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samedi 11 octobre 2014

Passion Découverte : Le sentier des Anglais
sur la Pointe de Suzac

Dans le cadre des Journées du Patrimoine, la Maison de l’Estuaire, à Saint-Georges de Didonne, proposait une découverte de la Pointe de Suzac. Bonne surprise, le fameux sentier des Anglais est de nouveau ouvert aux randonneurs.

Des blockhaus sont encore visibles sur la pointe de Suzac (photo N. Bertin)
Ce sentier est l’un des plus pittoresques de la côte bordant l’estuaire de la Gironde. La région toute entière est un hymne à la nature, falaises crayeuses dont certaines sont prisonnières des terres, adorables plages lovées dans un écrin du Crétacé, Talmont la péninsule battue par les flots et son église dédié à Sainte-Radegonde, Meschers et son chapelet de carrelets, curieuses structures en bois affublées d‘un filet remontant petits poissons et crustacés, Saint-Georges de Didonne et son phare de Vallières : autant d’attraits qu’a su cristalliser la Maison de l’Estuaire. Mise en place par le Département, elle propose des manifestations, voire des attractions car l’Estuaire de la Gironde, « ce long cordon d’argent », est source d’inspiration.

Parmi les lieux privilégiés situés à proximité, se trouve la Pointe de Suzac qui connut des heures sombres durant la seconde Guerre mondiale. Déjà « parée » d’un fort napoléonien, les Allemands l’avaient dotée de plusieurs blockhaus (encore visibles). Les lieux bouleversés conservent les stigmates des bombardements, les creux provoqués par les impacts de bombes n’ayant jamais été comblés. « Nous avons préféré laisser le lieu en l’état en signe de témoignage » explique Erick Mouton de l’association Saint-Georges et son passé.
Si l’herbe a repoussé, on sent bien qu’un tel relief n’est pas naturel. De petits chemins ont été aménagés, surplombant les flots où s’attardent bateaux, voiliers en partance, bacs et cargos se dirigeant vers le bec d’Ambès.

Charles Hawker, colonel de l’Armée des Indes 

De tous temps, le lieu a été habité. Divers sites attestent d’une présence gallo-romaine dont le Fâ - sur la commune de Barzan - qui abritait, sur une immense superficie, la ville de Novioregum, sans doute le port antique de Saintes. La Pointe de Suzac, propriété du Conservatoire du Littoral, est un espace naturel qui réunit de nombreuses variétés végétales (minutieusement répertoriées) dont quelques arbres rares. Sur ce promontoire, on se promène librement entre verdure, fleurs et papillons : ici, tout est calme et volupté !

Le chalet construit par Charles Hawker
A quelques encablures, se trouve l’ancienne maison d’un colonel de l’Armée des Indes, Charles Hawler. Cette sorte de chalet de style néo-colonial comprenait une petite dépendance aujourd’hui disparue. L’histoire s’écrit partout en filigrane, sur le sentier des Anglais en particulier qui s’étire sur le haut de la falaise pour aboutir non loin de la plage des Vergnes. Il s’agit en réalité d’un ancien chemin de halage. De nos jours, il attire les promeneurs en recherche de dépaysement.
Au milieu des arbres et des buissons, orné d’une tonnelle de chênes verts qui rappelle Brocéliande et d’un curieux rocher mille fois photographié, c’est un endroit particulier, tantôt ensoleillé, tantôt nimbé de brume, propice à la rêverie et à l’évasion.

La pointe de Suzac : un espace protégé  (photos N. Bertin)


Durant plusieurs années, son accès en fut interdit par la famille qui possède la fameuse habitation du colonel : des gens indélicats s’introduisaient sur leur propriété pour y pique-niquer. Le passage fut donc barré (fermeture de la servitude de marchepied). Un procès s’en suivit qui opposa la mairie à ces particuliers. Un accord amiable finit par être trouvé et un grillage sépare désormais les deux parties. « La bataille juridique a duré cinq ans et a coûté cher » admet un élu. Longue de 400 mètres, la fameuse clôture n’est pas inesthétique et elle a l’avantage d’empêcher les curieux de s’égarer sur des terrains privés.
« Nous avons réussi à ne couper qu’un seul arbre » souligne Erick Mathé, garde au Conservatoire du Littoral. La Pointe de Suzac est un site protégé à découvrir. Quelle que soit la saison, il apporte sa beauté sauvage et l’étrange sensation d’entrer dans un monde à part.

Reportage/photos Nicole Bertin

Erick Mathé, guide au Conservatoire du littoral
Le sentier des Anglais (photos N. Bertin)


• Balade contée par Erick Mouton de l’association Saint-Georges et son passé et Eric Mathé, garde du Conservatoire du littoral. A Suzac, le Conservatoire du Littoral possède 135 hectares de forêt protégés (sur les 350). Les parcelles sont acquises par les collectivités qui lui en confient la gestion. 


• Le plateau calcaire est vieux de 150 millions d’années. La côte recule de 1 centimètre par an. « Un jour, les blockhaus disparaîtront » souligne Erick Mouton. L’estuaire de la Gironde est la seule voix d’eau pour aller jusqu’à Bordeaux. Sa largeur est de 5 à 7 km, sa profondeur varie entre 25 à 30 mètres.

Une côte pleine de charme (photo N. Bertin)
• En 1814, les Anglais ont débarqué sur la plage de Suzac à Meschers et emprunté le fameux sentier - appelé depuis Sentier des Anglais - pour attaquer le fort Napoléon situé sur le promontoire. Rasé, il fut reconstruit en 1862.

• Dans la première partie du XXe siècle, Charles Hawker avait acheté deux hectares de terrain incultes sur la Pointe de Suzac pour y édifier un chalet, une écurie et une bergerie. Son épouse détestait cette construction, dit-on, et demeurait dans une maison proche de la mairie. A la mort de son mari, elle vendit la propriété à la famille Roullet, négociants en cognac.

• Flore sur la pointe : Rosiers toujours verts, bagasse, vipérine des Pyrénées, ail rose, iris maritime, arbousier, osyris blanc, alaverts à feuilles larges.
• Faune sur la pointe : Oiseau rare montagnard « le tichodrome échelette » protégé au niveau national au plumage rouge et gris, traquet motteux, engoulevent d’Europe (en forêt).

• Maison de l’Estuaire : ouverte tous les jours de 14 h à 18 h sauf mardi jusqu’au 15 novembre. 47 avenue Paul Roullet à Saint-Georges de Didonne tél. 05 46 23 77 77

1 commentaire:

  1. Dans ce chalet,je me souviens d'y être allé avec mon grand-père Maurice Bocquier connaissant un membre de la famille Roullet

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