans le groupe des PRG à l'Assemblée Nationale sans en avoir pris le sceau. Cet élu, écarté du Parti socialiste aux dernières Législatives, se laissera-t-il un jour tenter ? Il y a aussi Renée Lauribe Benchimol, secrétaire, Daniel Arrivé, trésorier, et le futur président départemental Pierre Malbosc (maire-adjoint de La Rochelle).

Conseiller départemental, maire adjoint de la Rochelle (la ville de Michel Crépeau) actuellement dirigée par Jean-François Fountaine, Pierre Malbosc devient président des PRG 17 après Yann Juin dont il a souligné l'excellent travail.

 
 Le vote pour la présidence
Chez les PRG, on fait les choses simplement. Ni dorures, ni décorum excessif : la réunion se tient sous le hangar de Benoît Biteau où des chaises ont été sagement alignées. Ça sent bon les émissions de télé, style "le bonheur est dans le pré" entre ficelle de lieuse, clé à molette et pneus de tracteur 6XL ! Livrés à la brise, les participants échappent aux pesanteurs d'une salle confinée où l'air trop rare donne la voix rauque et exhale les odeurs de transpiration. Pas besoin non plus de défaire les nœuds de cravate pour libérer les cous enserrés : en cette fin de journée, les PRG sont dans leur phase décontractée. Ils le montrent jusqu'à l'élection du bureau qui s'étoffe avec deux vice-présidences et d'adjoints au secrétariat (Serge Poisnet) et aux finances (Frédéric Milhet).

Jean-Michel Baylet, Renée Lauribe Benchimol et Daniel Arrivé

Les membres du PRG réunis à Sablonceaux
A gauche, Philipe Callaud du cercle de Saintes
Nathalie Garnier, Frédéric Milhet, Tiphaine Hareng
Les choses se gâtent avec la désignation des candidats aux Régionales. Benoît Biteau sort un grand tableau, power point made in Sablonceaux, où il note à la craie les noms des postulants. Y apparaissent les deux sortants, lui-même et Nathalie Garnier, ainsi que ceux qui aimeraient figurer parmi les places éligibles, Soraya Ammouche, Michel Sabatier, Katia Puaud, Jean-Philippe Plez, Théo Dourthe, Stéphane Moussy et Renée Lauribe Benchimol. Lesquels déclinent leurs qualités respectives.

Les candidats PRG aux Régionales de décembre 2015

Un cadre original pour une assemblée générale !
Le bureau avait décidé que le premier vote porterait sur une seule question : « êtes-vous favorable, oui ou non, au renouvellement des deux sortants Benoît Biteau et Nathalie Garnier ? ». La consultation devient bientôt « quels sont les deux candidats, homme et femme, que vous souhaitez désigner en premier lieu ? ». Pour les uns, la démocratie est respectée puisque l'ouverture offre des perspectives. « Les sortants doivent accepter ce principe d'égalité » soulignent plusieurs intervenants. Pour les autres, on risque de remettre en cause les conseillers régionaux renouvelables (et on s'écarte des dispositions prises par le staff).
La seconde version l'emporte et se confirme puisque Soraya Ammouche devance Nathalie Garnier au premier tour de scrutin. Cette dernière, bien que désavouée, encaisse le résultat avec dignité. Benoît Biteau, lui, n'a rien à craindre : il arrive en tête des suffrages.
Les bulletins qui sortent de la boîte de chaussures transformée en urne (les PRG sont modestes !) sont comptés et recomptés. Quelles sont les procurations, tout le monde est-il à jour de sa cotisation ? La tension monte et l'heure passe.

         
Les opérations de vote sous l'œil attentif du président Malbosc

Katia Puaud (cercle de Saintes) aux côtés d'Olivier Falorni

Nadège Désir, conseillère départementale de La Rochelle
Philippe Callaud, du cercle de Saintes, manifeste sa mauvaise humeur. Il estime que les opérations de vote ne sont pas totalement conformes. Tout cela serait à l'avantage des Rochelais qui pèseraient plus lourd dans la balance que les Saintongeais. La tension est perceptible. On ne va tout de même pas déterrer la hache de guerre entre l'Aunis et la Saintonge !!!

Benoît Biteau, partant pour un nouveau mandat aux Régionales
Benoît Biteau finit par s'énerver quand sonnent les 21 heures : « le traiteur nous attend et il va partir si vous ne venez pas tout de suite ! Jean-Michel a un avion qui l'attend ». Et l'intéressé de prendre des chaises sur son échine pour les transporter dans la salle de restaurant, une grange aux poutres séculaires située à quelques encablures. D'où un spectacle inhabituel dans les rues du village, Biteau avec son mobilier et Baylet l'encourageant à un rythme cadencé !

Benoît Biteau et Jean-Michel Baylet dans les rues de Berthegille (©Nicole Bertin)
Jean-Michel Baylet : « le PRG a une carte à jouer »

Lassés des opérations de vote - surtout quand elles posent problème - les participants se mettent à table et découvrent avec délectation les produits bio de la "ferme célébrités". C'est sacrément bon. Egoïstes, ces adhérents qui préfèrent la bonne chère quand les copains sont encore dans leurs additions ? Qu'à cela ne tienne : les derniers noms sont désignés alors que les convives sont à table. Les bulletins circulent entre le veau et le fromage de chèvre. Au premier tandem, s'ajoutent finalement Nathalie Garnier et Jean-Philippe Plez dont la chevelure bouclée s'anime à la bonne nouvelle. A noter le joli score réalisé par le benjamin de l'étape, Théo Dourthe.
Reste à savoir maintenant quelles seront les places exactes que destine Alain Rousset sur la liste PS à ces quatre PRG. A la table des négociations, figure entre autres le maire de Saujon, Pascal Ferchaud.

Soraya Ammouche et Jean-Philippe Plez, heureux d'avoir été désignés aux Régionales
Avant de quitter Berthegille, Jean-Michel Baylet gratifie l'assistance d'un discours convaincant. Pour lui, les PRG ont une épingle à tirer face « aux socialistes qui ne connaissent que le rapport de force et s'engluent facilement dans des idéologies dont ils ont du mal à sortir ».
En campagne pour la présidence du PRG national, rien ne lui fait plus plaisir que le terroir dont il parle la langue chantante du Sud-Ouest. Jean-Michel Baylet est à l'aise partout, avec les ronds de cuir du Palais du Luxembourg qu'il a côtoyés quand il était sénateur, les ruraux, les dames et même le saint-esprit qui a fait de ce patron de presse une personnalité haute en couleurs. Dans l'arène politique depuis des lustres, il appartient à cette génération d'hommes enracinés dans leur territoire dont ils font partie intégrante.

Jean-Michel Baylet et des jeunes Radicaux 17
Il dénonce l'obscurantisme qui rend le monde instable et la menace que fait peser le Front National sur les futures Présidentielles. « Nous devons faire avancer la société » dit-il et d'en profiter pour soutenir la Grèce : « en 1953, nous avons effacé les dettes de l'Allemagne à hauteur de 62% et cela n'a choqué personne à l'époque. En Grèce, l'église orthodoxe et les armateurs ne paient pas d'impôts. La Grèce doit avoir le courage de ses décisions ». On sait depuis qu'un accord (temporaire) a été trouvé à Bruxelles avec Alexis Tsipras.
Il conclut en souhaitant, pour la France cette fois, un retour à la croissance et à l'emploi. Une gerbe d'applaudissements accompagnent ses paroles.
Les Radicaux, qui appartiennent à l'un des plus vieux courants de Charente-Maritime, savent néanmoins que la partie ne sera pas facile. Les Républicains et les Socialistes ont du plomb dans l'aile et les satellites, qu'ils soient UDI ou PRG, ne sont pas assez puissants pour s'imposer. Le centre aurait bien une possibilité, celle de s'unir. Mais ça, c'est une autre histoire… 

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