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dimanche 15 mars 2015

Jonzac parmi les carnets de voyage
du violoniste Nemanja Radulovic

Nemanja Radulovic est non seulement un grand violoniste, c’est aussi une présence, un rythme endiablé, une poésie. Douceur et fantaisie. Puissance et précision. Des cheveux... non une crinière qu’il déploie ou qu’il dompte au contraire en une crête d’Iroquois version Belgrade ; des yeux noirs assortis à une tenue sombre et des boots aux reflets argentés.

Nemanja Radulovic à Jonzac (photo N. Bertin)

Ce look, qui ne passe pas inaperçu, il l’a façonné au fil des années en même temps que son art. On est bien loin du jeune homme timide qui accompagnait la harpiste Marielle Nordmann à Fontaines d’Ozillac, il y a un temps certain. Une chance pour les Saintongeais que de l’avoir rencontré à ses balbutiements quand sa famille, fuyant la guerre dans les Balkans, avait choisi de s’installer en France. Depuis, il s’est révélé. Il est sorti de sa chrysalide un peu comme par magie. Mais Nemanja Radulovic n’est-il pas magique ?

En concert samedi soir, il avait attiré les foules. On se pressait devant l’église si bien que la file démarrait dès le feu tricolore ! Du rarement vu. Au cœur de l’ensemble Double Sens, le violoniste avait choisi un répertoire varié, une sorte de carnet de voyage, le titre de son dernier CD. Des œuvres de Bach, Vivaldi, Brahms avec une large ouverture sur les compositeurs des Pays de l’Est, Dvorak, Prokofiev, Tchaïkosvski, Chostakovich, Khachatourian, Simjanovic, pour finir magistralement avec l’italien Monti. En interprétant « Gimme » du groupe suédois Abba lors du rappel, il a démontré que son originalité, combinée à une maîtrise parfaite de son instrument, était sans limités ! Le public était sous le charme...



Le violon suscite l'émotion, il semble intemporel. Nemanja Radulovic l'a choisi dès son plus jeune âge. Il ne l'a jamais quitté. Désormais, l'homme et l'instrument ne forment qu'un. Ils sont si proches que l'un ne peut vivre sans l'autre. Cette unité compose l'harmonie et dégage une force qui envahit l'espace. L'archet en perd parfois ses crins, emporté dans un élan qui sublime l'ambiance. Chacun la perçoit selon ses propres vibrations, y voyant l'intimité des nuits tziganes, la douceur d'un récital en Saintonge ou le plaisir d'écouter une sonate dans un restaurant de Prague.


 A Jonzac, les spectateurs ont eu l’agréable sensation de vivre un moment privilégié, unique par sa qualité et la complicité qui lie Nemanja Radulovic aux musiciens de Double Sens. Cette soirée inoubliable s’inscrit dans les manifestations culturelles que propose Prélude au Printemps. Qu’ajouter de plus sinon cette adaptation de la fameuse citation de Montaigne : « qu’un musicien véritable est une douce chose » !

Reportage/photos Nicole Bertin

Moment d'émotion : Double Sens fête l'anniversaire de l'un des musiciens : happy birthday !
La file devant l'église. Evidemment, il ne restait aucune place !
 • Nemanja Radulovic, qui se produit régulièrement en récital avec Marielle Nordmann, Susan Manoff, Dominique Plancade, Laure Favre-Kahn, Anne Gastinel, a remporté de nombreux concours internationaux.

Nemanja Radulovic et l'ensemble Double Sens

Le public sous le charme



• Le violoniste a signé un contrat international d’exclusivité avec le prestigieux label Deutsche Grammophon et publié en novembre 2014 « Carnets de Voyage », album dans lequel il retrace sa vie en musique.

• L’ensemble Double Sens est lié au répertoire baroque et romantique. Il est composé de musiciens français et serbes, d’où le sens de son nom. Une grande famille où chacun apporte son talent.

• Nemanja Radoluvic se produit avec deux groupes, les Trilles du Diable et Double Sens.

• Au sujet des Trilles du Diable (venus à Jonzac il y a quelques années) : C’est une formation composée d’un quintette à cordes et du violon seul. Sont jouées des pièces écrites pour violon et piano, ou violon et orchestre, arrangées soit par le groupe, soit par des arrangeurs extérieurs comme Aleksander Sedlar. Le groupe fête ses 10 ans en 2015. Son répertoire comprend un voyage dans l’histoire de la musique à travers le baroque, le classique, le romantique jusqu’au contemporain ; s'y ajoutent des musiques de films ou des morceaux récents.


• Après le tsunami au Japon, une « cinquième saison » se joint aux quatre de Vivaldi :
Nemanja Radulovic et les Trilles du Diable se trouvaient au Japon lors du terrible événement de Fukushima. A leur retour, a été composée une "cinquième saison" : « Le début s’appuie sur l’histoire du Japon avec les sonorités de la musique japonaise. Puis le printemps arrive, on entend les alarmes des sirènes interrompues par le tremblement de terre, le tsunami ; c’est le désespoir. Progressivement, l’espoir va renaître. La pièce dure dix minutes » explique-t-il. C’est à l’automne 2011 que le CD “Les 5 Saisons” est sorti : les 4 Saisons de Vivaldi avec l’ensemble Double Sens et « Spring in Japan », œuvre d’Aleksandar Sedlar, avec Les Trilles du Diable.
La critique internationale a salué ce travail remarquable.

Attachant, presque magnétique, Nemanja Radulovic avait sélectionné un répertoire varié allant de Vivaldi à Tchaïkovski en passant un vibrant hommage aux compositeurs des Pays de l’Est.

Ghislaine Pineau, qui créa les rencontres musicales de Fontaines d'Ozillac, aux côtés de Monseigneur Housset. Elle a reçu Nemanja Radulovic alors qu'il en était à ses débuts...
•  Jeanine Belot est la coordonnatrice de Prélude au Printemps.
Prochain spectacle : Mardi 24 mars au théâtre du château de Jonzac à 20h30, « Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste », spectacle de théâtre musical. Avec deux excellents interprètes : Agnès Bove, comédienne et chanteuse lyrique, accompagnée de Grégori Baquet, chanteur, musicien, réalisateur, metteur en scène, comédien (Molière 2014) « un acteur à couper le souffle ».

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