Commerce et tourisme à Saintes : chroniques d’un été pluvieux qui a attiré plus de touristes en centre-ville

Tous les ans, en début de saison estivale, les commerçants vous le diront : « Pourvu qu’il fasse beau » ! enfin pas trop, parce que lorsque c’est le cas, les touristes sont à la plage et Saintes le vit moins bien ! 

La cathédrale Saint-Pierre

En 2014, il faut noter deux aspects essentiels : le temps maussade qui a régné sur la Saintonge et un élément assez nouveau, celui du stationnement gratuit le samedi. Cette mesure prise dans les premières semaines d’exercice de la nouvelle équipe municipale menée par Jean-Philippe Machon, semble emporter l’unanimité même si quelques esprits grognons se posent la question du coût pour la ville d’une telle mesure. En effet, si le samedi, les parcmètres restent vides, quel en sera l’impact à l’année sur le commerce local ? Sera-t-il supérieur au manque à gagner de la ville ?

Outre l’aspect sympathique de cette action, reviennent avec insistance la possibilité de la gratuité de la première demi-heure toute la semaine. Il n’est certes pas facile de contenter tout le monde mais ces réflexions, prises auprès de nombreux commerçants consultés pour cet article, prouvent que la municipalité se devrait d’aller plus loin et plus globalement pour tonifier et revivifier un commerce qui pâtit des grandes surfaces et aussi des agents zélés dont c’est le métier de dresser quelques procès verbaux malmenant le porte-monnaie déjà étranglé des consommateurs.

En ce qui concerne le temps plus que maussade de cet été, il est évident que le tourisme saintais en a subit les aléas. D’après les chiffres communiqués récemment par l’office de tourisme, ce sont plus de 15 % de touristes en plus, par rapport à 2013, qui ont franchi le seuil de l’office (18900 en juillet).
En août, ils sont 25000 (plus 2 % par rapport à l’an dernier) qui ont cherché des informations sur notre belle province de Saintonge.

Les arènes, haut lieu touristique (photo D.C.)

Un bémol cependant, lié au mauvais temps : les croisières sur la gabare « Ville de Saintes » ont vu chuter la fréquentation de manière significative (baisse de 20 % en juillet et de 11 % en août par rapport à 2013). Il est vrai qu’une croisière sous le crachin et la pluie n’encourage pas les vocations. Ces volontaires marins d’eau douce se sont sans doute rabattus sur les commerces saintais et c’est tant mieux ! Le malheur des uns faisant le bonheur des autres.

La gabare avec un seul r ! (photo D.C)

A propos de la gabare, je voudrais revenir sur un point que le lecteur jugera futile, mais qui me semble être d’une certaine importance. La gabare saintongeaise ne prend qu’un « r » ! Entre Loire et Charente, les gabares s’orthographient comme cela. Ce sont les gabarres de Gironde, Dordogne et autres rivières du sud de la France qui changent d’orthographe. Gabarre dans ce cas s’écrit comme bagarre ! avec deux « r ». Cette faute récurrente chaque année a le don de m’irriter comme les fameuses éclades « de moules » ! Une éclade est toujours réalisée avec des moules !  A présent, faisons une petite excursion dans les rues de Saintes ! 

•  Rue Saint-Michel 

Depuis 3 ans ½, Véronique Jouan tient le magasin Libellule, prêt à porter pour enfants jusqu’à 12 ans. Stationnement gratuit le samedi : « C’est très bien. J’ai constaté qu’il y a beaucoup plus de passage. Les gens prennent leur temps. Les courses sont faites de manière plus détendue et les gens ne regardent pas leur montre sans arrêt. Il y a vraiment eu un changement radical. C’est plus vivant ». 
Eté 2014 : « C’est moins bon que l’année précédente. Il y a eu moins de touristes et aussi moins de pouvoir d’achat. Et malheureusement, le temps a été un peu calamiteux ».

•  Place Blair – Rue Berthonnière 

Depuis mars dernier, Alexandra Gremmel tient le magasin « Rêve de plumes » spécialisé dans la literie et le linge de lit.
Stationnement gratuit le samedi : « Avant le stationnement gratuit, c’était très calme. On ne voyait personne. A présent, il y a beaucoup plus de passage. Les gens se promènent, profitent des magasins, prennent le temps. Il y a une vraie différence. Il faut que cela reste comme ça ».
 Eté 2014 : « Les mois se suivent et ne se ressemblent pas. Juin a été catastrophique : peu de dépenses. Juillet a été très bon, comme les 15 premiers jours d’août. Par contre, c’est la dégringolade en septembre ». 

• Avenue Gambetta 

Le Sukhothaï, restaurant de spécialités thaïlandaises, s’est fait une véritable place parmi les restaurants de la ville et ce, depuis 2007. Antoine Rodriguez, le copropriétaire nous donne son appréciation.

Antoine, Vanille et Séua (photo D.C)

Stationnement gratuit le samedi : « Pour ce qui est de l’avenue Gambetta, le stationnement gratuit n’a rien apporté de particulier mais c’est une bonne chose pour le commerce, de toute évidence. Ca équilibre un peu par rapport à la gratuité des zones commerciales ». Eté 2014 : « Un excellent été. Tous les mois, nous progressons. Notre notoriété croissante joue indéniablement. Les réseaux sociaux sur internet jouent également un rôle non négligeable. Les gens savent parfaitement où ils viennent. Le festival de musique en juillet qui s’est déroulé à l’Abbaye-aux-Dames toute proche nous a permis de faire une bonne semaine, surtout aussi à cause du temps mi figue, mi-raisin ». 

Il était devenu impératif de rencontrer les responsables des deux associations de commerçants de Saintes pour leur demander également leur sentiment sur cette saison et évoquer avec eux leurs projets à court et à moyen terme. 

• Yann Sigaut – Président de « Saintes shopping », à ce poste depuis 2 ans ½ et rassemblant à peu près 70 adhérents. « Il faut au moins un permanent pour une association de commerçants. Nous attendons la création annoncée par la municipalité d’un office du commerce avec des agents de la mairie qui pourront mieux coordonner les manifestations, notamment celles de fin d’année, gérer les locaux vacants pour, en centre ville, aider à l’implantation d’un nouveau commerce. Cela devrait nous soulager ».

Yann Sigaut (photo D.C)

Stationnement gratuit le samedi : « C’est une vraie nouvelle positive ! cela faisait longtemps qu’on n’en avait pas eu ! Les clients sont moins stressés, plus à l’aise pour faire leurs courses. Cependant, je signale un effet pervers à cette mesure : les riverains se garent en bas de leur immeuble ce samedi en question, certains commerçants garent également leur véhicule devant leur vitrine. Si la mairie ne perd pas d’argent, autant garder cette gratuité sans oublier que dans le futur, la première demi-heure gratuite serait la bienvenue ».
Eté 2014 : « Pluvieux certes mais à Saintes, on a limité la casse par rapport aux chiffres connus de Royan et de la côte. Le patrimoine saintais est un atout majeur, la visite des commerces également. Vu la crise actuelle, on a quand même fait du chiffre ! ».
Projets pour la fin 2014 : « Le 27 septembre dernier, la rue Saint-Michel était en fête et cela a été très apprécié avec plus de 20 commerçants qui ont offert une animation, des cadeaux. Il s’agissait d’un partenariat « Saintes shopping ». En novembre, nous prévoyons une action « Shopping chèques » avec des remises de chéquiers d’offres promotionnelles. En décembre, sont prévus des jeux interactifs dans les vitrines avec un jeu spécialement dédié aux enfants. A côté de la statue de Bernard Palissy, il y aura un grand sapin de Noël qui sera décoré avec des boules qu’il faudra aller chercher chez les commerçants. Décembre en fête ne sera pas exclusivement situé place Bassompierre puisque place Foch (Palais de justice) il y aura un manège et en bas de la cathédrale Saint-Pierre, on pourra monter dans une calèche pour des balades ».
Le 6 mai dernier, une autre association de commerçants s’est créée sous la présidence de Gérard Marchais. Quel est votre sentiment ? « Plutôt que de mettre de l’énergie dans « Saintes shopping », il a préféré créer sa propre organisation ».

•  Gérard Marchais – Président de l’Union des Commerçants du Centre piétonnier (UCCP), association fondée le 6 mai dernier. L’UCCP compte 50 adhérents.

Gérard Marchais (photo D.C.)

Stationnement gratuit le samedi : « Il y a un bon écho. La clientèle trouve ça bien. Mes clients me le disent souvent : « A présent, on va pouvoir refaire nos courses à Saintes ». On voit maintenant plus de gens venant de Royan, Pons, Cognac, Saint-Jean d’Angély : c’est un signe. Cependant, je pense qu’il faudrait continuer cette décision en donnant le premier « quart d’heure charentais » gratuit le reste de la semaine ». 
Eté 2014 : « Les gens ont été moins à la plage. La crise existe mais on se maintient. Malgré le temps maussade, cela n’a pas été une catastrophe ni une panacée ».
Projets pour la fin 2014 : « Le 16 août, il y a eu un défilé de véhicules d’époque et un concert de jazz. Le 18 octobre, nous sommes à l’initiative d’une  flash mob (réunion spontanée à un endroit donné pour exécuter une danse) dans sept endroits de la ville de Saintes. La chorégraphie est à apprendre en consultant notre site sur Facebook. Pour Noël, nous organiserons une super tombola avec un voyage à gagner, un concours de la plus belle vitrine et en 2015, nous aimerions refaire une quinzaine commerciale. A terme, nous voudrions organiser une animation par mois ». 
Vous avez créé une deuxième association de commerçants alors que Saintes shopping est déjà présente dans la ville. Pourquoi ? « On a été critiqués, c’est vrai ! mais je ne veux pas rentrer dans ce jeu là. La dynamique commerciale est à revoir et je pense qu’avec l’office du commerce qui va voir le jour l’an prochain, nous pouvons faire beaucoup ».

Un été pluvieux, une gabare qui ne manque pas d’air, des voitures se garant aimablement pour le plus grand confort de leurs conducteurs et des commerçants, deux associations de commerçants, mais un seul Noël en perspective, un office du commerce piloté par la mairie, tout cela prouve que Saintes bouge beaucoup et ne mérite certes pas ce surnom imbécile de « belle endormie ». Défense de dormir donc !

Reportage/photos Didier Catineau

didiercatineau@yahoo.fr

Didier Catineau (Photo Denys Piningre)