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vendredi 21 novembre 2014

Alain Baraton à la Roche Courbon :
Où il fut question du chêne
de Marie-Antoinette
et d'une montre extraordinaire

Au château de la Roche Courbon, devant les membres de l’Association des Amis rochefortais du Grand Siècle que préside Jacqueline Bobo, Alain Baraton (dont la famille est originaire de Saintonge) a donné une conférence sur les histoires qui entourent Versailles. Les hommes, les femmes souvent. Il a conté de nombreuses anecdotes dont celle du chêne de Marie-Antoinette : son bois sert d’écrin à une montre prestigieuse et énigmatique fabriquée par Bréguet...  


La belle histoire du chêne de la Reine 

Haut de 35 mètres, ce chêne planté au milieu d’un bosquet en 168, était l'un des rares arbres à avoir échappé à la réorganisation du parc décidée par Louis XVI. Se trouvant entre le Grand Canal et le Grand Trianon, la reine Marie-Antoinette aimait s’y mettre à l’ombre quand elle était à Trianon.
Il échappa à la guillotine, mais pas aux aléas du temps. Lors de la terrible tempête de 1999, les grands arbres qui le protégeaient furent déracinés. Dès lors exposé aux rayons du soleil, il se mit à dépérir et trouva la mort à l’été 2003. « Je m’en suis ému et j’ai envoyé une dépêche à l’AFP » souligne Alain Baraton.
Suivirent des centaines de reportages.  Le chêne de Marie-Antoinette aurait pu finir en rondins chez un marchand de bois, sans l’opiniâtreté d’Alain Baraton qui défendit sa cause. « Il était là, exposé comme un gisant, devant le Grand Trianon » se souvient-il.
C’est alors qu’en janvier 2005, le PDG des montres Breguet, Nicolas G. Hayek, fit une proposition inattendue.

Alain Baraton a conté de nombreuses histoires sur Versailles. Sur cette photo, il est aux côtés de Jacqueline Bobo, présidente des Amis rochefortais du Grand Siècle et de Christine Sebert, propriétaire du château de la Roche Courbon

La fameuse montre… 

• Retour en arrière : Au XVIIIe siècle, Breguet, artiste-horloger suisse de renom, avait pignon sur rue dans la capitale. Un beau jour, il vit arriver un officier qui commanda une montre de poche unique. Elle devait être la pièce la plus incroyable de son temps (sans doute était-elle destinée à Louis XVI) et comporter toutes les complications connues à l’époque. Le prix et le délai de livraison importaient peu. Malheureusement, Marie-Antoinette n’eut jamais l’occasion de connaître cette pièce car elle mourut avant que la montre ne fût achevée. Fidèle à la tradition suisse, Abraham-Louis Breguet avait pris son temps pour livrer ce « bijou » qui n’était pas terminé à la Révolution française.
Achevée sous l’Empire, la fameuse montre n’apparaît dans les registres de Breguet qu’en 1838 quand un certain marquis de la Groye la dépose pour une révision ! Il ne la récupère pas. Elle reste alors en possession des Breguet jusqu’à sa revente et son entrée dans la collection de Sir David Salomon. Ses héritiers la lèguent à une fondation qui l’expose au musée de Jérusalem jusqu’en 1983, année où elle est volée avec d’autres objets. Panique ! On finit par la retrouver en 1987 chez un horloger de Tel-Aviv.
D'après les spécialistes, la montre posséderait une valeur dépassant allègrement les 11 millions de dollars. Elle est trouve aujourd’hui bien à l’abri dans un coffre du musée de Tel Aviv qui l’a récupérée avec un plaisir non dissimulé.

La réplique de la fameuse montre
3500 pièces sculptées dans le bois du chêne royal 

Désireux de faire renaître cette pièce exceptionnelle, Nicolas G. Hayek et la Manufacture Breguet se lancent le défi de la reproduire à l’identique. En apprenant le triste sort du chêne de Marie-Antoinette, ils proposent aux responsables de Versailles d’offrir une seconde vie à l’arbre mythique en faisant d’une partie de son bois l’écrin de la « nouvelle » montre Marie-Antoinette.
Versailles offre alors une partie de l’arbre à la célèbre marque. Reconnaissante, elle soutient le domaine en finançant plusieurs chantiers, dont la restauration du Petit Trianon.
La réplique de la montre est terminée en 2008 après trois ans et demi de fabrication. Au total, 3500 pièces sculptées dans le bois du chêne royal constituent le coffre du chef-d’œuvre. « L’extérieur reproduit fidèlement le parquet du Petit Trianon. L’ouverture de la boîte dévoile un deuxième écrin, plus petit, dont le dessus prend des airs de tableaux de maîtres. Il s’agit en réalité d’une marqueterie artisanale constituée de plus de mille fragments de bois qui dessinent la main de Marie Antoinette tenant sa rose » explique le créateur.
Morale de l’histoire : mieux vaut finir en somptueux bijou qu’en bois de chauffage…


La fabrication de la « première » montre de Marie-Antoinette, créée par Abraham Louis Breguet, a duré quarante-quatre ans (1783-1827). Elle possède un Quantième Perpétuel complet, une équation du temps, un indicateur de réserve de marche, un thermomètre bimétallique, une grande seconde indépendante et une petite seconde trotteuse, un échappement à ancre, un spiral en or ou encore un dispositif antichoc « pare-chute ». Ces prouesses technologiques sont enfermées dans un boîtier en or et un cadran en cristal de roche afin de pouvoir admirer le mouvement en transparence.

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