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samedi 2 août 2014

Arces sur Gironde :
Tout un Chapître
consacré aux cinq éléments !


Jusqu’au 3 août, le domaine de Chapître accueille les œuvres de onze artistes. Cette galerie à la campagne, initiative de Joe Neuvy, s’articule autour de cinq éléments, la terre, l’eau, le feu, le bois et le métal. 

Jo Neuvy, qui évolue dans le monde artistique depuis de nombreuses années, propose cette exposition en un lieu emblématique d’Arces sur Gironde. Mentionné depuis le XVIe siècle, Chapître est une belle demeure nichée au cœur de la verdure. Les pièces y sont vastes, l’allée d’arbres prometteuse et le parc suffisamment grand pour accueillir des artistes qui l’animent joyeusement.
La rencontre de ce logis - qui doit son nom à la vigne - avec des œuvres artistiques est une heureuse initiative.
Onze artistes ont été invités à « plancher » sur l’interprétation des cinq éléments que sont le feu, le bois, la terre, l’eau et le métal. « Leurs forces agissent sur l’univers des signes. Mouvance, fluctuation. En perpétuelle action et interaction, elles suivent l’ordre des saisons » explique Joe Neuvy.

Les artistes présents au vernissage, samedi dernier
Sept sculpteurs ont relevé le défi. Zi NCube est né au Zimbabwé, là où les pierres sont si nombreuses qu’il suffit d’invoquer la montagne pour qu’elle ouvre ses entrailles ! Dans ce pays, on se transmet les secrets de taille de père en fils. Marchant dans les pas de Liod Madzura, Zi est un sculpteur talentueux qui fait vibrer la matière (jade, cobalt, opale, serpentine, verdite). Elle le lui rend bien : ses visages sont remarquables et ses pièces uniques. La mairie d’Elancourt, pour laquelle il travaille, lui a confié la réalisation d’une œuvre en marbre. « Le sujet ? La collectivité m’a donné carte blanche ! » avoue-t-il.

Quand deux sculpteurs se rencontrent, Zi NCube et Suse Pouillet

Mathieu Harzo est fasciné par la sculpture romane, le fameux bestiaire qui orne les chapiteaux des églises. Dans son atelier d’Arces, il sculpte des bas-reliefs et son faune, remarqué par Bertrand Arcadias, l’homme de pierre de Saintonge (il règne sur les carrières de Thénac !) est un clin d’œil à la mythologie.


Pedro Veloso souffle le verre. Beautés matérialisées nées de la flamme apprivoisée. Son atelier est comme une scène de théâtre : la création y côtoie et la sublime envie de rejoindre l’absolue sensation. Il a composé une ligne de bijoux.


Issaka Gandema appartient aux grandes familles de bronziers du Burkina Faso. Ses sculptures sont fines et esthétiques. Un bel hommage à la terre africaine.

Robert Keramsi a créé des personnages étonnants faits de filasse et de ciment. Ils s’avancent dans la réalité du temps en suscitant l’interrogation. « Je représente les corps sans artifice, je vais à l’essentiel » dit-il. Les silhouettes qu’il enfante sont les témoins d’une société qui, trop souvent, juge selon les apparences. En les dépouillant, il rappelle cruellement la nudité, mais jamais sans tendresse. Ses portraits sont pareillement livrés à l’authenticité.


Annie Charlotte Jude ne vous laissera pas de bois, élément qu’elle maîtrise : elle trouve en la forêt son gisement d’expressions. Une fois domptées, les formes se redressent en un élan de liberté.

Sylvie Berry est installée à Port d’Envaux. Valorisant les veines délicates de la pierre, elle façonne des personnages et des fruits qui semblent émerger d’un monde parallèle. Tirés de leur sommeil, ils s’éveillent à la lumière sans jamais quitter la Terre Mère, formant avec elle une relation « siamoise ». En résulte une émouvante harmonie. Sylvie s’apprête à exposer en Roumanie.


Les peintres Caroline Grassiot et Valérie Décoret s'inspirent de la nature, mêlant audace et sensibilité.

Photographe, Ousman Fall est attiré par les marais salants, le soleil et l’environnement ; Jules Hmaloko est un contemplatif. Il porte en son cœur des souvenirs de Lifou dans les îles Loyautés. L’an dernier, il a présenté ses clichés, portes ouvertes sur l’évasion et le voyage, au centre culturel de Maré en Nouvelle Calédonie. Le voici à Arces !

L’ensemble de ces créations est à découvrir au domaine de Chapître. Samedi 2 août, un concert y sera organisé à partir de 19 h. Jade System, le groupe israélien ne pouvant se déplacer en France en raison des événements, il est remplacé par Les Rosbifs, formation que dirige Robert Smith - un sémillant British installé dans la région - avec Sébastien Swallow, Vincent Bailly et Joffrey Lumeau. Ils ont enregistré leur premier CD cette année, intitulé précisément… les Rosbifs. A écouter sans modération !

Renseignement au 06 56 78 03 92. Le domaine de Chapître est situé à Arces, non loin de Cozes.

Chapître est dérivé du mot latin "capistrum" qui désigne un vignoble palissé. Dans l’antiquité, on devait donc cultiver de la vigne dans les environs. Le logis noble de Chapître est mentionné pour la première fois en 1539. Il était alors la propriété de Grégoire Joussereau ou Jarousseau.

• En janvier 1911, à l'occasion d'une vente judiciaire, Chapître est acquis par Abel Morin, aïeul de l’honorable Georges Morin. « Distillateur-liquoriste, maire d'Arces de 1924 à 1941, il développe une importante production viticole. A cette époque, la région se relève peu à peu de la crise du phylloxéra par une reconstitution partielle du vignoble dans les mains de quelques grandes exploitations. A cela, Abel Morin ajoute la pratique de l'élevage, en particulier dans les prés salés en bord d'estuaire : vers le milieu du XXe siècle, son exploitation compte jusqu'à 70 bovins. En 1925, le logement pour les ouvriers agricoles est agrandi. La distillation cesse à Chapître en 1976, mais la production viticole se poursuit encore de nos jours » souligne l’historien Frédéric Chassebœuf

• Joe Neuvy et Georges Morin, actuel propriétaire du logis de Chapître. Ne pas oublier l’accent circonflexe, s’il vous plaît ! Georges Morin est l’auteur d’un ouvrage intéressant sur la fin de l’empire d’Orient et d’Occident.


Reportage/photos Nicole Bertin

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