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vendredi 21 novembre 2014

L’eau minérale naturelle
de Jonzac fait des miracles :
Les voitures se cassent !

Dans quelques années, si aucun obstacle ne vient perturber son bon déroulement, Claude Belot devrait concrétiser l’un de ses derniers grands projets : vendre en bouteilles l’eau minérale naturelle de Jonzac. 

Déjà, signe annonciateur, de grands panneaux, symbolisant le futur contenant, ornent les ronds-points de la ville et une dégustation d’eau a été organisée en grande pompe dans le cadre d’un concours de cuisine. L’usine d’embouteillage sera située en contrebas du château de la Dixmerie, près de la route de Champagnac.
Bref, tout est préparé, emballé et bientôt ficelé… sauf que le périmètre de protection des captages abrite une casse automobile non loin du forage. Et une casse, ce n’est pas connu pour être particulièrement « doux » pour l’environnement (écoulement des fluides, huiles, carburant, batterie, lockheed, sans compter les composants du véhicule dont l’amiante).
Des dizaines et des dizaines de carcasses automobiles agonisaient dans les bois jouxtant un garage bien connu de la cité jonzacaise jusqu’à ce qu’un premier article pose la question de cet étrange dépotoir.
La présence de toutes ces vieilles « bagnoles » entreposées de manière anarchique dans les futaies de Beauregard - qui auraient dû faire l’objet d’un suivi contrôlé - n’avait jamais choqué personne. « On a toujours vu des voitures à cet endroit. Il y a des épaves, des véhicules laissés après expertise, d’autres abandonnés à leur triste sort. C’était déjà comme ça avec le père du propriétaire actuel. A une époque, il y avait un aspect pratique : cette casse constituait une sorte de caverne d’Ali Baba pour des pièces pas cher. C’est pourquoi ce garage était connu pour effectuer des réparations moins onéreuses que ses concurrents. Maintenant, les choses ont changé » souligne un client.

La question qui se pose est la raison pour laquelle la mairie de Jonzac n’a pas demandé à ce garagiste de mettre sa casse en conformité comme elle a pu le faire avec d'autres. Après tout, c’était à la collectivité d’exiger que ce « cimetière » situé à la sortie de Jonzac, à une proche distance du complexe aquatique des Antilles, disparaisse du paysage. Certes, durant l’été, caché par les frondaisons, il est à peine visible. Mais dès la chute des feuilles, on peut assister au spectacle !

Sur cette carte, on constate que la casse est incluse dans le périmètre de protection des captages
Grandeur et décadence de nos chères voitures 

On ignore si la future eau naturelle de Jonzac a donné un sursaut législatif à la mairie ou si cette eau a finalement réalisé son premier miracle : toujours est-il depuis quelques semaines, la casse se vide peu à peu de ses épaves. Effectivement, comment Jonzac pourrait-elle jouer la carte de l’environnement si elle offre un tel "abandon" à quelques encablures de la future usine d’embouteillage ?
Remarquez, il existe des précédents. Les Jonzacais se souviennent de l’usine d’incinération qui rejetait des dioxines à côté des Thermes (dont l’une des orientations est le traitement des voies respiratoires !) et d’une étrange usine électrique, fonctionnant au fuel, installée au beau milieu du lotissement de la Marronnerie. Laquelle fut détruite après un procès retentissant intenté et gagné par un riverain, Robert Hué, défendu par Me Jouteux.

En ce qui concerne cette casse, il aura donc fallu attendre que la municipalité de Jonzac envisage de commercialiser son eau minérale naturelle pour qu’enfin, le garage prenne la décision de « nettoyer ses extérieurs ». Vu le nombre de voitures à extraire, il a du boulot ! Ces temps derniers, on voyait des pneus d’un côté, des tôles gisant de l’autre, une sorte de tri sélectif maison… tandis que des "vestiges" attendaient d’être transférés vers une nouvelle destination. Certains auraient échoué dans une casse située sur une commune proche de Jonzac où l’on s’affairerait beaucoup, semble-t-il. D’autres points de chute sont avancés dont Montendre, la Gironde et des pièces qui pourraient être expédiées au Mahgreh, dit-on.
Evidemment, ce remue-ménage n’est pas passé inaperçu et nous vaut quelques beaux clichés sur la grandeur et la décadence de nos chers moyens de transport. A quand une grande exposition d’art contemporain dont le thème serait « la voiture dans tous ses états » ? Les photos suivent !

 • Autre présence étrange sur le périmètre de protection de la source : le dépôt des déchets verts de la ville de Jonzac suffisamment grand (et malodorant) pour attirer l’attention.

Le dépôt des déchets verts de la ville de Jonzac
Du côté de la casse...




• Un autre point est important : une fois les lieux vidés des épaves, la dépollution des sols est obligatoire.

• Et dans une autre casse proche de Jonzac, on a droit au même spectacle. Là, toutefois, nous ne sommes pas dans le périmètre de protection d'une source...


Fragile équilibre...





Installations Classées 
pour la Protection de l'Environnement (ICPE) : 
 

• Si la surface où sont stockés des véhicules est supérieure à 50 m², l’activité est obligatoirement soumise à autorisation au titre de la réglementation des Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE).

• Qu’est-ce que c’est que la réglementation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement ? C’est une réglementation qui encadre toutes les activités à risques des entreprises. En effet, le métier exercé par certaines entreprises peut présenter des risques par rapport à la protection de l’environnement et/ou par rapport à la sécurité des personnes et des biens. Selon que les risques sont plus ou moins élevés, l’entreprise sera soumise à un seuil de déclaration (faible risque) ou à un seuil d’autorisation (risque important). Chaque activité à risque porte un numéro et est précisée dans une rubrique spécifique (on parle de la nomenclature ICPE).  

• Depuis le 1er août 2003, tout exploitant d’installations d'élimination de VHU (broyeur, démolisseur) doit détenir un agrément préfectoral. 
 • En application de l’article R. 543-162 du Code de l’environnement, l’exploitant « d’une installation de stockage, de dépollution, de démontage, de découpage ou de broyage des véhicules hors d’usage doit en outre être agréé à cet effet », ce qui suppose de satisfaire à un cahier des charges qui fixe les obligations du bénéficiaire de l’agrément. Il est par exemple fait obligation de dépolluer les véhicules (retrait des fluides notamment) avant tout autre traitement, comme sont imposées des conditions strictes d’entreposage des pièces pour prévenir les risques de pollution de l’environnement.

• Toute personne détenant un véhicule hors d’usage (VHU) doit le remettre à un organisme spécialisé dans la destruction des VHU. C’est donc un déchet. Avant toute destruction, il doit être dépollué afin de préserver l’environnement de déchets dangereux. Les véhicules concernés sont les voitures particulières, les camionnettes et les cyclomoteurs à trois roues. Depuis le 24 mai 2006, toute installation accueillant des VHU doit être agréée.  

• A l’occasion du salon Pollutec, la ministre de l’ Ecologie a montré sa détermination à s’attaquer aux décharges automobiles illégales. En 2012, Delphine Batho, alors ministre de l’environnement, a annoncé une "action nationale de contrôle des centres de véhicules hors d’usages illégaux". En d’autres termes, le but est de s’attaquer aux décharges "sauvages" de véhicules.

• Chaque année en France, 1,8 millions de véhicules arrivent en fin de vie. Ils proviennent des garages indépendants (15%), des particuliers (25 %) des assureurs (30 %), des concessionnaires automobiles (15%), des fourrières (10 %) et de certains domaines (5%).

•  D’après une enquête, il y avait en France 2, 2 millions de voitures épaves à recycler en 2010. Or, la filière des démolisseurs agréés en a déclaré 1,58 million. Il y a donc environ 720 000 véhicules épaves hors d’usage, anciens ou accidentés, qui sont passés entre les mailles du filet. Au total, c’est un tiers de l’ensemble des véhicules épaves qui n’est pas traité conformément à la règlementation mise en place depuis plus de 30 ans pour protéger à la fois l’environnement et les utilisateurs de pièces de réemploi (traçabilité et conformité des pièces d’origine). Il y aurait ainsi, d’après une autre étude officielle, 1500 opérateurs illégaux, contre 1700 casses auto démolisseurs agréés. 

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