Père Hubert, nouveau curé de Montendre : « je suis un troubadour que Dieu a choisi »

Succédant au père Mallard, le père Hubert, natif du Cameroun, est un prêtre actif. Titulaire d’un doctorat en communication, il donne des cours aux étudiants, tout en étant un homme d’église attentif à ses paroissiens. Portrait d’un homme ouvert qui porte le flambeau de la nouvelle génération.   

Cure de Montendre. « Bonjour, j’ai rendez-vous avec le père Hubert ». A l’accueil, deux femmes, membres de l’équipe paroissiale, s’activent. Comparable à celle d’une entreprise, la vie de la communauté nécessite gestion et organisation. Le stress en moins car ici, la rentabilité n’est pas le premier objectif recherché.
Le père Hubert arrive, jeans et chemise à carreaux. Naturel et souriant. Venant du diocèse de Lisieux Bayeux, il succède au père Mallard. Deux époques se suivent, de l’aîné à la nouvelle génération qu’incarne l’arrivant. Ils ont en commun de servir la même foi chrétienne.
Comment le père Hubert a t-il rejoint cette grande famille ? « Mon engagement est difficile à définir. Je suis né au Cameroun dans une famille pratiquante et mon parrain était prêtre ». Il souvient de cet homme exceptionnel chez qui il passait des vacances : « il vivait avec un certain détachement et avait le souci de la dignité humaine ».  
Benjamin d’une fratrie de neuf enfants, le père Hubert au vu le jour au Cameroun où son père, qui avait fait ses études d’agronomie en Israël, a contribué au développement de l’agriculture. « Le Président lui avait confié la tâche de développer une zone. Il aidait les gens à s’installer, à valoriser la terre. Il leur apprenait surtout les techniques de travail ». Le père Barthélemy vivait justement dans cette région. C’est ainsi que les parents du petit garçon ont fait sa connaissance.

De gauche à droite, les pères Hubert, Samoride et Lucas

Le père Hubert fréquente d’abord le Petit Séminaire « un bon établissement où nous étions solidement encadrés ». Sportif, il participe à de nombreuses compétitions. Après le bac, se pose la question de l’orientation. « Que veux-tu faire ? Veux-tu continuer au Séminaire ? » lui demande son père. Il choisit le Grand Séminaire.
Il est ordonné prêtre en 1998. « Je suis un troubadour que Dieu a choisi » avoue-t-il. Après son ordination, il travaille comme responsable du service de communication et aumônier diocésain des jeunes, cumulativement avec sa charge d’enseignant. Ensuite, il part aux USA et aux Iles vierges plus précisément. Situées entre l’océan Atlantique et la mer des Caraïbes, elles se composent de trois îles principales, à savoir Saint-Thomas, Saint John et Sainte Croix.
En 2004, lui revient le goût très présent de terminer ses recherches académiques. Il s’inscrit à l’université Stendhal de Grenoble où il soutient une thèse sur « la perspective herméneutique de la communication pour le développement » (analyse des stratégies communicationnelles du programme national de vulgarisation et de recherche agricoles dans l'Ouest camerounais).
Ses pas le conduisent ensuite dans la paroisse Saint-Ortaire en Souleuvre. Cette mission ne l’empêche pas de participer à des conférences, donner des cours aux étudiants camerounais dans les domaines variés des sciences de l’information et de la communication. - son sujet de prédilection - d’écrire et de poursuivre ses recherches (relations publiques, communication de crise, éthique et communication, communication et changement social.

Le père Hubert est un grand sportif (football, karaté). Dès qu'il le peut, il va parfaire ses entraînements aux Antilles de Jonzac

L’Eglise de Montendre est moderne et ouverte 

Après sept ans passés en Normandie, Montendre l’a accueilli en septembre dernier. La commune est connue pour être fermement laïque. « Cette expérience me change. A Montendre, je sais que la flamme existe. Le groupe qui m’entoure est actif, je n’ai pas d’a priori et je travaille avec l’équipe pastorale, les autres conseils et toutes les âmes de bonne volonté ». Bien sûr, il souhaite resserrer les liens entre les paroissiens, constituer une équipe liturgique pour les jeunes, célébrer des messes dans les petites communes : « rien ne dit que tout doit se passer à Montendre ! ».

Une fois par mois, la messe en musique st animée par le groupe des jeunes

Pour lui, l’Eglise de Montendre est moderne et ouverte. En conséquence, pas question d’en fermer la porte à quiconque.
Ainsi le père Hubert conjugue de nombreuses cordes à son arc dont celle de posséder un esprit constructif. Il n’oublie pas qu’il est un missionnaire, c’est-à-dire qu’il a une mission à accomplir en portant la parole. Celle de la tolérance et du partage. C’est pourquoi il visite régulièrement les malades. Un geste en faveur de ceux qui souffrent et sont abandonnés à leur solitude.
Homme de son temps, il analyse l’actualité et la commente volontiers : les événements, les voix qui s’élèvent de par le monde, les guerres de religion, les contestations, les rebellions. Selon l’endroit où l’on se trouve et l’éducation qu’on a reçue, les positions peuvent être aux antipodes ! « La vie ne se résume pas à l’actualité médiatique qui vit de l’écume de l’immédiat et de logiques parfois simplistes. Les raccourcis médiatiques résultent très souvent des effets d’annonce, sans se soucier de la recherche de la vérité » remarque-t-il.
Vous l’avez compris, le père Hubert est en quête perpétuelle, ce qui démontre une personnalité altruiste et attachante. Confidence, il travaille actuellement sur les questions liées à la médiatisation du suicide et sur les enjeux de la médiation dans la communication de l’Eglise.

Nicole Bertin

• Réunion du père Hubert avec les maires du canton de Montendre. Cette prise de contact lui a permis de rencontrer les élus et de dresser un constat sur l’état de leurs églises respectives. Si la majorité a été restaurée, la plupart ne sont chauffées qu’au moment des offices ou des manifestations (concerts, expos, etc). Le père Hubert envisage de dire des messes dans les communes rurales et pas seulement à Montendre.