Dimanche, c’est l’effervescence sur la place Saint-Michel inaugurée la veille par Alain Juppé. En travaux depuis trois ans, chacun attendait d’y retrouver ses marques. Déplacés sur les quais, les brocanteurs reprennent leurs habitudes et l'espace grouille d’un nombreux public à la recherche de l’objet à qui il offrira une nouvelle destinée.
Au beau milieu des déballages, se déroulent des scènes cocasses comme ces femmes, lasses, qui se sont assises sur des chaises vaguement Louis XIII. Le propriétaire surgit, furibard : « si vous voulez que je les vende, vous avez intérêt à déguerpir » ! Les intéressées comprennent le message et s’éclipsent.
Une petite halte sur les fauteuils ! |
Ici, c’est un peu la cour de miracles avec des francs-parlers, des coups de gueule et une ambiance assurée. Immuables, l’église et surtout sa haute flèche ont toute liberté pour exercer leur rôle de gardiennes. Atypique, le quartier Saint-Michel abrite quelques « bizarreries » dont de célèbres momies qui inspirèrent des écrivains illustres, Victor Hugo, Gustave Flaubert ou Théophile Gautier. Certes, on ne peut plus les voir car la crypte a été fermée. N’empêche, leurs souvenirs hantent encore les mémoires.
En ce lieu qui conjugue étroitement présent et passé, il n’est pas étonnant de trouver un Passage, non pas secret mais mystérieux. Tout d’abord, il faut localiser son entrée. Comme elle se trouve au milieu d’un immeuble qui ne laisse rien présager, il convient donc de se renseigner. Tiens, un cafetier :
- Vous cherchez l’impasse Saint-Michel ? »
L’homme regarde autour de lui, se gratte la tête : « je ne connais pas d’impasse. Et il y a quoi dans cette impasse ? »...
- Des antiquaires
- Ah bon, c’est là-bas ! Et de pointer du doigt l’accès que borde un auvent de couleur sombre.
Le voici le Passage ! |
Et sa brasserie ! |
Quand on pénètre dans « l’antre », le regard est d’abord attiré par la brasserie, Art déco, avenante aux alentours de midi quand l’estomac vous chatouille gentiment l’appétit. On s’est trompés ? Non, il faut aller plus loin, investir le rez-de-chaussée ou prendre l’escalier, le premier d’une longue liste que garde un immense portrait. C’est alors que commence le voyage au cœur de cette étrange bâtisse qui abrite plus d’une trentaine d’antiquaires et de brocanteurs.
Fête au Passage : Philippe Chevalier en barman ! |
D'anciens trois d'aération |
Stéphane, spécialisé dans le luminaire |
Dominique Branchut a élu domicile au Passage |
Gilles, autrefois à Clion sur Seugne. Martine, sa voisine |
Les stands affichent leurs particularités ; certains un joyeuse ambiance, les autres une agréable résonance : le coup de cœur repose sur l’émotion, la liberté, l’anticonformisme aussi. Si vous souhaitez vous attarder, chiner, bavarder, le lieu est incontournable !
Coup de cœur pour un endroit atypique
L’une des co-propriétaires arrive. Evelyne Veinberg et son mari Christian ont rapidement succombé au charme de ce vaste bâtiment de 1600 m2. « Depuis une vingtaine d’années, il est dédié à la brocante. Nous l’avons acheté et des appartements ont été réalisés aux étages supérieurs. Ils ont trouvé rapidement acquéreurs. Les travaux de remise en conformité ont été importants. Ici, il y a beaucoup de bois ».
C’est le dimanche que les visiteurs sont les plus nombreux : « de l’ordre de 300 ou 400 » contre une cinquantaine dans la semaine. Evelyne sourit : « Saint-Michel, c’est un pari. Autrefois, le quartier était mal famé, on parlait même de coupe-gorge. Aujourd’hui, il en pleine mutation et les travaux engagés par la municipalité contribuent à le valoriser. On peut s’y promener tranquillement ». En profitant d’un brin d’exotisme !
Frédéric Daudet et Christian Veingerg, responsables du Passage, aux côtés d'un antiquaire |
De temps en temps, des Russes, des Chinois et des Asiatiques débarquent au Passage pour faire leurs emplettes : « Normal, nous sommes sur les guides touristiques. Les Russes recherchent du Henri II, les Chinois des pièces plus prestigieuses. Eux sont vraiment compliqués en affaires ! Il y aussi les intermédiaires espagnols, des gitans, qui travaillent pour des marchands madrilènes. Leur venue provoque de l’animation ».
Le Passage attire aussi des gens de la télé, des sportifs (dont l’équipe régionale de rugby) et moult personnalités : « ce que nous voulons, c’est garder le caractère insolite du Passage ! ». Parmi les projets, est inscrite (au pigeonnier) l’ouverture d’une galerie d’art, non loin de l’atelier à demeure du peintre Benjamin. A découvrir également, en cette période de fêtes, des artisans d’art installés au premier étage. Bref, tout un univers sur la mappemonde de Saint-Michel avec un point d’ancrage, le Passage !
• Ouverture du mardi au samedi de10 h à 18 h, dimanche de 9 h à 14 h. Tél. 05 56 74 01 84. 15 place Cantaloup (près église) Bordeaux lepassage.stmichel@gmail.com
• Prix des emplacements 18 euros le m2 rez de chaussée, 15 euros étages. Ordre de prix de la marchandise proposée : de 40 euros à jusqu’à 500 euros.
• Evelyne Veinberg appartient à l’association du Passage Saint-Michel. Elle en assure la gestion. « Certains marchands sont des habitués, d’autres de nouveaux arrivants. Il sont tous différents ».
Evelyne Veinberg et Dominique Branchut |
• Gilles Distriquin : « Pendant 30 ans, mon boulot était de restaurer de vieilles maisons. Après une chute de quatre mètres qui m’a cloué dans un fauteuil roulant pendant trois mois, je suis devenu brocanteur, spécialisé dans l’art populaire et l’enfance. Je restaure les objets dans mon atelier, à la campagne. C’est un métier passionnant »
• Le Passage a fait la fête avec l'Union Bègles Bordeaux rugby pour l'enregistrement de l'émission "rencontre à 15" sur France 2 diffusée dimanche 21 décembre.
La photo de famille ! |
Merci pour cette découverte. J'irai sans faute lors de mon prochain passage a bordeaux :-)
RépondreSupprimer