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vendredi 27 décembre 2013

Nouvelle carte cantonale
de Charente-Maritime :
27 femmes et 27 hommes, du jamais vu au Conseil départemental !


Faite par le Gouvernement pour assurer un rééquilibrage des territoires et des populations, la nouvelle carte cantonale de Charente-Maritime provoque le tollé de la droite. Et pas seulement puisque d’autres sensibilités, centristes en particulier, ne sont pas franchement satisfaites. 


Depuis que la nouvelle carte cantonale a été présentée vendredi dernier, les élus de la majorité départementale ne décolèrent pas. Et les noms d’oiseaux circulent dans un ciel chargé de cumulonimbus ! En effet, de 51, le nombre de cantons ne sera plus que de 27. C’est en mars 2015 que seront désignés les futurs conseillers départementaux (et non plus généraux). Ils seront au nombre de deux, un homme et - nouveauté - une femme afin de favoriser la parité dans l’assemblée départementale. Le projet de révision de la carte cantonale, présenté par la Préfecture, répond à deux objectifs d’intérêt général. D’une part, il corrige les inégalités démographiques entre cantons. La délimitation des circonscriptions cantonales est effectuée en respectant le principe d’égale représentation des populations.

La Charente-Maritime est un département où le principe d’égale représentation des populations de chaque circonscription cantonale est mal respecté. L’écart existant entre la population du canton le moins peuplé, celui de Tonnay-Boutonne (3328 habitants) et le plus peuplé, celui de la Jarrie (23197 habitants) est aujourd’hui de 1 à 6,97. Seuls dix-neuf cantons respectent actuellement le principe d’égalité démographique. « À l’issue de la révision de la carte cantonale, il ne sera plus que de 1 à 1,56. Vingt-six des vingt-sept cantons s’inscrivent dans la fourchette garantissant l’égalité démographique d’un écart maximal de 20% à la moyenne départementale de 23049 habitants. Trois communes actuellement fractionnées voient leurs fractions unifiées. Il s’agit des communes de Rochefort et de Saintes, qui constituent des cantons - communes, et de Royan qui compose avec deux autres communes, en totale continuité urbaine, un canton également unifié. Le projet rétablit le poids des agglomérations dans l’assemblée départementale sans pour autant remettre en cause la représentation des territoires ruraux et insulaires du département. Il s’appuie sur les cartes intercommunales au 1er janvier 2014, cantonale actuelle et des bassins de vie INSEE » explique Béatrice Abollivier.

 La parité changera
la composition de l’hémicycle 


 Pourquoi ce redécoupage déplaît-il à la majorité départementale ? « Tout simplement parce que cette redistribution est une grande menace pour le territoire » explique Dominique Bussereau. La disparition de 24 chefs-lieux de canton, amputés de leurs dotations habituelles, le laisse méditatif. Que Mirambeau, Saint-Genis, Archiac, Montlieu, Montguyon, Cozes et Gémozac perdent cette fonction historique a effectivement de quoi émouvoir leurs habitants qui dépendront d’une ville centralisatrice dont le pouvoir aura été renforcé. Ainsi, les communes des cantons de Montlieu et Montguyon iront rejoindre le canton de Montendre. Une partie du canton de Saint-Genis dépendra de Jonzac tandis que l’autre partira sur le nouveau canton de Meschers. Les communes du canton de Mirambeau se partageront entre le canton de Pons et Jonzac. Coulonges, Pérignac, Rouffiac, Saint-Sever de Saintonge et surtout les "communes dissidentes" à la CDCHS, Salignac-sur-Charente, Brives-sur-Charente et Montils feront désormais partie du canton de Thénac ! Notons au passage que Salignac et Brives rejoindront la Communauté de communes de Haute-Saintonge au 1er janvier tandis que Rouffiac s’unira (contrainte et forcée) à la CDA de Saintes.
Toute cette géographie est un peu compliquée et les élus mécontents feront entendre leurs voix lors de la session du Conseil général du 24 janvier 2014.

Mais ce n’est pas tout. Outre le grand changement qui résultera de cette délimitation territoriale, des décennies d’habitudes bien rodées seront remises en cause. En effet, en instituant un binôme homme/femme chargé de représenter chaque canton, la parité entre de plain-pied au Département. Évidemment, diront certaines voix, légiférer aura été nécessaire pour que cette réalité soit enfin effective. En 2015, la grande salle du Conseil général de Charente-Maritime comptera donc 27 femmes et 27 hommes, soit 54 conseillers départementaux. Du jamais vu puisqu’elles ne sont que sept pour l’instant à siéger (Isabelle Pichard Chauché, Saintes Ouest, Sylvie Marcilly, Rochefort Nord, Marie-Pierre Brunet,Surgères, Chantal Guimberteau, Archiac, Patricia Friou, La Rochelle IV, Marylise Fleuret Pagnoux, La Rochelle III et Corinne Imbert, Matha). Cette nouvelle donne pourrait avoir un effet pervers. Certains conseillers généraux actuels risquent d’être dans l’impossibilité de se représenter par manque d’espace (18 au total). Prenons par exemple le canton de Pons : si des communes de Saint-Genis et de Mirambeau le rejoignent, cela veut dire que les instances politiques UMP devront choisir leur candidat entre les sortants, Daniel Laurent, Jacky Quesson et Bernard Louis Joseph. Il faut un seul homme, ils sont trois ! Désigner une femme pour assurer le tandem sera plus aisé. À Jonzac, le "couple" pourrait se composer de Chantal Guimberteau, actuel conseiller général d’Archiac et de Jean-Claude Beaulieu s’il repart. On pourrait résumer la situation (en ce qui concerne la représentation masculine) en clin d’œil au Cid : « ils partirent 45 et se virent 27 en arrivant au port ». Une agitation dans les rangs de la majorité départementale est à prévoir.


Dominique Bussereau, président du Conseil général
En 2015, 27 femmes et 27 hommes siègeront au Conseil départemental
Ambiance à la veille des Municipales 

 Dans l’entretien qui suit, Dominique Bussereau déclare qu’il n’hésitera pas à saisir le Conseil d’état face à ce "charcutage". Mickaël Vallet, porte-parole de la gauche au Conseil général, ne comprend pas une telle agitation : « Nous défendons les objectifs de la loi qui sont de promouvoir les qualités des territoires. Le but recherché est que chaque canton soit à peu près identique quant à sa population et que la parité y soit respectée, critère que n’a pas l’air d’apprécier le président Bussereau. L’épouvantail d’abandon de la ruralité, qu’agitent actuellement la majorité départementale et les sénateurs, est faux vis-à-vis des électeurs. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que le Conseil général a modifié son règlement d’aides aux petites communes, qu’il a diminuées, et qu’il a carrément arrêté les subventions aux communes de plus de 5000 habitants. On nous accuse également de faire disparaître des cantons, mais d’autres seront créés. En janvier, le Conseil général va s’exprimer sur cette nouvelle délimitation cantonale. Je préfère ce terme à redécoupage des cantons. Le Préfet présentera le projet de carte cantonale. Chacun sera appelé à exprimer son avis sur le fond et ses choix. Normalement, avant de prendre son décret, le Ministre tiendra compte de la position adoptée par l’assemblée départementale » souligne-t-il.

A la veille des élections municipales, chaque camp semble fourbir se armes. La traditionnelle période des fêtes offrira-t-elle une pause en attendant la tempête ?

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