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dimanche 2 février 2014

Saintes : de la difficulté
 pour la Gauche 
de cicatriser ses plaies


Pourquoi les élections municipales saintaises sont-elles compliquées ? Depuis le départ de Michel Baron, maire de la cité santone de 1977 à 2001, la gauche est curieusement divisée. Ces dissensions sont surtout perceptibles entre Jean Rouger et Michel Baron. Question de feeling ? 

 Bien qu’ayant appartenu à la même équipe municipale, les deux hommes ont montré en plusieurs occasions que leur rose commune, autrement dit le Parti socialiste, avait des épines. Lesquelles pouvaient laisser des cicatrices.
Récemment, Michel Baron, sortant d’une retraite apaisée, confiait à la presse régionale : « en quittant mon fauteuil de maire, j’avais pour projet de ne plus faire de politique. Mais quand je vois ce qu’est devenue la ville de Saintes, je n’ai pas pu résister. J’ai donc accepté quand Isabelle Pichard-Chauché m’a demandé d’être le président d’honneur de son comité de soutien. Le maire actuel est arrogant, les gens ne le reconnaissent pas ». Piqué au vif, Jean Rouger a riposté, mettant en cause la gestion de Michel Baron tout au long de ses mandats.

Michel Baron lors de la venue du président François Mitterrand à Saintes (inondations)
Pourquoi ces deux hommes, socialistes de longue date, ayant dédié leur existence à la médecine - l’un était cardiologue, l’autre médecin du travail - ne sont-ils pas parvenus à fumer le calumet de la paix ? Voilà bien la question. Toujours est-il que dans ce jeu « je t’aime, moi non plus », les coups ont fusé. Et ils n’ont pas été sans conséquences. En 2001, les divisions de la gauche ont conduit à l’élection de la centriste Bernadette Schmitt. Pourtant, elle avait contre elle une autre liste de droite conduite par Alain Bougeret (UDF). Les rêves de Jean Moulineau, poulain de Michel Baron, qui menait la liste de gauche, se sont envolés. Ce fut sans doute un mal pour un bien. Aujourd’hui, ce ténor du barreau vit pleinement sa vie d‘avocat dans un cabinet qui a pignon sur rue. Quand il évoque ces moments « tumultueux », il préfère en sourire : pour lui, la page est tournée !

Six ans plus tard, en 2008, Jean Rouger est revenu sur le devant de la scène. Opposé à Bernadette Schmitt, il a réussi à s’imposer. En remportant les municipales, il est devenu maire de la ville et il a porté, quelques années plus tard, la CDA sur les fonts baptismaux. Initiative que Bernadette Schmitt avait manquée (à sa décharge, certains élus l’y ont bien aidée !).
En 2014, on pensait que la gauche avait enfin trouvé la tranquillité. Du passé, avait-on fait table rase ? Il semblerait que non. L’ambiance s’est dégradée à l’automne 2013 avec les primaires socialistes. Maire sortant, Jean Rouger se sentait légitime. Le nombre de votants à cette consultation interne ayant augmenté de façon exponentielle, il s’en trouva surpris et décida de s’en retirer purement et simplement. Y avait-il anguille sous roche ? Parmi les raisons évoquées, Catherine Quéré et son époux conseiller général, Jean-Yves, avaient quitté Chaniers, leur demeure historique, pour s’inscrire sur les listes électorales de Saintes. Et le chef de cabinet de la députée, Julien Papineau, y était candidat à la primaire. Jean Rouger sentit la lame du couperet : en avançant son « cavalier » sur l’échiquier, Catherine Quéré avait-elle l’intention de se présenter sur Saintes pour y briguer, une fois élue, la présidence de la Communauté d’Agglomération ? Pourquoi pas, après tout ! Son collaborateur s’est finalement incliné (de peu) devant Isabelle Pichard-Chauché, également candidate. Elle a été investie officiellement par le parti socialiste.

Face à l’adversité, Jean Rouger a décidé de maintenir sa candidature aux municipales, position qui a entraîné sa récente exclusion du PS. Un comble pour lui qui appartient à cette formation de longue date ! Ses colistiers PS vivent cette réalité douloureusement : sur les documents, ils se disent « citoyens socialistes ». Une manière pour eux de rappeler que leur cœur bat toujours à gauche. Pour sa part, Isabelle Pichard-Chauché souligne que sa porte ne sera jamais fermée à Jean Rouger. Ce sera particulièrement vrai entre les deux tours, d'autant que le nombre de listes est actuellement de sept...

Jean Rouger, actuel maire de Saintes

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