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mardi 17 mars 2015

Transfert du Crédit Agricole de Saintes :
Régis Sainte-Marie Pricot
propose une motion ;
Christophe Dourthe refuse
« de se faire rouler dans la farine »

Archives : L'Aremut manifeste contre le départ du Crédit Agricole qui tient son assemblée générale au Hall Mendès France
Vendredi dernier, à la Bourse du Travail, l’Aremut, association qui lutte contre le transfert du siège du Crédit Agricole de Saintes à Lagord, a invité les candidats aux élections départementales à s'exprimer sur le sujet. Deux séquences sont proposées : ce qui a été fait par les candidats ; ce qui devra être fait par les futurs élus. Une évidence s'impose : les présents sont peu nombreux. La cause invoquée par les absents ? Les uns animent des réunions électorales ; les autres (Saujon par exemple) ne se sentent pas directement concernés.
Le nouveau canton de Saintes est largement représenté par Régis Sainte-Marie Pricot (majorité départementale UMP-UDI), Christophe Dourthe (PS), Renée Benchimol Lauribe (PRG), Stéphane Trifiletti (Verts), sans oublier Jean-Luc Marchais, représentant Fabrice Barusseau (PS, canton de Chaniers). « Il est dommage que les listes du canton de Thénac n’aient pas répondu, Alexandre Grenot en particulier qui a été administrateur du CA » souligne Lucien Normandin.

Le grand oral !
Le départ des sièges du Crédit Agricole de Saintes et de Niort, prévu pour 2016, concerne quelque 500 salariés. C’est un coup dur porté à la cité santone puisque cette banque est le troisième employeur de la région. Est-il encore possible d’empêcher cette délocalisation ? A Niort, le maire ne baisse pas les bras : qu’en est-il à Saintes ? Qu’en pensent les candidats qui, demain, siègeront au Conseil départemental ?

Le premier à prendre la parole (après tirage au sort) est Régis Sainte-Marie Pricot. Il s’interroge sur l’action conduite par les trois conseillers généraux socialistes Christophe Dourthe, Jean-Yves Quéré et Isabelle Pichard : « force est de constater qu’ils ont été aux abonnés absents. Il a fallu attendre que Ségolène Royal devienne ministre pour qu’enfin, elle demande au préfet, Béatrice Abollivier, de prendre toutes les dispositions pour empêcher ce départ à La Rochelle ».
La représentante de l’Etat a réalisé qu’elle ne pouvait guère s’opposer au projet pour trois raisons : il s’agit de la stratégie d’un groupe privé ; la banque a acheté les terrains à la CDA au prix du marché (ils n’ont donc pas été vendus pour l’euro symbolique) et la CDA de la Rochelle détient la maîtrise de l’urbanisme.  « A ce stade, Madame le Préfet admet qu’elle n’a pas d’outils pour mettre fin à la procédure. Quel aveu ! » remarque Régis Sainte-Marie Pricot. Au passage, il rappelle l’implication du maire Jean-Philippe Machon : il a participé avec les élus de la CDA à la manifestation organisée à Niort et proposé dans le secteur des terrains au Crédit Agricole.
Créé récemment, un groupe de travail, diligenté par la CDA de La Rochelle, a été chargé d’examiner les aménagements routiers nécessaires à l’implantation du parc bas carbone (dont fait partie le futur CA). Aucun compte-rendu n’a été établi à ce jour. « A ma connaissance, le Département n’a pas signé de documents concernant les voiries » précise le candidat.

Pour Jean-Luc Marchais, la Gauche, au contraire, s’est largement investie, que ce soit Catherine Quéré ou Jean Rouger. « Vous ne pouvez pas reprocher aux élus socialistes d’être restés inactifs ». Il dresse un bref historique du dossier qui commence par une annonce de transfert à Dompierre-sur-Mer pour se terminer à Lagord. « Saintes ne pèse pas lourd face à La Rochelle. Je ne comprends pas l’attitude des administrateurs du CA qui sont des agriculteurs du coin. Ils jouent contre leur propre camp ». Et de déplorer les conséquences de cette décision qui pénalise le territoire. Christophe Dourthe abonde dans le sens de son collègue : « Quand Régis Sainte-Marie Pricot dit que nous n’avons rien fait, c’est grotesque. Nous avons frappé à de nombreuses portes à Paris. En vain ».

Pour Renée Benchimol Lauribe, les PRG ont réagi et récemment, Philippe Callaud est monté au créneau en se présentant au conseil d’administration du CA lors de l’assemblée générale : « Nous soutenons l’Aremut ». Stéphane Trifiletti élargit le débat : « le Crédit agricole favorise un mode d’agriculture qui n’est pas le nôtre, l’emploi des pesticides en particulier. Quant au Conseil général, il s’apprête à financer des réserves d’eau, soit 420.000 euros qui bénéficieront à une poignée d’exploitants. En même temps, les subventions à l’agriculture bio vont diminuer de 25% ».

Lucien Normandin : 
« Bussereau dit qu’il n’aidera pas le Crédit agricole, 
il le fait par le biais des subventions versées à la CDA de La Rochelle »

Lucien Normandin se demande pourquoi le rapport de l’enquête publique a été rendu public tardivement : « close en octobre 2014, l’enquête n’a été accessible qu’en février 2015 sur le site de la CDA de La Rochelle ». Il est également intrigué par la position de Dominique Bussereau, président du Conseil général : « dans un courrier, il écrit que le Département ne participera pas aux accès du nouveau siège du CA. Aurait-il un double langage puisque le Conseil général, dans ses compétences, finance l’aménagement des zones de la CDA de la Rochelle ? Et celle choisie par le Crédit agricole en fait partie ! ».
Suit un long échange sur la participation financière départementale qui sera observée à la loupe. Christophe Dourthe acquiesce : « Le Conseil général va débloquer 1,4 million d’euros en ce sens. Les élus de l’opposition ont voté contre cette subvention ». Etonnement de Régis Sainte-Marie Pricot : « En séance publique, Dominique Bussereau a qualifié ce transfert de funeste, il y est donc défavorable ».

Lucien Normandin et Stéphane Trifiletti
Dans la salle, Jean-Pierre Boutet Petit, conseiller municipal PRG, revient sur l’attitude des administrateurs du CA qu’il qualifie de « godillots ». « Aux assemblées générales de la banque, je n’ai pas vu un élu de la majorité. Par contre, nous étions présents ». Unanimes, les candidats de gauche estiment que le maire de Niort se décarcasse mille fois plus sur cette « catastrophe annoncée » que Jean-Philippe Machon.

A l’approche des élections départementales du 22 mars, la querelle droite/gauche semble inévitable. « Je ne suis pas sociétaire du CA, mais je peux vous dire que si Alexandre Grenot a démissionné, c’est qu’il désapprouve le départ du siège à Lagord » avance Régis Sainte-Marie Pricot qui titille Christophe Dourthe : « L’ancien maire Jean Rouger avait l’intention d’installer les bureaux de la CDA dans les locaux laissés vacants par le CA. Vous étiez à ses côtés quand il les a visités ? ». L’intéressé admet qu’il accompagnait Jean Rouger : « les choses ne sont pas allées plus loin »… d’autant que les bâtiments sont situés en zone inondable.

Qui veut signer la motion ?


Nous en sommes à ces considérations quand intervient un coup de théâtre. Régis Sainte-Marie Pricot sort une motion contre le départ du CA - qu’il a préalablement rédigée - et incite ses « partenaires » à la signer (voir copie). En voici le début : « nous, candidats aux élections départementales du canton de Saintes, appelons la caisse régionale de Crédit agricole à rester fidèle à sa forme mutuelle, en ne laissant pas en friche la terre de Saintonge qui a fait sa prospérité ».
La Gauche est surprise : « les engagements pris en période électorale n’engagent que ceux qui y croient. Que Machon se rapproche du maire de Niort ! ». Christophe Dourthe annonce qu’il n’apposera pas sa signature : « pas question que je me fasse rouler dans la farine ». Il est suivi par la liste PRG/Verts qui ne croit pas au tour de passe-passe. « Cette pratique me rappelle ce que fait la Droite au Conseil général. Elle nous demande de valider des motions ; nous apportons généralement quelques modifications au texte initial et cela ne va guère plus loin ». Pour sa part, Régis Sainte-Marie Pricot regrette que les listes en lice ne se retrouvent pas au moins sur ce point…

Christophe Dourthe, peu convaincu par la motion...
La vraie question qui se pose est « dans quelle mesure les politiques peuvent-ils influencer la décision d’une société privée ? ». La direction du Crédit Agricole a fait son choix : elle préfère La Rochelle pour de multiples raisons. Une ville renommée, un port et des activités aussi bien économiques que culturelles. Nichée au cœur de la Saintonge, Saintes aurait-elle manqué de dynamisme aux yeux des responsables ? Il n’est pas interdit de le penser. Depuis une vingtaine d’années, et malgré des efforts, elle n'a concrétisé aucun grand projet. L’heure est venue pour elle de changer de dimension et d‘inventer son futur. Dans le passé, elle a été une grande capitale, d’où les nombreux vestiges qui la peuplent. Tous les espoirs sont donc permis !

La motion présentée par Régis Sainte-Marie Pricot

• 38 binômes avaient été contactés par l'Aremut.

• L’accompagnement proposé par le Crédit Agricole (13 000 euros en tout, déménagement inclus) aux familles qui décident de s'installer à La Rochelle est considéré comme insuffisant par les salariés.

• Dans la salle, une personne fait remarquer qu’en Charente, les choses se passent mieux en ce qui concerne les décisions prises par le Crédit Agricole.

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