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jeudi 11 juillet 2013

Sortie des archives historiques :
De l'hôpital des pèlerins
aux églises de Chadenac
et d'Avy


Les Archives historiques d'Aunis et Saintonge, que préside Marc Sequin, ont pour coutume, voire pour mission, de faire découvrir le patrimoine de Charente Maritime à leurs adhérents. Dernièrement, le groupe se trouvait dans la région de Pons.

 L'hôpital des pèlerins est l'un des fleurons de la ville de Pons. Après son assemblée générale, l'association des Archives s'y est retrouvée, guidée par Jean Jacques Elie, maire de Mazerolles, vice-président de la communauté de communes.

Assemblée générale à Mazerolles
Visite guidée par Jean Jacques Elie
On a beaucoup écrit sur cet hôpital dont la première pierre fut posée en 1156 par Geoffroy, seigneur de Pons « en faveur des pauvres tant du pays que des étrangers », comme en attestent deux manuscrits anciens. Ce puissant guerrier du Moyen âge pensait au salut de son âme puisque l'établissement fut créée pour recevoir sa sépulture et celle de ses parents en l'honneur de Dieu, de la bienheureuse Marie et des saints.
Les protecteurs célestes entendirent sa requête puisque ce lieu, qu'empruntaient les pèlerins en route pour Saint-Jacques de Compostelle, devint l'enjeu de revenus considérables. Outre les rentes des propriétés, le montant des amendes lui était en partie destiné. De quoi faire des envieux, c'est pourquoi durant des siècles, de violents litiges opposèrent le Sire de Pons au Parlement de Bordeaux.
« Cet hôpital a d'abord été construit pour accueillir les gens qui, arrivant à Pons, en trouvaient les portes fermées » explique Pascal Even, l'ancien directeur des Archives de Charente-Maritime. Il se composait d'une vaste salle pour les malades, de pièces utilitaires, d'une chapelle et d'un passage couvert qui a été sauvegardé (sa hauteur a été diminuée de sept mètres).

Marc Seguin mentionne de nombreux procès qui ont concerné cette structure, objet de convoitises. Ceci dit, elle ne perdait pas de vue sa mission première, celle d'assister les nécessiteux et les miséreux. « A l'époque, il existait trois établissements de ce type » explique le président : l'hôpital Dieu qui se trouvait route de Saintes, l'hôpital Saint-Nicolas situé en ville et l'hôpital neuf construit route de Bordeaux.
Les siècles passant, cet hôpital finit par perdre ses fonctions. Au XIXeme siècle, des sœurs l'occupaient encore. Au XXe, il tomba en désuétude avant d'abriter les matériels techniques de la mairie.

La charpente du XIIIe siècle. Aux alentours de l'hôpital neuf (classé moment historique en 1879), devait se trouver la potence ou les potences du Sire de Pons...
Redécouvert par l'équipe municipale de Daniel Laurent, il a fait l'objet d'importants travaux de restauration il y a une quinzaine d'années. Sous la direction de l'architecte des Monuments de France, Philippe Oudin, une magnifique charpente de 1242 a été mise au jour ainsi qu'une ouverture de style gothique flamboyant (les autres sont romanes). Des aménagements ont été réalisés et le public est invité à se rendre dans ce lieu historique qui possède un jardin de plantes médicinales. Afin de compléter l'ensemble, la municipalité cherche à acquérir le bâtiment qui se trouve en face de la grande salle, propriété de la famille Dufaud. Un écomusée pourrait y voir le jour.

Visite du jardin aux plantes médicinales de l'hôpital des pèlerins

Sous le figuier, Alain Floriant, Marc Seguin et Pascal Even
Actuellement, une exposition originale sur les clystères (pour les lavements !) et les anciens instruments de chirurgie, dont une partie a été aimablement prêtée par François Rabussier, est proposée aux visiteurs. Ne privez pas de cette découverte : ces objets, qui servaient autrefois en cas d'état déficient, sont franchement étonnants (et un peu inquiétants quand on sait comment se pratiquait la médecine à l'époque)…


 

Des portails aux riches sculptures

Suivait la visite de deux églises remarquables. L'église de Chadenac est l'une des plus belles de la région avec son portail sculpté. Classée monument historique en 1843, remarquée par André Malraux, elle aurait été édifiée au XIIe siècle. L'architecte s'appelait Guillaume et le sculpteur Charroux. Des explications détaillées à son sujet ont été données par Alan Michaud qui regrette la présence de l'actuel clocher dont on se passerait volontiers !

Sculpture de l'église de Chadenac
Le portail réunit sept voussures où apparaissent des vierges sages et des vierges folles, des animaux fabuleux, des anges adorateurs, le combat des vices et des vertus. La façade en elle-même est richement décorée et même si quelques têtes sont tombées à la Révolution, restent de belles présences dont Saint-Georges, Saint-Michel, le dragon et l'élégante fille du Roi. L'intérieur est spacieux (avec escalier montant vers le chœur) et sur le mur de l'une des chapelles latérales, se trouve un tableau champêtre montrant l'édifice religieux et la campagne environnante.
Chadenac est un lieu habité de longue date puisque des vestiges gallo-romains, dont une borne milliaire, y ont été trouvés. De même pour le grand cimetière mérovingien dont les tombes étaient recouvertes par une vigne, explications données par Alain Floriant.

Des détails sur l'église d'Avy donnés par Marc Seguin 
Le portail de l'église d'Avy
L'église d'Avy, quant à elle, est en mauvais état malgré des travaux réalisés dans la première partie. Sa flèche en pierre, qui se remarque de loin, est intéressante. Construit au XIIe siècle, l'édifice a souffert de la Guerre de cent ans. Au XVeme siècle, le sergent royal le trouve « désolé et ruiné ». Mais il a connu ses gloires de gloire puisque sa façade est un déploiement de sculptures. Trente six personnages, des vieillards de l'Apocalypse, regardent le visiteur. Dans son ouvrage sur les églises de la région, Charles Connoué décrit cette église et il est affolé par le spectacle qu'il a sous les yeux : « murs humides, dallages verts ». La municipalité actuelle fait ce qu'elle peut, mais l'ampleur de la restauration est importante. Des fresques y ont été découvertes par l'abbé Tonnelier en 1949.


Bref, ce fut une journée à la fois studieuse et instructive. Si vous souhaitez rejoindre l'association des Archives historiques, n'hésitez pas à la contacter au 8 de la rue Mauny à Saintes.


La légende de l'anguille de Pons (gravée dans ce chapiteau de l'hôpital des pèlerins) : Il y a bien longtemps, les deux filles du Seigneur de Pons sauvèrent la vie d'une anguille. Mais l'anguille était fée et pour les remercier, elle promit qu'elle veillerait sur la cité pontoise pour les siècles à venir.

• Chemin de Saint-Jacques de Compostelle :  L'itinéraire qu'empruntaient les pèlerins était généralement le grand chemin de Blaye. Au Moyen âge, une tour se dressait près du passage voutée de l'hôpital neuf. Elle a été détruite au XIXe siècle.

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