Pages

lundi 15 juin 2015

La Société des Archives historiques
visite le château de Taillebourg
Où il fut question de la fameuse bataille

La société des Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, que préside Marc Seguin, a invité ses membres à découvrir la commune de Taillebourg. A l'honneur, le château sur son promontoire, le beau fleuve Charente et la fameuse bataille. 


Grâce à Frédéric Chassebœuf, le château de Taillebourg a dévoilé quelques-uns de ses secrets. C’est l'un des plus anciens de la région puisqu’il remonte au XIe siècle. Il a connu, comme toutes les places fortes, de violents assauts.
La forteresse est rebâtie après 1423 par Henri de Pluqualec. Elle est ensuite la résidence préférée des Coëtivy, Louise de Coëtivy l'apportant en dot à Charles de La Tremouille au début du XVIe siècle. Le château est pris et détruit pendant la Fronde en 1652.
Frédéric-Guillaume de La Tremouille, duc de Talmont, l'embellit au XVIIIe siècle dans le but de lui donner un faste qu’il ne parvient pas à conduire à bien. Ce fut, dit-on, un chantier titanesque.
Durant la Révolution, le château est vendu en lots comme bien national. Victime d'un incendie en 1822, il subit de graves préjudices.
Il reste quelques témoignages de son époque glorieuse dont une tour, divers bâtiments, des parties anciennes (caves, etc) et des douves admirables.

Frédéric Chassebœuf aux côtés de Marc Seguin, président des Archives historiques 
Frédéric Chassebœuf présente l'histoire du château de Taillebourg
Au sujet de la fameuse bataille de Taillebourg, Alain Michaud pose la bonne question : a-t-elle vraiment connu l'intensité que l’histoire lui prête ?
Dès le XIIe siècle, existait sur la Charente un pont à huit arches, défendu par une tour et comprenant deux moulins. A cette époque, Taillebourg, lieu de pèlerinage, était un bourg populeux qui possédait une foire importante.


En juillet 1242, l'attention se porte sur ce lieu, conséquence d’un conflit qui a éclaté entre le roi de France, Saint-Louis, et Henri III Plantagenêt, roi d’Angleterre, qui défend les intérêts de la famille de Lusignan. Elle compte la célèbre Isabelle Taillefer, qui a épousé en secondes noces le baron poitevin Hugues X. Cette famille a une longue tradition d'autonomie au sein de l'Aquitaine, loin des capitales successives du royaume de France.
La donne change. Par le jeu des alliances, le Poitou est rattaché à la Couronne de France en 1214 à la paix de Chinon. Hugues de Lusignan et toute la noblesse poitevine, n'acceptant pas de perdre leur indépendance, se liguent contre leur suzerain trop puissant. Le roi de France s’en émeut…

Partant de Chinon, Louis IX, fort d’une armée de 30.000 hommes, conquiert une dizaine de forteresses sur son passage. Les deux camps se retrouvent à Taillebourg. « Y a-t-il eu vraiment bataille ? » s’interroge l'historien. Certaines chroniques sont précises : dans une lettre, les Anglais mentionnent la supériorité des Français et préfèrent battre en retraite. Un chanson dit que les Anglais furent chassés jusqu’à Saintes tandis qu’un autre observateur note que les Anglais se sont retirés par le pont à deux portées d'arbalète. On avance aussi que les Français, empruntant un autre pont, auraient débusqué les soldats stationnés sur l’autre rive. Ils auraient alors pris la fuite, le roi d’Angleterre ayant peur d’être fait prisonnier.
Seul Jean de Joinville, qui avait 17 ans au moment des faits, mais qui les consigna bien plus tard, parle d’une grande bataille. « En était-il vraiment le témoin ? » déclare Alain Michaud qui penche pour une grosse échaffourée. D’autres chercheurs abondent dans son sens. Ils estiment que « la fameuse bataille du 21 juillet pourrait se résumer en une charge massive des chevaliers français qui auraient bousculé leurs adversaires, les contraignant à fuir ».
Les Français exploitèrent leur avantage. Deux jours plus tard, un affrontement décisif aurait eu lieu sous les murs de Saintes, les Anglo-Poitevins devant s’incliner. Le roi d'Angleterre signa une trêve de cinq ans à Pons en août 1242, suivie de celle de Paris en 1259.
En 1395, un autre événement se produisit à Taillebourg où l’on débarrassa la région des brigands qui y sévissaient, la Saintonge et le Poitou étant victimes des « routiers ». On dit que les Anglo-Gascons se défendirent âprement, mais qu’ils furent tués et noyés. Le château fut alors libéré.

La bataille de Taillebourg peinte par Delacroix
Cette rencontre se termina sur l’esplanade du château avec les commentaires de Marc Seguin sur Marie de Valois, charmante fille de Charles VII et d’Agnès Sorel dont le Roi confia l’éducation au seigneur de Taillebourg. Une belle histoire que vous découvrirez dans une prochaine rubrique…

La vie de Marie de Valois, détaillée par Marc Seguin
• Quels que soient les événements, Taillebourg reste le lieu où les troupes franco-anglaises s’opposèrent. Les touristes en sont convaincus et les brochures ne sont pas faites pour les en dissuader ! Une chose est sûre : les Français s’imposèrent sur les puissants Plantagenêt. Reste à savoir où exactement !


Les vestiges de l'ancien château



Sur la Charente, existait un pont à huit arches
Alain Michaud : la bataille entre Français et Anglais a-t-elle vraiment eu lieu à Taillebourg ?

PHOTOS NICOLE BERTIN

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire