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samedi 26 octobre 2013

Jonzac :
Gaétan Le Lay tue son père et blesse grièvement sa mère


La ville de Jonzac sous le choc

Vendredi soir. Le centre culturel de Montendre accueille l’assemblée générale de la Lyre montendraise que dirige Hervé Sardin. L’ambiance y est sympathique. Tout le monde se connaît. Les membres de l’association, dont une majorité de musiciens, se sont réunis autour du président Jean-François Viaud et du secrétaire Alain Le Lay. Ce soir, son épouse Chantal ne l’accompagne pas. Gaétan, l’aîné de leurs trois enfants, est en week-end à Jonzac et elle veut profiter de sa présence. Alain Le Lay est comme à l’habitude, agréable, avenant. « Un homme loyal » selon l’avis de tous. Il y a une quinzaine d’années qu’il a rejoint la Lyre. On le voit à chaque manifestation ou presque, dont les cérémonies du 14 juillet où l’orchestre a pour coutume de se produire. Chantal et Alain le Lay sont retraités, lui de la DDE, elle de la Poste. Ils sont donc disponibles.
En général, la réunion est suivie d’un dîner. « Alain Le Lay a dit qu’il rentrait pour rejoindre sa famille. Il est parti, nous n’avons pas fait de cas » se souvient Christophe Baraud, l'un des vice-présidents. « Le lendemain, quand la nouvelle de son décès a été connue, nous avons pensé qu’il avait succombé à un problème de santé, car il avait fait un malaise vagal alors qu’il était parmi nous, voici quelques années. Nous étions consternés. Nous l’avons été encore plus quand nous avons appris les circonstances exactes de sa mort. »
En effet, personne ne pouvait imaginer que la famille Le Lay, domiciliée à Jonzac au lieu-dit les Grands Champs, non loin du village de chez Piaud, ferait un jour la une des médias pour une si tragique affaire. Nul n’est à l’abri. Il suffit d’un malheureux hasard de circonstances pour qu’arrive le cauchemar. Imprévisible, froid comme la lame d’un couperet. La goutte d’eau qui fait déborder le vase.

la maison du drame à Jonzac
Gaétan se déchaîne sur ses parents

En effet, vers 1h 30 du matin, un drame épouvantable s’est produit au domicile des Le Lay. Pour une raison encore inexpliquée, Gaétan, qui s’est saisi d’un hachoir de cuisine, les frappe violemment pendant leur sommeil à la tête et aux bras.
Réalise-t-il le geste qu’il vient de commettre ? Toujours est-il qu’il appelle les pompiers pour leur dire qu’il vient de commettre l’irréparable. La première équipe de secours arrive, suivie d’une seconde. Le jeune homme attend sur une chaise de jardin, une plaie à la main. Deux ambulances sont sur les lieux en quelques minutes. La scène est affreuse, il y a du sang partout. Selon une source proche de l’enquête, « l’agression a été d’une rare violence ». Vivantes, mais dans un état critique, les victimes sont secourues par le SMUR, puis transportées à l’hôpital de Jonzac. Quelques heures plus tard, Alain Le Lay succombe à ses blessures, tandis que son épouse est transportée vers le centre hispotalier de Saintes, puis à Poitiers.
Gaétan n’oppose aucune résistance. Il est emmené par la gendarmerie de Jonzac et placé en garde à vue. Il explique son geste insensé par un « malaise » et « le sentiment de haine et d’injustice ressenti à l’égard de ses parents ». Mis en examen pour « assassinat sur ascendant » et « tentative d’assassinat sur ascendant », il est placé en détention provisoire et bénéficie de la présomption d’innocence.
Martine Pétreault, vice-procureur au tribunal de grande instance de La Rochelle, estime qu’il faut laisser le temps aux enquêteurs de la brigade de recherches d’avancer.
Ce sont les experts qui détermineront s’il faut parler de troubles psychologiques ou de schizophrénie. Tout en sachant, comme le précise le Dr Benayoun, psychiatre à Jonzac, « qu’aucune maladie mentale ne provoque un tel déferlement de brutalité. Par contre, des substances le peuvent, médicaments, alcool, drogue. »  

Il venait de démissionner

Qu’est-ce qui fait sauter les verrous de l’éducation ? Seuls les spécialistes de la question, psychiatres, psychanalystes, peuvent trouver la réponse. L’âme est un labyrinthe. Quand Alain Le Lay est rentré chez lui, a-t-il eu une conversation avec Gaétan ? Peut-être ou peut-être pas. Le ton serait-il monté ? Un ressentiment a-t-il pu en découler ?
Gaétan a grandi à Jonzac où il a fait sa scolarité dans les établissements de la ville. Il a poursuivi ses études à La Rochelle, puis à l’université de Poitiers. Depuis sept ans, il travaillait à La Rochelle, dans un magasin Afflelou, et se rendait peu dans la capitale de la Haute-Saintonge. Il s’était largement investi dans une structure qui enseignait la danse, le tango en particulier.
La semaine dernière, tout aurait basculé. Vendredi matin, Gaétan a rendu les clés et le portable de l’association à Gwenaël Geneau, un membre de Toca Tango. Venant de démissionner, il n’en avait plus besoin. Gaétan était énervé et sa mère, présente, ne savait pas comment l’apaiser. « En ce moment, il a des problèmes » avait-elle dit. Comme toutes les mères, elle sentait bien que quelque chose n’allait pas. Il s’était passé quelque chose, mais quoi ? L’emmener à Jonzac calmerait sans doute la situation. Gaétan était suivi médicalement et jusque-là, aucun signe ne laissait supposer l’acharnement dont il allait faire preuve sur ses parents.

Alain le Lay avait travaillé pour la DDE.
Il appartenait à la Lyre montendraise
Une immense tristesse

Le corps d’Alain Le Lay a été autopsié lundi après-midi à l’institut médical légal de Poitiers et il sera rendu à sa famille dès que les enquêteurs le permettront. Chantal Le Lay, quant à elle, se remet doucement de ses blessures et ses jours ne sont plus en danger.
La tristesse est grande dans la ville de Jonzac qui reste sous le choc. D’origine bretonne, Alain Le Lay y était bien connu. Il a longtemps travaillé à la DDE aux côtés de Gilles Boutin, avant de poursuivre ses activités à Saintes. Passionné de musique, il jouait du saxophone, une passion qu’il partageait avec son épouse. Appréciée, la famille Le Lay n’a jamais fait parler d’elle si ce n’est en bien. Leurs voisins sont les premiers à saluer leur gentillesse et leur prévenance. Dans la région de Saintes, de nombreux maires, qui connaissaient bien Alain le Lay pour avoir travaillé avec lui, sont consternés et adressent des messages de soutien à sa famille. « C’était un homme de très bonne rencontre, très impliqué dans la vie associative. Nous ne comprenons pas, c’est une affaire incompréhensible » déclare Claude Belot, sénateur maire de Jonzac. Saura-t-on jamais pourquoi Gaétan, qui comptait de nombreux amis d’enfance à Jonzac, a commis un tel acte et brisé l’espérance des siens ?

Chantal Le Lay, musicienne dans l'orchestre
de la Lyre montendraise également
Cette affaire n’est pas sans rappeler un autre drame qui s’est déroulé en novembre 2004 à la résidence Daniel. Pris d’un coup de folie, un homme avait tué sa fillette et tranché la gorge de sa femme. La malheureuse était parvenue à s’enfuir en sautant du balcon. Bien qu’ayant la jambe cassée, elle avait trouvé refuge chez une voisine qui l’avait sauvée d’une mort certaine en lui prodiguant des soins avant l’arrivée des secours.

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